Le canal du street art
Mercredi 17 juillet à 14h, mercredi 31 juillet à 18h30 et vendredi 30 août à 14h
Le canal du street art
Mercredi 17 juillet à 14h, mercredi 31 juillet à 18h30 et vendredi 30 août à 14h
Les Archives municipales de Pantin organisent, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, une collecte d’archives relatives au sport à Pantin. Cette opération s’inscrit dans le projet de Grande Collecte des archives du sport initié par le ministère de la Culture. Elle vise à préserver et faire connaître les archives des structures sportives (clubs, associations) mais aussi des particuliers, sources essentielles pour faire l’histoire du sport.
Vous habitez à Pantin et/ou êtes impliqué dans le tissu sportif local ? Vous détenez des photographies, affiches, dépliants ou tout autre document sur le sport ? Participez à cette opération exceptionnelle et contribuez ainsi à la valorisation de l’histoire du sport pantinois.
Les Archives municipales acceptent les archives tant papier que numériques. Vous pouvez donner vos documents ou les prêter pour numérisation.
Pour obtenir plus d’informations ou participer à l’opération, contactez l’équipe des Archives :
par mail : archivespatrimoine@villepantin.fr par téléphone : 01 49 15 39 99 sur place au centre administratif (afin de pouvoir vous accueillir dans les meilleurs conditions, nous vous conseillons de nous prévenir de votre venue).
Le nouveau programme est sorti !
Demandez-le par mail ou au 01 49 15 39 99.
Situation
Quartier Mairie-Ourcq. Début avenue du Général-Leclerc / Fin place Salvador-Allende
Création
La rue Sadi-Carnot est tracée suite à la construction du groupe scolaire du même nom qui débute en 1889. Elle longe ce dernier ainsi que la façade latérale est de l’hôtel de ville et permet de relier celui-ci à la gare de Pantin. La voie est officiellement ouverte et nommée par une délibération du conseil municipal du 7 mai 1897.
Origine de l’appellation
Élu Président de la République en 1887, Marie François Sadi Carnot est assassiné en 1894 par un anarchiste italien.
Le conseil municipal de Pantin propose en 1897 de rendre hommage au chef d’État en donnant son nom à l’une des voies de la ville. Envisageant d’abord de renommer la rue des Pissotières (actuelle rue de la Distillerie), le conseil porte finalement son choix vers la voie nouvelle entre la mairie et les écoles, mieux située.
Bref historique
La rue Sadi-Carnot est située sur d’anciennes terres agricoles du lieu-dit du Rouvray, occupées dès le milieu du XIXe siècle par l’entreprise Desouches, David et compagnie qui y fabrique des voitures et wagons pour l’armée et les compagnies de chemin de fer alors en pleine expansion.
L’histoire du tracé de la voie est intrinsèquement liée à la création du groupe scolaire Sadi-Carnot. Dès la fin des années 1870, les deux établissements pantinois ne suffisent plus à accueillir les enfants de la commune. Plusieurs projets de création d’un troisième groupe scolaire échouent, jusqu’à la vente à la Ville, en 1887, d’un terrain appartenant à messieurs Rosset, Leroy et Forest et situé entre la gare et l’hôtel de ville, soit au cœur de la nouvelle centralité pantinoise. L’architecte municipal Léon Guélorget dépose alors un projet de construction d’une école et d’une grande place publique. Il n’aboutira pas, en raison de la proposition de monsieur Desouches de céder à la Ville un terrain de plus de 1 500 m², attenant au précédent, à condition que la municipalité fasse ouvrir une voie reliant la route des Petits-Ponts (actuelle avenue du Général-Leclerc) à la rue au pourtour de la mairie. Le conseil municipal accepte. Malgré quelques objections liées au bruit produit par l’usine Desouches, qui pourrait gêner les enfants dans leurs études, le nouveau projet déposé par l’architecte communal est validé par délibération du 13 mai 1887.
La rue Sadi-Carnot est piétonne depuis un arrêté de 1891 confirmé en 1956, année à partir de laquelle des chaînes sont placées en travers de la chaussée afin d’assurer la sécurité des écoliers.
Interdite à la circulation et bordée de propriétés communales, la voie est déclassée du domaine public et incorporée au domaine privé de la Ville de Pantin en 1978.
Bâtiments remarquables
D’une architecture typique de son époque en briques de Bourgogne et pierres meulières, le groupe scolaire Sadi-Carnot, également nommé groupe scolaire de la Mairie, possède une façade monumentale richement décorée constituée de deux pavillons latéraux et d'un pavillon central distinguant les trois écoles : un établissement de cinq classes pour garçons, un pour filles de cinq classes également et une école maternelle de trois classes.
Dès 1897, cinq ans après son inauguration, des travaux de surélévation de l’école maternelle sont décidés bien que la législation s’oppose alors à ce que les classes maternelles ne soient pas de plain-pied. Les travaux, dont on perçoit les traces en façade, sont débutés par Léon Guélorget et achevés par le nouvel architecte municipal Désiré Letailleur.
Au début du XXe siècle, l’école est encore agrandie par la transformation du gymnase en classe, puis en 1964 par l’aménagement de nouvelles salles de classe qui remplacent celles installées dans les baraquements provisoires édifiés en bordure du stade.
En 1969, le groupe scolaire devient une école mixte.
Le bâtiment a également abrité, dès 1924, une école primaire supérieure remplaçant le cours complémentaire de l’école de filles – devenu sous l’Occupation collège communal moderne et technique de filles avec deux sections comptabilité et sténodactylo. Une section préparatoire à l’école normale existait aussi, ainsi qu’un centre d’apprentissage professionnel pour garçons devenu collège d’enseignement industriel (CEI), formant des apprentis-mécaniciens.
En 1975, le CEI devenu lycée municipal polyvalent Marcellin-Berthelot quitte les locaux de la rue Sadi-Carnot pour s’établir rue Jean-Jaurès. Les lieux inoccupés sont proposés au théâtre-école, au conservatoire et à l’Harmonie municipale. Le conservatoire à rayonnement départemental, qui s’y est installé début 1978, a quitté ces locaux en 2022 pour son nouveau bâtiment, accolé à la piscine Alice-Milliat.
Les locaux ont également accueilli l’hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge entre août 1914 et août 1917.
Face au groupe scolaire se dresse l’hôtel de ville de Pantin, inscrit au titre des monuments historiques depuis 2017. Construit à mi-distance du centre ancien et du quartier des Quatre-Chemins, entre canal et voies ferrées, il est une réponse apportée à la tentative de sécession des habitants des Quatre-Chemins en 1872.
Le bâtiment, de style classique, est conçu par les architectes Gustave Raulin et Léon Guélorget à la manière d’un petit palais néo-Renaissance symétrique avec deux pavillons latéraux, un campanile, de hautes cheminées et une horloge.
Il accueille à l’origine la justice de paix, la salle du tirage au sort, les services de l'état-civil et la recette municipale, les bureaux du maire et du secrétaire de mairie, la salle des mariages et la salle de réunion du conseil municipal. Assurant aujourd’hui principalement des fonctions représentative et protocolaire, l’hôtel de ville a fait l’objet d’une restauration de ses extérieurs entre 2019 et 2021.
Le pôle Mémoire et patrimoine édite quatre collections de brochures : "Un lieu, un architecte", "Parcours d'architecture", "Conférences du mercredi" et "Face aux oeuvres".
Découvrez Pantin à votre rythme.
Téléchargez le circuit-découverte consacré au canal de l'Ourcq, imprimez et... en route !
Les Archives municipales de Pantin organisent, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, une collecte d’archives relatives au sport à Pantin. Cette opération s’inscrit dans le projet de Grande Collecte des archives du sport initié par le ministère de la Culture. Elle vise à préserver et faire connaître les archives des structures sportives (clubs, associations) mais aussi des particuliers, sources essentielles pour faire l’histoire du sport.
Vous habitez à Pantin et/ou êtes impliqué dans le tissu sportif local ? Vous détenez des photographies, affiches, dépliants ou tout autre document sur le sport ? Participez à cette opération exceptionnelle et contribuez ainsi à la valorisation de l’histoire du sport pantinois.
Les Archives municipales acceptent les archives tant papier que numériques. Vous pouvez donner vos documents ou les prêter pour numérisation.
Pour obtenir plus d’informations ou participer à l’opération, contactez l’équipe des Archives :
Le canal du street art
Mercredi 17 juillet à 14h, mercredi 31 juillet à 18h30 et vendredi 30 août à 14h
Quartier Mairie-Ourcq. Début avenue du Général-Leclerc / Fin place Salvador-Allende
Création
La rue Sadi-Carnot est tracée suite à la construction du groupe scolaire du même nom qui débute en 1889. Elle longe ce dernier ainsi que la façade latérale est de l’hôtel de ville et permet de relier celui-ci à la gare de Pantin. La voie est officiellement ouverte et nommée par une délibération du conseil municipal du 7 mai 1897.
Origine de l’appellation
Élu Président de la République en 1887, Marie François Sadi Carnot est assassiné en 1894 par un anarchiste italien.
Le conseil municipal de Pantin propose en 1897 de rendre hommage au chef d’État en donnant son nom à l’une des voies de la ville. Envisageant d’abord de renommer la rue des Pissotières (actuelle rue de la Distillerie), le conseil porte finalement son choix vers la voie nouvelle entre la mairie et les écoles, mieux située.
Bref historique
La rue Sadi-Carnot est située sur d’anciennes terres agricoles du lieu-dit du Rouvray, occupées dès le milieu du XIXe siècle par l’entreprise Desouches, David et compagnie qui y fabrique des voitures et wagons pour l’armée et les compagnies de chemin de fer alors en pleine expansion.
L’histoire du tracé de la voie est intrinsèquement liée à la création du groupe scolaire Sadi-Carnot. Dès la fin des années 1870, les deux établissements pantinois ne suffisent plus à accueillir les enfants de la commune. Plusieurs projets de création d’un troisième groupe scolaire échouent, jusqu’à la vente à la Ville, en 1887, d’un terrain appartenant à messieurs Rosset, Leroy et Forest et situé entre la gare et l’hôtel de ville, soit au cœur de la nouvelle centralité pantinoise. L’architecte municipal Léon Guélorget dépose alors un projet de construction d’une école et d’une grande place publique. Il n’aboutira pas, en raison de la proposition de monsieur Desouches de céder à la Ville un terrain de plus de 1 500 m², attenant au précédent, à condition que la municipalité fasse ouvrir une voie reliant la route des Petits-Ponts (actuelle avenue du Général-Leclerc) à la rue au pourtour de la mairie. Le conseil municipal accepte. Malgré quelques objections liées au bruit produit par l’usine Desouches, qui pourrait gêner les enfants dans leurs études, le nouveau projet déposé par l’architecte communal est validé par délibération du 13 mai 1887.
La rue Sadi-Carnot est piétonne depuis un arrêté de 1891 confirmé en 1956, année à partir de laquelle des chaînes sont placées en travers de la chaussée afin d’assurer la sécurité des écoliers.
Interdite à la circulation et bordée de propriétés communales, la voie est déclassée du domaine public et incorporée au domaine privé de la Ville de Pantin en 1978.
Bâtiments remarquables
D’une architecture typique de son époque en briques de Bourgogne et pierres meulières, le groupe scolaire Sadi-Carnot, également nommé groupe scolaire de la Mairie, possède une façade monumentale richement décorée constituée de deux pavillons latéraux et d'un pavillon central distinguant les trois écoles : un établissement de cinq classes pour garçons, un pour filles de cinq classes également et une école maternelle de trois classes.
Dès 1897, cinq ans après son inauguration, des travaux de surélévation de l’école maternelle sont décidés bien que la législation s’oppose alors à ce que les classes maternelles ne soient pas de plain-pied. Les travaux, dont on perçoit les traces en façade, sont débutés par Léon Guélorget et achevés par le nouvel architecte municipal Désiré Letailleur.
Au début du XXe siècle, l’école est encore agrandie par la transformation du gymnase en classe, puis en 1964 par l’aménagement de nouvelles salles de classe qui remplacent celles installées dans les baraquements provisoires édifiés en bordure du stade.
En 1969, le groupe scolaire devient une école mixte.
Le bâtiment a également abrité, dès 1924, une école primaire supérieure remplaçant le cours complémentaire de l’école de filles – devenu sous l’Occupation collège communal moderne et technique de filles avec deux sections comptabilité et sténodactylo. Une section préparatoire à l’école normale existait aussi, ainsi qu’un centre d’apprentissage professionnel pour garçons devenu collège d’enseignement industriel (CEI), formant des apprentis-mécaniciens.
En 1975, le CEI devenu lycée municipal polyvalent Marcellin-Berthelot quitte les locaux de la rue Sadi-Carnot pour s’établir rue Jean-Jaurès. Les lieux inoccupés sont proposés au théâtre-école, au conservatoire et à l’Harmonie municipale. Le conservatoire à rayonnement départemental, qui s’y est installé début 1978, a quitté ces locaux en 2022 pour son nouveau bâtiment, accolé à la piscine Alice-Milliat.
Les locaux ont également accueilli l’hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge entre août 1914 et août 1917.
Face au groupe scolaire se dresse l’hôtel de ville de Pantin, inscrit au titre des monuments historiques depuis 2017. Construit à mi-distance du centre ancien et du quartier des Quatre-Chemins, entre canal et voies ferrées, il est une réponse apportée à la tentative de sécession des habitants des Quatre-Chemins en 1872.
Le bâtiment, de style classique, est conçu par les architectes Gustave Raulin et Léon Guélorget à la manière d’un petit palais néo-Renaissance symétrique avec deux pavillons latéraux, un campanile, de hautes cheminées et une horloge.
Il accueille à l’origine la justice de paix, la salle du tirage au sort, les services de l'état-civil et la recette municipale, les bureaux du maire et du secrétaire de mairie, la salle des mariages et la salle de réunion du conseil municipal. Assurant aujourd’hui principalement des fonctions représentative et protocolaire, l’hôtel de ville a fait l’objet d’une restauration de ses extérieurs entre 2019 et 2021.
Quartier des Quatre-Chemins. Début avenue Édouard-Vaillant / Fin rue Diderot
Création
Dès 1875, le conseil municipal envisage l’ouverture d’une voie pour relier la route d’Aubervilliers, actuelle avenue Édouard-Vaillant, à la rue du Chemin-Vert, aujourd’hui rue Cartier-Bresson. Une convention est signée à cet effet avec Nicolas Alexis Bruneau, ancien négociant et propriétaire du terrain sur lequel un premier tronçon d’une soixantaine de mètres est établi en 1881. Un deuxième segment est construit en 1885, rejoignant la rue du Chemin-Vert. En 1888, le tracé est finalement prolongé jusqu'au mur du cimetière parisien et la rue atteint sa présente longueur d’environ 630 mètres.
Origine de l’appellation
Nommée rue Bruneau à son ouverture, la voie est rebaptisée rue Denis-Papin dès 1888, par délibération du 21 novembre. Denis Papin (1647-1713), physicien, mathématicien et inventeur, est notamment connu pour ses travaux sur la machine à vapeur.
Bref historique
Le quartier des Quatre-Chemins naît, à partir du milieu du XIXe siècle, avec l’implantation progressive de fabriques sur d’anciennes terres agricoles, le long de la route de Flandre (actuelle avenue Jean-Jaurès) puis de la route de la Villette-à-Saint-Denis (aujourd'hui avenue Édouard-Vaillant).
L’industrialisation favorise la construction de logements, en particulier d’immeubles de rapport, et c’est dans ce contexte que la rue Bruneau est percée et mise en état de viabilité. Son tracé final s’avère bien plus long que les prévisions initiales, car il tient compte d’un projet de percement d’une porte de sortie au cimetière parisien. En 1893, alors que l’ouverture n’est toujours pas établie, les pétitions de riverains se multiplient et le conseil municipal proteste : « Les commerçants […] bien éprouvés par la création du cimetière réclament cet avantage depuis longtemps et les piétons parisiens seraient très heureux de trouver un raccourci dans le grand détour qu’ils sont obligés de faire en sortant par la route de Flandre ou la route des Petits-Ponts ». La porte Diderot du cimetière est finalement placée au débouché de la rue Jacques-Cottin.
La réutilisation de matériaux provenant de la route de Flandre pour le pavage du premier tronçon de la rue ne favorise pas la longévité des aménagements. En effet, dès 1886 et alors que la voie n’est pas entièrement tracée, le conseil municipal, conscient de « l’état déplorable de cette rue », décide de refaire en matériaux neufs les bordures et caniveaux ainsi que la moitié de la longueur de la chaussée empierrée, déjà inutilisable en raison de la circulation de charrettes et tombereaux chargés de terres se rendant à une décharge à proximité. D’autres opérations de réfection de la chaussée sont réalisées en 1890 en vieux pavés de la Ville de Paris, en 1913 en pavés neufs, en 1971 pour remplacer le « vieux pavage sur sable » ou encore en 2020 avec l’aménagement d’une bande cyclable végétalisée.
Dès 1886 les premiers appareils d’éclairage public au gaz sont installés rue Bruneau, tandis qu’un égout est construit pour la moitié sud de la voie en 1897-1898. Des travaux d’assainissement ont lieu à plusieurs reprises au cours des années 1930.
La rue, qui depuis 1891 a un accès direct à la gare de marchandises, est au cœur d’une zone très dynamique. Elle est traversée par des « embranchements particuliers » réalisés entre 1919 pour le premier, au profit de la Manufacture d’estampage et de ferrures du Nord-Est, et 1938 pour un des derniers pour la Société d’importation du chêne sise rue Diderot.
Lieux et bâtiments remarquables
La rue Denis-Papin est caractérisée par un tissu urbain très hétérogène. Si le sud de la voie est majoritairement composé d’immeubles d’habitation et de maisons de faubourg datant du début du XXe siècle, la moitié nord porte la marque de la prédominance jusqu’aux années 1970 d’industries aux vastes emprises.
La plupart des immeubles ont été construits dans les années 1910 pour loger la population ouvrière du quartier. De nombreux employés des chemins de fer vivaient aussi rue Denis-Papin, comme en attestent les recensements de population. La proximité directe de l’enceinte de la gare de marchandises explique cette concentration tout comme elle constitue une des raisons de l’implantation massive d’industries dans le secteur.
Certains édifices, de belle facture architecturale, attirent le regard du promeneur. Au numéro 9, s’élève depuis 1913 un immeuble faubourien en briques claires de six étages. Dessiné par l’architecte Alexandre Ract, à qui l’on doit aussi celui du numéro 16, il offre une intéressante combinaison de matériaux et une certaine fantaisie de décor – ornementations en céramique entre les baies du premier étage, frises sous le balcon du cinquième. Aux numéros 52-54, on aperçoit un bâtiment d’angle aux façades en briques polychromes, conçu par l’architecte Adolphe Gérard en 1911 dans un style caractéristique du quartier.
Au 54 bis, sur une ancienne emprise industrielle qui a vu se succéder les établissements Vimeux entre 1933 et 1963, la société Stabylia jusqu’en 1976 et l’entreprise Bécap jusqu’en 1992, avec une usine de fabrication de voitures d’enfants et d’articles en caoutchouc, un programme de vingt logements bioclimatiques est construit en 2017 par l’architecte Benjamin Fleury. Le bardage bois sur le corps du bâti est pensé comme une réponse contemporaine au parement de briques des immeubles de la voie. La teinte rouge fait référence à celle des linteaux en briques et volets de la maison limitrophe et des briques d’ornementation de la rue. Bordé côté rue et jardin par des hangars, et latéralement par une maison ouvrière et une résidence sociale, le bâtiment flotte sur un vide accueillant halls, locaux communs et stationnements. Le parking se prolonge côté cour, recouvert d’une pergola en acier et bois. Avec son bardage identique à celui de la façade, elle en constitue le prolongement naturel.
Le paysage du nord de la rue Denis-Papin reste jalonné de grandes halles industrielles.
Au 55-63, un fabricant d’éclairage LED, Loupi, est installé depuis 2018 sur l’ancien site d’Auffières, filiale de Motobécane qui l’a occupé entre 1926 et les années 1960. La grande halle à toiture en sheds a abrité entre temps l’usine de machines-outils Bombled ou encore les papeteries Canson et Montgolfier.
Les ateliers et bureaux situés aux numéros 58 et 60 ont été établis dans les années 1910 par deux entreprises : la verrerie Albarel qui produisait des carafes à lait au 58 et Bac et Bara, spécialisée dans la transformation des métaux, au 60. Pendant la Grande Guerre, les lieux sont bombardés à deux reprises, le 16 avril 1918 avec un bilan de sept tués et vingt-et-un blessés, puis le 11 juin 1918. Des années 1920 au début du XXIe siècle, ce sont les établissements Florimond et Chabardes, devenus Outillages Astra, qui reprennent les deux sites et y fabriquent des outils pour l’industrie et des crics automobiles.
Le site voisin du numéro 62, plus connu aujourd’hui des Pantinois pour avoir été investi par le collectif Soukmachines, accueille à partir des années 1920 une société de production de transformateurs et tableaux de distribution électriques, la SFME, remplacée en 1970 par l’entreprise de traction et signalisation de réseaux ferrés Jeumont-Shneider, puis par les sociétés de mécanique générale Firméca, CER et EFOP. C’est entre 2016 et 2019 que l’ancienne halle industrielle, rebaptisée Halle Papin, devient un lieu proposant soirées festives et activités artistiques, dans une opération caractéristique de l’urbanisme transitoire.
La société dyonisienne Monin s’installe en 1955 à l’extrémité de la rue Denis-Papin, au numéro 75. Devenue Spiros Demag, elle fabrique des compresseurs pour véhicules et matériels ferroviaires. L’entreprise est rachetée par le groupe industriel allemand Mannesmann en 1973. Seule une partie des bâtiments est conservée par la société, qui quitte définitivement Pantin en 1994. La Fédération sportive de la police nationale occupe aujourd’hui les lieux.
Au croisement de la rue Cartier-Bresson, au numéro 47, se dresse le dernier café de la voie qui en comptait près d’une quinzaine au début du XXe siècle. De manière générale, peu de commerces subsistent aujourd’hui rue Denis-Papin. Difficile par exemple d’imaginer que pendant près de quatre-vingt ans, entre 1887 et 1963, une vacherie d’une petite dizaine de bêtes est exploitée dans la cour des bâtiments des numéros 4 et 6, dont le produit de la traite est vendu sur place dans une laiterie-crèmerie. Les services vétérinaires n’ont de cesse de réclamer réfection de l’étable et amélioration des mesures d’hygiène, en vain.
Un seul équipement public d’envergure est établi dans l’artère, l’école élémentaire et centre de loisirs Joséphine-Baker. Livrée en 2007, au 18-28, par le cabinet Art’Ur architectes, l’école est constituée de trois corps de bâtiments parallèles en R+1, disposés en peigne perpendiculairement à la voie. Élaborés selon un procédé de préfabrication à base de modules en bois, ils sont recouverts d’une structure de bois et de zinc flottante, légèrement incurvée, qui déborde largement de chaque bâtiment. Lumière et ventilation naturelles sont au cœur du projet.
L’histoire de la rue Denis-Papin ne peut s’achever sans évoquer, au niveau du numéro 44, la rampe qui permet l’accès au quai aux bestiaux. Celui-ci, proche du marché et des abattoirs de la Villette, est édifié pour le débarquement et l’embarquement des bestiaux, notamment pour des convois vers la France et l’étranger. Durant la Grande Guerre, utilisé aussi pour l’embarquement de troupes militaires, il connaît une activité très importante. À partir des années 1960, le trafic de bestiaux décline ; dans les années 1970 et 1980 certaines parties sont louées et les embranchements particuliers sont déposés.
Le quai aux bestiaux, dénommé aujourd’hui Quai de la mémoire, constitue surtout un témoignage de la déportation de répression nazie. En 1944, de ce quai, sont organisés quatre convois vers les camps de concentration de Buchenwald, près de Weimar, et de Ravensbrück, près de Berlin. Au moins 3 250 personnes sont déportées depuis ce lieu, dont près d'une moitié de femmes et majoritairement des résistants.
Pantin, le 30 juillet 2020
Adrien Vautier entre dans le Fonds municipal d'art contemporain de Pantin en mars 2020. Sa photographie Sans titre (série « Labre Park ») fait partie de la vente solidaire "12 photos x 12 assos" organisée pendant le premier confinement dans le cadre de l’exposition BAN vol.2 aux Magasins généraux. En choisissant de reverser tous les bénéfices à l'association ACLEFEU, l'artiste témoigne de son engagement dans la société. Photographier les lieux d'actualité, où la grande et la petite histoire se jouent, exprime une vision multiple de la réalité. Vautier photographie, amène la réalité sous nos yeux en nous offrant une ouverture sur celle-ci, une opportunité de regarder sans jugement.
Rencontre avec un artiste qui offre à voir les rouages du monde qui nous entoure.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est-ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
Je suis photographe, journaliste et éditeur de livres photo. Ce qui m'a conduit à être artiste est la quête perpétuelle de la vérité et un profond besoin de m'exprimer. Je souhaite raconter des histoires vraies qui me bouleversent, la photo m'aide à transmettre des émotions pour lesquelles je n'ai pas forcément les bons mots pour me faire comprendre.
J'ai commencé par le graffiti à l'adolescence et je suis venu à la photographie à l'âge de 27 ans, suite au ralentissement de la première pratique. J'ai alors suivi plusieurs formations, une aux Gobelins, l'école de l'image, et la seconde à l'EMI-CFD en photojournalisme. Je couvre l'actualité en France et à l’étranger, je réalise des reportages sociétaux pour les magazines français et internationaux. En 2018 je crée, avec deux amis, les éditions Nuit Noire, une maison d'édition dédiée à la photographie.
Parlez-nous de votre formation et pratique artistique.
Mes sujets de prédilection sont surtout concentrés autour de problèmes sociaux, économiques et politiques en lien avec l'actualité. Je m'intéresse aussi à la masculinité sous toute ses formes, les rapports au sein des groupes d'hommes. La révolte populaire est également un de mes sujets phare. J'utilise comme premier médium la photographie, suivent les publications pour les magazines, l’édition de livres et de fanzines photos et les expositions.
Pour moi, il est primordial que mes projets existent de manière physique (tirages, livres, installation). La photographie doit rester avant tout palpable afin de la rendre réellement visible. Il est important de se questionner, en tant que photographe, sur notre consommation d'images via les réseaux sociaux essentiellement. Les algorithmes poussent les utilisateurs à poster toujours plus pour pouvoir exister, souvent au détriment de la qualité elle-même. Je trouve ce questionnement intéressant.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Dernièrement j'ai abordé la problématique de la Covid-19 en Île-de-France pour la presse française. J'ai travaillé sur la dualité de confinement au sein d'un même territoire à Clichy-Montfermeil pour le magazine Society. J'ai photographié le service de soins intensifs Covid-19 à l'hôpital Robert-Ballanger pour un magazine santé et réalisé une commande pour le journal Libération dans le département 93. Enfin, je viens de terminer un reportage sur les clubs parisiens face à la crise. J'ai photographié des lieux emblématiques des nuits parisiennes, tels que le Rex, la Machine du Moulin Rouge. Un exercice intéressant, car assez éloigné de ma démarche habituelle. J'ai tendance à photographier les êtres humains, et là je me suis retrouvé face au vide créé par une crise sanitaire qui mute en crise économique. Des temps de pose longs, au trépied, je m'arrête sur les détails, les ambiances de lieux festifs, qui sont désormais plongés de force dans un silence lunaire. À coté de cela, je travaille avec mes camarades des éditions Nuit Noire sur un nouvel ouvrage. Nous éditons un projet du photographe Rafael Yaghobzadeh, qui a documenté la guerre en Ukraine. Le lancement doit se faire en septembre à la galerie P38 dans le 18e arrondissement. La sortie du livre sera accompagnée d'une exposition.
Parlez-nous de l’œuvre que la ville de Pantin vous a achetée.
C'est une photographie issue d'un reportage sur la communauté des Travellers dublinois. Ils sont membres de la communauté des gens du voyage anglo-saxons. Une communauté extrêmement stigmatisée en Irlande. Après un voyage en Israël et en Palestine en mai 2018, où j'étais parti couvrir la Nakba pour mon agence photo, je décide de partir rapidement à Dublin. Sur place je me mets à travailler avec le journaliste Julien Marsault. Sans contacts particuliers, nous tentons une première approche avec la communauté. Échec... La seconde fois, nous revenons juste avec le nom d'une femme que l'on m'a transmis. Ce nom suffit à nous introduire dans le lotissement et par la suite nous ouvrira les portes de la communauté après plusieurs heures de discussions. Je reviendrai plusieurs fois dans le quartier pour y photographier le quotidien. La scène photographiée fut assez marquante car elle fut prise au début de mon reportage : la photo parle d'elle même. Tous ces garçons qui regardent le patriarche laver son cheval avec un balai, dans des conditions de vie extrêmes, j'étais en plein dans mon sujet : la transmission des traditions d'une communauté étouffée par le modernisme.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et / ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
Forcément je suis très inspiré par les photographes mais aussi beaucoup par le cinéma, ma sensibilité photographique vient de là. Les artistes qui m'inspirent le plus sont Richard Mosse, sa série « Infra », où il photographie la guerre en République Démocratique du Congo à la pellicule infrarouge de Kodak, m'a réellement bouleversé. Plus récemment, j’ai été touché par son projet « Incomming », où il a voulu rendre visible ce que l'on refuse de voir, grâce à une technologie militaire. Montrer le drame des migrants sous un autre angle.
Le photographe Michael Wolf m'inspire beaucoup aussi : ses séries sur les méga-barres d'habitations en Chine, sur les usines de fabrication de jouets m’influencent. Ma favorite reste « Tokyo compression », série sur le métro tokyoïte bondé.
Le photoreporter Yan Morvan est une source d'inspiration, surtout sur ses choix de sujets et la façon de les traiter. Il est au cœur du moment, du groupe, il donne l'impression de vivre avec les personnes qu'il photographie.
J'estime être encore loin de ces pontes de la photographie, mais je travaille au maximum pour déjà maîtriser l'art du reportage et par la suite me le réapproprier et tenter de nouvelles formes d'écritures.
Quel est votre lien avec Pantin ?
Mon premier lien avec la ville de Pantin fut l'exposition Ban vol.2 aux Magasins généraux en 2020. Mon deuxième fut l'achat d'une de mes photos par le fond d'art municipal. Une histoire qui commence bien !
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
Les voies de chemin de fer de la gare SNCF. Je ne dirais pas forcément que c'est mon lieu préféré mais sûrement le plus inspirant. J'ai réalisé quelques clichés un matin d'hiver dans le dépôt de RER, il y a plusieurs années, c'était très photogénique.
Pour aller plus loin :
https://www.adrienvautier.com/
Situation
Quartier des Limites. Début avenue Jean-Lolive / Fin rue Jules-Jaslin.
Création
À la jonction des lieux-dits des Molibouts et du Petit-Pantin, à proximité des communes de Romainville et de Bobigny, la rue Formagne était une voie privée probablement ouverte pour relier la route royale aux carrières de plâtre pantinoises. Son tracé est attesté au moins depuis 1731, comme en témoigne le plan dit de Roussel.
Origine de l’appellation
D’abord connue sous le nom de chemin de la Carrière à Fromage, la voie est rebaptisée rue Formagne à partir des années 1910, d’après la famille de notables, les Fromage, devenus les Formagne en 1899 suite à leur changement officiel de nom patronymique.
Dès les années 1850, la famille Fromage exploite une fabrique de plâtre, construite sur l’actuelle rue Jules-Jaslin, dans le prolongement de l’actuelle rue Formagne. Parallèlement, ils accroissent leur emprise foncière dans la ville en acquérant plusieurs parcelles entre la rue de Paris au nord (numéros 168-170 avenue Jean-Lolive), les rues de Palestro et Boieldieu à l’ouest et les rues Pierre-Brossolette et Formagne à l’est. Pour desservir leurs propriétés, ils font ouvrir et mettent en état de viabilité la rue Lépine au tout début du XXe siècle. L’appellation « chemin de l’Abattoir » est également rencontrée, soit en raison de l’existence de l’abattoir municipal dont le projet de construction remonte à 1878 sur un terrain auparavant exploité en carrière et appartenant à Nicolas Fromage, soit par la présence, en face, d’un abattoir hippophagique.
Bref historique
Les limites est de la ville, et plus particulièrement le lieu-dit des Molibouts, sont occupées par des propriétés agricoles dont une forte part de tenues maraîchères. Dès la fin du XIXe siècle, les activités liées à l’élevage et l’exploitation animale y sont attestées. En 1898, le sieur Fleury ouvre une petite porcherie au 2 de la rue (devenu 46) qui se développe rapidement jusqu’à accueillir 150 porcs et une dizaine de vaches à partir de 1922. En 1911, au 8 (devenu 43), la Laiterie des Fermiers réunis, régie privée de laiterie, fromagerie et porcherie réunies dont le siège est à Paris, installe un établissement dans l’ancien abattoir hippophagique. De même, des activités industrielles liées aux résidus de produits animaux s’implantent. Ainsi, à l’angle des rues de Paris et de la rue Formagne (actuels 188-190 avenue Jean-Lolive), le sieur Chardin établi en 1884 une fabrique de gélatine - provenant « d’os entièrement secs » - qui devient quelques années plus tard une fabrique de colle sèche de peau de lapin.
L’histoire et le destin de ces trois sociétés sont semblables : prospères à leurs débuts, elles souffrent de l’urbanisation croissante du quartier qui empêche leur extension et provoque l’opposition des nouveaux riverains. Le voisinage émet en effet de nombreuses plaintes liées aux mauvaises odeurs des déchets des peaux animales, à la prolifération des rats ou à l’émission atmosphérique de suie. En réponse, les pouvoirs publics ouvrent des enquêtes commodo et incommodo dont les conclusions imposent aux sociétés une modernisation de leurs équipements et une remise en état de leurs bâtiments les plus vétustes. À partir des années 1950, les activités cessent : la porcherie Fleury-Drouin est déchue de son autorisation d’exploiter en 1961 et remplacée en 1998 par un lotissement du promoteur Kaufman & Broad. De même en 1961, Monsieur Chardin cesse son activité et demande la démolition de ses cinq bâtiments de production pour l’édification d’immeubles tandis que les terrains de la Société des Laiteries des Fermiers réunis sont expropriés par la commune en 1956 et rachetés par l’OPHLM en 1959 pour la construction d’immeubles de logements et d’équipements publics.
Dès la fin du premier conflit mondial, les prémices de l’urbanisation croissante étaient présentes. En effet, dans l’entre deux-guerres, la pénurie de logements parisiens, la spéculation foncière et le désir de propriété individuelle provoquent l’explosion du mouvement pavillonnaire. La majorité des habitations est constituée de petits pavillons à l’architecture modeste, le plus souvent auto-construits ou achetés sur catalogue, occupés par leurs propriétaires, ouvriers et employés pour la plupart. Ils demandent des permis de construire en proposant leur propre plan, parfois juste esquissé sur des feuilles de papier.
Pour pallier le déficit de travaux d'aménagement et de viabilisation des terrains dans ces voies encore non classées dans la voirie communale, les propriétaires se constituent au cours des années 1930 en associations syndicales de lotissements défectueux afin d'obtenir les prêts et subventions qu'offre désormais la loi Sarrault (1928). C’est le cas en 1933 pour les habitants de la rue Formagne qui se constituent en association syndicale pour l'aménagement de la rue. Dans son rapport de 1932, l’ingénieur voyer municipal décrit : « La viabilité n’est plus l’objet d’aucun entretien ; les caniveaux sont dans un état qui ne permet plus l’écoulement normal des eaux de ruissellement non plus que des eaux usées qui stagnent et répandent de mauvaises odeurs. Les trottoirs sont encombrés d’immondices ». Grâce à une subvention du ministère de l’Intérieur, les habitants de la rue Formagne obtiennent la construction d’une canalisation et prévoient la prolongation de la rue du Petit-Pantin (actuelle rue Pierre-Brossolette), projet qui ne verra jamais le jour.
La seconde moitié du siècle, elle, en revanche, est marquée par le développement de l’habitat collectif dont la rue est aujourd’hui empreinte.
Bâtiments remarquables
Sur le site de l’ancienne fabrique de colle Chardin, un terrain de 9 000 m² sis 188 avenue Jean-Lolive, rue Formagne et rue Pierre-Brossolette, les architectes de l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA) Paul Chemetov et Jean Deroche édifient une réalisation d’envergure mêlant logements et activités.
L’AUA, collectif d’architectes et d’urbanistes, créé en 1960 est reconnu pour ses nombreuses réalisations de bâtiments publics dans les communes de la « banlieue rouge ». À Pantin, ils sont les maîtres d’œuvres de la bibliothèque Elsa-Triolet, le groupe scolaire Jean-Lolive, le centre administratif rue Victor-Hugo, futur Centre national de la danse ainsi que d’un programme de logements sociaux à la porte de Pantin.
Avant ces projets, la construction de la résidence, rare exemple de logements privés de l’agence, leur permet une insertion dans le paysage local.
Le projet initial mêlait trois éléments : des locaux d’activités sur l’avenue Jean-Lolive, des logements privés sur la rue Formagne et des habitations à loyer modéré sur la rue Pierre-Brossolette. Finalement, les 22 logements de la rue Brossolette ne deviendront pas HLM et les promoteurs rembourseront à la Ville son investissement.
Le traitement architectural fait de cet ensemble un « immeuble manifeste » aux fortes influences brutalistes corbuséennes avec le choix des pilotis très marqués et le jeu des matériaux et des textures.
Terminé en 1967, cet ensemble accueille 154 logements, 2 600 m² de locaux d’activité et 1 150 m² de bureaux, une agence Pôle emploi et un bureau de poste. Le plasticien Paul Foujino réalise la céramique qui marque l’entrée de l’immeuble principal tandis que les paysagistes Jacques Simon et Michel Corajoud agencent les 5 000 m² d’espaces verts. L’architecte de l’AUA Jacques Kalisz y vécut plusieurs années.
Quelques mètres plus loin, à l’angle de la rue Pierre-Brossolette se dresse un immeuble conçu par l’architecte Denis Honnegger lors de l’opération de rénovation urbaine du quartier de l’Église. Dans le cadre de ce chantier expérimental un programme à moindre budget de quatre immeubles regroupant à l’origine 205 logements HLM dits « à normes réduites » est lancé entre les rues Formagne, Pierre-Brossolette et l’avenue Anatole-France. Surnommés Les Économiques, ils sont construits entre la fin des années 1950 et le début des années 1960. La maîtrise d'ouvrage a été portée par l'OPHLM de Pantin.
Dans la continuité du groupe d’immeubles, l’école maternelle Hélène-Cochennec, œuvre du même Denis Honneger, est ouverte pour la rentrée 1968-1969 avenue Anatole-France. Édifiée en une année, il avait pourtant fallu sept années de démarches administratives des élus pantinois pour débloquer les crédits gouvernementaux nécessaires à sa construction.
En 1990, son extension colorée sur la rue Formagne est due à l’architecte Michel Macheret, également à l’origine de nombreuses opérations sur Pantin. Le nouvel édifice accueille un centre de protection maternelle et infantile (PMI), une halte-garderie et un centre de loisirs.
Personnalité remarquable
Le belge Florimont Vervloet s’installe à Pantin au début des années 1910 avant de construire son pavillon au 30 rue Formagne et 5 impasse du Petit-Pantin. Acrobate de carrière, il effectue des tournées dans de nombreuses villes françaises, européennes et même brésiliennes à partir de 1903 et jusqu’à ses 66 ans. Son numéro de la toupie humaine par mâchoire lui valait une certaine notoriété.
Sa mémoire perdure grâce à un remarquable don d’archives familiales effectué par sa petite-fille et comprenant entre autres les programmes de ses tournées, des affiches et des photographies.
Pantin, le 22 juillet 2020
Marvin Bonheur entre dans le Fonds municipal d'art contemporain de Pantin en 2020. Sa photographie Mémoire 2 fait partie de la vente solidaire "12 photos x 12 assos" organisée pendant le confinement dans le cadre de l’exposition BAN vol.2 aux Magasins généraux. L'artiste a choisi de reverser tous les bénéfices à l'association Banlieues santé. Et c'est justement de banlieue, précisément du 93, que parle ce travail photographique de Marvin Bonheur. L'artiste s'intéresse à la mémoire, à ce que les lieux disent des histoires humaines de ceux qui les habitent et à toute la richesse invisible des endroits considérés "à l'écart".
Rencontre avec un artiste en mouvement, en quête de reconstruction d'une mémoire géographique.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est-ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
J'ai toujours eu le besoin de m'exprimer à travers une forme artistique. J'ai d’abord dessiné puis suivi une formation dans la communication graphique. C'est pendant les années de lycée que j'ai ouvert mon regard artistique.
Parlez-nous de votre formation et de votre pratique artistique.
Depuis 2013, j'utilise l'appareil photo comme outil. Il me permet de m'exprimer et de mettre en image les moments du quotidien. Ainsi, j'ai la possibilité d'imager mes pensées sur le monde et sur notre société. La photo argentique me permet de travailler sur une texture granuleuse donnant vie et âme aux photos. Le nombre réduit de 36 poses par pellicule oblige à choisir un temps fort du moment à capturer. Cette limite imposée par le fonctionnement de l'appareil nécessite d’être attentif et sélectif dans le choix de mes sujets et du cadrage.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Depuis un an, je travaille sur deux projets. L’un appelé « 30° à l'ombre » porte sur l’image de la Martinique et l’autre sur les quartiers populaires de Londres.
Parlez-nous de l’œuvre que la ville de Pantin vous a achetée.
Mémoire 2 appartient à la série « Thérapie » qui vise à immortaliser la barre d'immeuble le "Galion" à Aulnay-sous-bois, une des villes où j’ai grandi. Cette photographie argentique a été prise en mars 2018. J'espère qu'elle fera partie de ces photos qui serviront un jour d'archives de ces lieux qui ont marqué plusieurs générations.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et / ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
Je ne suis malheureusement pas un artiste très curieux. Je m'inspire cependant de mon quotidien et de la vie. Je puise surtout mes inspirations en écoutant de la musique. Il m'arrive de me rendre à des expositions où les installations sont les œuvres qui m'impressionnent le plus. Un artiste que j'aimerais particulièrement rencontrer est Ian Strange.
Quel est votre lien avec Pantin ?
À Pantin, les immeubles de la cité des Courtillières sont mon plus vieux coup de cœur architectural . Mon père était conducteur de bus RATP et commençait son service à proximité au Fort d'Aubervilliers. Nous vivions à l’époque à Aubervilliers.
J'ai aussi la chance aujourd'hui d'exposer aux Magasins généraux de Pantin.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
Je citerais à nouveau les tours des Courtillières, mais le canal de l'Ourcq est super aussi, surtout aujourd'hui.
Qu’est-ce qui vous a fait du bien pendant le confinement ?
Le repos, le temps libre, avoir le temps de faire un bilan sur le passé et le futur. J'ai eu la chance de travailler sur moi et même de revoir mes objectifs. Profiter des choses simples et reprendre le sport, regarder de beaux films... C'est très inspirant et enrichissant.
Pour aller plus loin :
Quartier Mairie-Ourcq. Début avenue Jean-Lolive / Fin quai de l’Aisne
Création
La rue de la Solidarité « nouvellement ouverte » est classée au nombre des voies communales par délibération du 8 juin 1888, à la demande des propriétaires des terrains représentés par messieurs Royant et Courtois, architectes.
Origine de l’appellation
Dénommée rue de la Solidarité à sa création, la voie est rebaptisée rue Étienne-Marcel par délibération du 21 novembre 1888. Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris au XIVe siècle, a mené un mouvement réformateur cherchant à instaurer une monarchie contrôlée. Délégué du tiers état, son rôle a été crucial au cours des états généraux de 1355-1357 tenus pendant la guerre de Cent Ans. Il meurt assassiné par les bourgeois parisiens, qui considèrent qu’il est allé trop loin dans son opposition au pouvoir royal.
Bref historique
Après la tentative de sécession du quartier des Quatre-Chemins en 1872-1873, décision est prise de construire un nouvel hôtel de ville entre l’ancien bourg et le nouveau quartier séparatiste. Ce déplacement modifie le centre de gravité de la ville et impulse le développement, fin XIXe, du secteur compris entre la nouvelle mairie et le quartier de l’Église.
Les années 1880-1890 voient la mise en viabilité et l’ouverture progressive de nouvelles voies dans le quartier du « Centre », à commencer par la rue Étienne-Marcel. Leur tracé complète le maillage orthogonal et permet de desservir de grands terrains propices à l’implantation d’industries.
En 1892-1893, des portions de canalisations d’égout sont construites aux deux extrémités de la rue Étienne-Marcel, co-financées par les propriétaires riverains, mais elles ne suffisent pas à assainir la voie. En 1894, le conseil municipal précise que cette rue est « une voie très fréquentée et dont la viabilité laisse beaucoup à désirer. La chaussée a été faite en macadam sur un sol glaiseux, de telle sorte qu’en hiver elle est presque impraticable à cause de la boue et en été, elle est insupportable en raison de la poussière ». Les conseillers votent son pavage ainsi que le prolongement de 150 mètres de l’égout, permettant ainsi le raccordement des tronçons existants. Fin 1918, un nouvel égout est projeté pour la portion entre la rue Victor-Hugo et le canal, la canalisation étant « devenue insuffisante par suite de l’établissement d’industries et se trouv[ant] de ce fait très fréquemment engorgée ». Albert Poulet, industriel installé au 57 de la rue, offre l’année suivante de contribuer aux frais de construction de cet équipement.
Lieux et bâtiments remarquables
Les dossiers de commodo et incommodo, enquêtes administratives préalables à l’implantation ou la modification d’une installation « classée », c’est-à-dire susceptible de nuire à l’environnement, montrent la forte implantation d’activités industrielles dans la rue Étienne-Marcel, au moins jusqu’aux années 1970.
Au numéro 8 de la rue, le petit atelier familial de verrerie de Léon Grébil est installé jusqu’au milieu des années 1960. Spécialisé dans la taille traditionnelle sur verre et cristaux, son activité s’orientera progressivement vers la miroiterie d’art.
Au 16 ter, dans un bâtiment en rez-de-chaussée aujourd’hui détruit, le Pantinois André Chardonnet achète après la seconde guerre mondiale un garage. C’est là qu’il fixera le siège social de Chardonnet SA, un des deux plus grands importateurs privés de voitures étrangères en France. L’entreprise, qui compera plus de 700 concessionnaires et agents au milieu des années 1980, déménage en 1970 pour Bobigny.
Sur un terrain de forme triangulaire compris entre le numéro 57 de la rue Étienne-Marcel (numéro ayant disparu), la rue Victor-Hugo et le canal de l'Ourcq, les ingénieurs Hartmann et Poulet exploitent dès 1912 un atelier de chaudronnerie de fer et de cuivre. L’entreprise se spécialise dans la production d’emballages pour gaz comprimés, liquéfiés et dissous. Pendant la Grande Guerre, la société fabrique des torpilles aériennes et du matériel pour les poudreries. Rachetée en 1934 par monsieur Mylles, d'origine australienne, l’entreprise rebaptisée Poulet SA se spécialise dans le sur-mesure, notamment pour le secteur militaire, et produit des bouteilles, sphères et tanks de gaz comprimés, mais aussi des fours, des fers à repasser et des chauffe-plats. En 1929, soixante-dix personnes y travaillent mais peu à peu l'effectif baisse, les machines remplaçant le travail de l'homme. L’entreprise ne compte plus qu'une vingtaine d'employés dans les années 1980 et ferme en 1994. Les ateliers sont démolis en 1999.
Caractérisé par ses nombreuses industries, le quartier a toujours eu également une vocation résidentielle. En témoignent les immeubles bourgeois construits sur le modèle hausmannien : au 26, un édifice en pierre de taille de 1900 dessiné par l’architecte Deligny ; au numéro 31, un grand immeuble de 1895 de l’architecte Lefrançois. D’autres bâtiments adoptent les proportions hausmanniennes mais sont édifiés en brique, comme l’immeuble d’angle du 33, des architectes Just et Denis, datant de 1906. Signalons aussi au 18-22 un bel alignement de trois immeubles en brique enduite, ou encore, au numéro 37 (cf. photo à gauche), un édifice en brique polychrome de 1906. Des immeubles de rapport plus modestes, enfin, hébergent les ouvriers des entreprises voisines.
Entre le 27 et le 29 de la rue, s’ouvre depuis 2007 un jardin public de 3 500 m² traversant l’îlot jusqu’à la rue Hoche. Le square Montgolfier (cf. photo à droite), dessiné par l’agence Pena & Pena, est constitué de trois espaces – de jeux, d’eau et de lecture – reliés par une passerelle surplombant un vallon arboré.
Personnalité remarquable
André Breton (1896-1966), poète et écrivain, chef de file du mouvement surréaliste, est âgé de quatre ans lorsque ses parents s’installent à Pantin. Il vit notamment aux numéros 26 puis 33 de la rue Étienne-Marcel. Une salle située au 25 rue du Pré-Saint-Gervais porte son nom.
Pantin, le 5 mai 2020
Matthieu Boucherit entre dans le fonds municipal d’art contemporain de Pantin (FMAC-P) en novembre 2019 avec un tableau issu de la série « Déplacements ». L’artiste, sémiologue de l’image, sonde notre époque à travers les contradictions qu’il révèle en utilisant une esthétique claire et incisive.
Rencontre avec un artiste qui interroge les messages des images.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est-ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
Être artiste ne m’intéresse pas à proprement parler. Changer la vision que l’on peut avoir de la réalité telle qu’elle nous est parfois imposée, donner à voir, entendre, ressentir autrement, me tient plus à cœur. Qu’importe la manière, la profession ou le statut, je souhaite des contre-pouvoirs. La culture me semblait le permettre.
Parlez-nous de votre formation et de votre pratique artistique.
J’ai commencé à 14 ans par les Arts appliqués, avec une formation en science et technologie du design. L’environnement ainsi que l’approche fonctionnelle ne me convenaient pas vraiment. Je me suis tourné vers une formation en communication visuelle, qui semblait plus ouverte car elle mêlait les arts appliqués aux arts plastiques. On y apprenait à délivrer un message, ce qui m’a permis de commencer à construire mon propos sur l’image ; mais on nous demandait également de créer des nécessités superflues. Les Arts appliqués ne me convenant pas, j’ai fini mon cursus par un master Arts plastiques à l’université de Toulouse Le Mirail.
Mon travail fonctionne par strates. J’aborde des réflexions liées aux images : leur temporalité, leur matérialité, leurs format et supports de fabrication ou diffusion et les différentes manières dont nous les recevons, et de ce fait, les comportements qui en découlent. Je construis des ponts entre des vocabulaires tirés de la photographie et ceux de la psychanalyse par exemple. À ceci viennent se greffer des urgences à traiter. Les techniques sont utilisées pour leurs pouvoirs symboliques, qu’il s’agisse de peinture, photographie, transfert,installations ou autres.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je viens de terminer un travail de deux ans sur la représentation du pouvoir, l’industrialisation des corps et leur réification. L’exposition BIS, présentée en novembre 2019 à la galerie Valérie Delaunay, tournait autour de la figure du chef d’orchestre et des musiciens, de l’Ode à la joie de Beethoven et du film de Fellini Prova d’orchestra (1979). Il m’a fallu un peu de temps pour redescendre de cette période intense. Dernièrement, j’ai refait quelques recherches autour de ma série « Déplacements » et j’ai essayé de digérer ce qui se passe aujourd’hui avec la crise sanitaire.
Parlez-nous de l’œuvre que la Ville de Pantin vous a achetée.
La série « Déplacements » s’ancre dans une recherche qui date de 2009 et qui évolue encore aujourd’hui. Elle consiste à pousser à l’extrême la théâtralisation des événements et de l’actualité que produisait parfois le photojournalisme, et de sa filiation avec l’iconographie picturale et religieuse.
À partir de recherches d’images, je viens effacer le contexte de prise de vue pour ne garder qu’un ou plusieurs « personnages » mis en lumière sur un fond noir. « Déplacements », série débutée en 2016, raconte plusieurs histoires. Celle de l’image, de la photographie, de la peinture, du flux et de problématiques sociales et politiques qui me hantent depuis des années. Je fais état des déplacements des corps, de l’exil, des changements imposés aux individus qui ont été obligés pour quelque raison que ce soit de partir de leurs pays. Ils deviennent des fragments, des objets que l’on déplace dans une chorégraphie générale. Le titre de chaque peinture renvoie à une adresse URL, qui permet de revenir à l’image initiale et briser la première impression que nous avions de ce que je donne seulement à voir. Elle joue sur le paraître pour nous apparaître autrement dans un second temps. Ces performeurs redeviennent ces corps qui cherchent à survivre, passer des frontières, monter dans des trains bondés ou à se libérer des forces de police. Les politiques chorégraphient les déplacements de ces individus comme nous le faisons avec leurs images. Des corps devenus images, objets, produits.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et / ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
La liste est longue... Celles et ceux qui provoquent le regard, nos corps, notre appréhension du monde, notre rapport aux images, dans une volonté d’embrasser la complexité des situations et qui tentent de rendre visible les vies qui ne le sont pas...
Quel est votre lien avec Pantin ?
J’ai pu exposer pendant la Nuit Blanche 2019 aux Grandes-Serres de Pantin lors de l’exposition « Jardinons les possibles » et j’en retiens une expérience collective heureuse. J’aimerais beaucoup que cette nécessité de faire commun se rejoue plus souvent et le lieu s’y prêtait bien. Sinon, mon histoire avec Pantin est assez récente : je viens de m’y installer il y a à peine un an. Elle est encore à créer.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
J’ai longtemps vécu en campagne près de rivières. Et elles me sont nécessaires. À défaut, le canal m’offre la possibilité de ne plus songer à rien, de m’apaiser.
Qu’est-ce qui vous a fait du bien dans le confinement du printemps ?
La quarantaine m’a permis de repenser les modalités qui font monde aujourd’hui. Bien que nos situations soient plus que compliquées et fragiles, le retour aux modèles m’angoisse. J’espère que nous trouverons la force d’agir selon nos convictions et non plus dans la contrainte.
Pour aller plus loin :
Situation
Quartier des Sept-Arpents. Début à Paris / Fin rue du Pré-Saint-Gervais.
Création
Sous forme de chemin puis de rue, cette voie existe au moins depuis le début du XVIIIe siècle, comme en témoigne son tracé sur le plan de Roussel daté de 1731.
Origine de l’appellation
Son nom est celui d'un ancien lieu-dit d'une probable superficie de sept arpents, l’arpent étant l’unité principale de mesure agraire sous l’Ancien Régime.
En 1861, des habitants demandent que leur rue prenne le nom de Napoléon III mais le conseil estime que « cette voie, par son état de viabilité et de construction, ne réunit aucune des conditions désirables qui puissent la rendre digne de porter ce nom ».
Bref historique
Aujourd’hui à cheval sur trois communes, la rue des Sept-Arpents était autrefois située sur les seuls territoires de Pantin et du Pré-Saint-Gervais, jusqu’à l’annexion d’une partie de ces derniers par la Ville de Paris par décret du 27 juillet 1930.
L’urbanisation de la rue des Sept-Arpents est ancienne, la densification des constructions sur les anciennes parcelles agricoles se produisant d’abord à proximité de la capitale. L'occupation villageoise reste lisible dans le tracé de la voie et dans la permanence de maisons de bourg.
Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXe siècle que des travaux de grande ampleur sont entrepris dans cette voie très largement empruntée. En 1863, après seize années de réclamations, les propriétaires de la rue des Sept-Arpents rédigent une pétition la jugeant « dans la situation la plus déplorable : elle n’est ni pavée, ni éclairée, elle n’a pas de pentes régulières, elle est encombrée d’immondices ». Ils concluent : « on se croirait au milieu d’un marais pestilentiel, et l’on est aux portes de Paris ! » et se proposent même de payer proportionnellement à leurs emprises respectives le pavage de la rue.
Les travaux démarrent la même année et se prolongent jusqu’à la fin du siècle. Ils comprennent le pavage et la réfection de la chaussée mais également des travaux de redressement (1875, 1889 et 1896), d’aménagement d’égouts (1887 et 1896) et plus largement de mise en état de viabilité (1898).
Des travaux d’élargissement et d’alignement de la rue sont effectués à la même période. En 1861, « considérant que par la position qu’elle occupe, la rue des Sept-Arpents est appelée à devenir une des voies les plus fréquentées de la commune », il est décidé de porter à 12 mètres la largeur de cette rue – fixée précédemment à 8 mètres en 1847. Pour ce faire, des portions de terrain sont cédées, gratuitement ou moyennant indemnités, ou expropriées de part et d’autre de la rue.
Dans la première moitié du XXe siècle, les plaintes continuent et, en 1908, la municipalité conseille aux propriétaires de clôturer leur terrain car la rue est « rendue très insalubre par l’établissement d’industries répandant des poussières, ainsi que par des dépôts d’immondices et de fumier ». Si à cette époque une bergerie subsiste rue des Sept-Arpents et qu’une maison d’alimentation générale envisage en 1924 d’y remettre un troupeau de moutons à l’engrais, les nuisances proviennent majoritairement des petites industries implantées dans la rue. En 1938, les habitants se plaignent par exemple des émanations de fumée et de poussières provenant des cheminées des brûleries de café des numéros 19 et 40 de la voie.
Depuis les années 1980, le visage de la rue des Sept-Arpents est régulièrement modifié par des opérations de démolition de bâtiments industriels et d’immeubles en péril. La voie, et plus largement le quartier, bénéficient d’une opération globale de requalification afin de lutter, entre autres, contre l’habitat indigne prégnant dans le secteur.
Lieux et bâtiments remarquables
La rue des Sept-Arpents présente un tissu urbain relativement mixte, typique des paysages de faubourg. Il mêle un habitat composé de maisons individuelles et d’immeubles de rapport populaires de quelques étages, des activités structurées autour d’ateliers et de petites usines, et des commerces, avec peu d’équipements publics et d’espaces verts.
Au 19 bis de la rue, un dispensaire et centre d’hygiène sociale a été établi en 1920, à l’initiative de l’Office public d'hygiène sociale du département de la Seine, par la transformation d’une maison en meulière construite en 1907. Ce bâtiment a été démoli en 1989.
Un ancien site industriel, au numéro 42, a abrité successivement des fonderies de métaux, en particulier les Fonderies Oise et Seine et leur activité de construction de machines agricoles dans les années 1920, plusieurs sociétés de fabrication de parquet la décennie suivante, puis les entrepôts de papeterie de la Compagnie générale des papiers dans les années 1950 à 1970. De ce passé, seule une maison subsiste, à l’entrée de la parcelle. Les autres bâtiments ont été restructurés en 1989 et hébergent aujourd’hui une activité de location de salles, bureaux et studios de répétition.
Au 49 de la rue des Sept-Arpents, le Théâtre des Loges est établi, depuis 1997, dans un ancien lavoir.
En 2015, un Espace médiation a été installé au numéro 51 pour le service municipal de médiation urbaine de nuit, dont les agents interviennent en cas de nuisances sonores, de conflits de voisinage, de problèmes sur l’espace public... La structure est constituée de modules pré-fabriqués dont la façade est revêtue d’un bardage métallique à motif végétal. Cet équipement occupe à titre précaire une parcelle mise en réserve pour un futur élargissement de la rue.
Pantin, le 17 avril 2020
Julien Pelloux entre dans les collections municipales de Pantin en 2019 avec l’achat de deux peintures abstraites. À travers l'attention portée à la forme et à la géométrie, sa peinture construit un langage. L’amour de la couleur, souvent organisée par contrastes de deux tonalités, obéit à une véritable syntaxe que l’artiste ne cesse d’explorer.
Rencontre avec un artiste minimaliste.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
Mon père a fait les Beaux-Arts et a été professeur d’arts plastiques pendant trente-cinq ans dans un collège. Il a amené une touche de fantaisie et de rêve dans la société très conservatrice de Versailles, au sein de laquelle il avait réussi à trouver sa place. Il n’a pas persévéré dans sa carrière artistique et a réalisé peu d’expositions en dépit de l’obtention du prix de Rome. Malgré cet exemple, il ne représentait pas pour moi le modèle à suivre.
J’ai toujours dessiné à l’école ou à la maison quand j’étais enfant. J’ai fait un bac littéraire auquel j’ai échoué. J’ai donc pris l’option artistique pensant mieux réussir qu’en mathématiques (paradoxalement aujourd’hui je travaille beaucoup autour des maths !) Cela a été une véritable révélation : pour préparer le bac j’ai dû travailler plus sur la peinture et cela m’a beaucoup plu. De plus, cela m’a réussi : j’ai eu une super note au bac !
J'ai ensuite commencé à réfléchir au choix d'une carrière. Je me sentais un peu bloqué et la société ne me donnait pas envie de m’y investir. J’ai d’abord envisagé de travailler dans le secteur social ; finalement je me suis décidé à présenter le concours des Beaux-Arts que j’ai eu. Dès le départ, me concentrer sur mes projets personnels au sein de l’atelier de Bernard Piffaretti, un peintre que j’ai toujours beaucoup aimé et aujourd’hui un ami, m'a enthousiasmé.
Grâce aux Beaux-Arts j‘ai obtenu une bourse pour partir à Toronto, New York, Chicago…
Après l’obtention de mon diplôme, Piffaretti m’a proposé de participer à une exposition internationale à New York, qui présentait des artistes licenciés des Beaux-Arts de Paris. Ce fut une expérience très enrichissante. J’ai pu m’occuper à cette occasion du démontage de l’exposition et nouer des contacts sur place. Grâce à cette expérience, j'ai beaucoup appris sur le milieu culturel américain, très différent de celui de la France. Découvrir les différences de mentalités fut passionnant : aux USA l’incroyable effervescence artistique ne souffre aucunement de l’absence de pouvoirs institutionnels tel que le ministère de la Culture et de la communication en France.
Devenir artiste n’était pas une évidence pour moi, mais plutôt la conséquence d’un malaise, une difficulté, à trouver une place, un but, dans la vie et dans la société. Développer une pratique artistique m’a permis d’être plus acteur dans la société.
Parlez-nous de votre pratique artistique.
Je travaille dans le domaine de la peinture. J’essaie de tisser des nœuds entre divers champs picturaux et d’expérimenter d’une manière ouverte et innovante au regard de l’histoire de l’art. J’ai des affinités avec la peinture abstraite américaine et le constructivisme et j’ai découvert et exploré toutes les avant-gardes russes, notamment Malevitch et le suprématisme. Ces références m’ont beaucoup marqué lors de mes années de formation aux Beaux-Arts.
Dans ces courants, l’idée d’une couleur qui soit en même temps forme libérée et manifeste pour elle-même m’intéressait énormément. Ces inspirations pleines d’utopies recouvrent aussi bien des aspirations sociales qu’esthétiques. L’esthétique d’ailleurs m’attirait beaucoup et je trouvais qu’elle représentait un mode de dispersion de la peinture très parlant pour moi. Il s’agissait de la forme libérée de toute sorte d’idée (platonicienne etc.) : alors qu’on travaille sur des formes fixes, le mouvement est toujours présent. Vie et mouvement sont suscités par des formes.
Dans cette optique d’une forme suffisante à elle-même, je me suis interrogé sur les formes conventionnelles et les premières qui m’ont « posé problème » d’une manière très intime sont les lettres de l’alphabet. Il s’agit en effet de formats à l’opposé d’une forme libre puisque extrêmement codés et conventionnels, régis par des règles de typographie très strictes. Je me suis donc amusé à regarder la lettre avec un regard constructiviste, indépendant du message et de l’utilisation. J’ai essayé d’évacuer les conventions et cela a été un choc. C’est ainsi que mes premiers travaux aux Beaux-Arts ont porté principalement sur l’alphabet et sa confrontation à la liberté : essayer de voir l’affranchissement dans les contraintes d’une lettre. C’est quelque chose que je porte intimement, à cause de ma légère dyslexie je crois. En effet l’apprentissage de l’alphabet avec des lettres rugueuses avait été traumatisant pour moi. Le contact avec le papier de verre n’était pas du tout sensuel, au contraire, je le trouvais répulsif. Cela a été une expérience très agressive dans mon enfance qui allait à l’encontre d’une approche synesthésique (émotions qui s’associent aux formes) qui aurait été plus favorable à ma sensibilité.
La sphère intime est importante dans mon travail. En utilisant des mots ou des formes évoquant le figuratif je souhaite parler à l’intime des autres : c’est comme susciter quelque chose qui vient d’un ressenti indicible. Il n’y aurait pas de peinture s’il n’y avait pas besoin de peinture et le langage ne pourra jamais recouvrir cela. C’est bien que quelque chose n’ait que sa propre manifestation : la peinture parle d’une manière directe et construit un dialogue intérieur entre le spectateur et la peinture.
J’ai commencé à m’intéresser à l’alphabet à cause de son sens très fort. D’ailleurs j’ai présenté des conjonctions de coordinations (donc, mais, car...) au diplôme des Beaux-Arts : ces formes suscitent un avant et un après qui ne peut être donné que par l’intériorité du regardeur.
Par la suite, j’ai continué avec d’autres formes souvent issues de récupérations. Christal par exemple (œuvre achetée par la Ville de Pantin en 2019, ndlr) est issue d’un catalogue d’illustrations informatiques*. Dans les années 2010 j’ai travaillé sur des formes récupérées et notamment numériques à destination de communications informatiques. Il s’agit d’un mode de langage, d’icônes représentatives qui servent à illustrer un discours. Elles étaient compilées en listes, comme des alphabets, qui représentent une potentialité mais pas un discours construit. Le poids des mots, des lettres, qu’on va employer m’intéresse pour revenir à la forme.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Avant le confinement je travaillais sur trois grosses expositions de la galerie Frank Elbaz et notamment un solo show de Bernard Piffaretti**.
Concernant la peinture, j’ai recommencé une série sur des formes géométriques qui se déploient sur le mode de la suite de Fibonacci***, une suite qui ne cesse de s'accroître. On reprend toujours les deux derniers chiffres et cela croit de manière presque exponentielle. Je travaille sur cette suite à partir de formes du réel, pour le moment des étoiles, des cercles, des formes décoratives aussi, qui se déploient et s'accroissent sur la toile. Une sorte de déclinaison de formes archétypales. Je garde l'idée de la couleur aussi, très importante pour moi : celle du fond et une autre couleur, comme souvent dans mes tableaux.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et/ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
Christopher Wool m'influence beaucoup. C'est un artiste qui travaille avec le langage et les lettres. Il réalise ses œuvres plutôt sur du métal en utilisant de la peinture industrielle avec des badigeons de peinture abstraite ainsi que des effacements. En 2012, le MAMVP lui a consacré une rétrospective. J'apprécie particulièrement son travail sérigraphique autour de la simulation de la peinture gestuelle abstraite qui est pris en photo et ensuite retranscrit en sérigraphie. Cela donne un effet que l'on peut reconnaître de près, alors qu’il s'agit de quelque chose qui est réalisé par un procédé mécanique. Depuis les Beaux-Arts, mon regard s’est nourri de ses œuvres bien que son travail soit principalement en noir et blanc, ce qui est en contraste avec mon amour pour la couleur.
Je vais à toutes les expositions, je suis vraiment passionné, surtout des expositions de peinture où je peux observer la couleur et la composition ; je ne mets pas d'ornières. Cela se reflète dans mon travail, dans lequel j'essaie d’entrechoquer les genres (figuratif, décoratif, abstrait…) pour décloisonner et sentir la liberté d'aller aux antipodes, faire appel à différentes cultures.
Quel est votre lien avec Pantin ?
J’habite la ville depuis 2006 et elle me manque maintenant que j’en suis éloigné****. Je fais plutôt partie de la vague de gentrification « bobo » qui est arrivée au début des années 2000 grâce aux prix modiques des loyers. La ville a changé depuis que j'y habite : lors de mon arrivée c'était moins dense et il y avait un côté « en friche » de certains quartiers qui a disparu aujourd'hui. Je suis venu à Pantin pour profiter d’une liberté d'espace : marcher jusqu'à l'étang de la Poudrerie en longeant le canal entouré de tous ces paysages différents et au sein desquels la peinture avait sa place. Je pense notamment aux graffiti et street art qui constituent la poésie de la banlieue qui me touche et qui font que je me sens bien à Pantin.
Pendant plusieurs années j'ai eu un atelier à Hoche et j'ai pu goûter au tissu artistique pantinois effervescent et à la liberté de la créativité qu’on y respire.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
Sans doute le canal. Aujourd’hui il a beaucoup changé puisque tous les espaces commencent à être aménagés. J’aimais bien la poésie des endroits improbables en friche. Les Magasins Généraux, à la transformation desquels j'ai pu assister de ma fenêtre, ont aussi redonné un nouvel attrait au patrimoine industriel de ma ville.
Un conseil pour cette quarantaine ?
Il n'y a pas qu’une seule chose qui me fait tenir. La lecture est un moyen de s'évader et d'avoir une activité cérébrale qui est à mon avis profitable. Faire pousser des plantes aussi me fait beaucoup de bien.
*Des compilations des années 1980 d’illustrations informatiques, organisées en véritables catalogues.
**Julien Pelloux est aussi régisseur des œuvres à la galerie Frank Elbaz
*** En mathématiques, la suite de Fibonacci est une suite d'entiers dans laquelle chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent. Elle commence par les termes 0 et 1 et ensuite chaque terme successif est la somme des deux termes précédents. Ainsi 0+1=1, 1+1=2, 1+2=3, 2+3=5, 3+5=8, etc.
****L'artiste a passé le confinement à Versailles.
Pour aller plus loin :
Situation
Quartier du Haut-Pantin. Début rue Charles-Auray / Fin au Pré-Saint-Gervais
Création
Cette voie tracée à la limite de la Seigneurie, l’ancien domaine des seigneurs laïcs de Pantin, existe au moins depuis la fin du XVIIIe siècle, d’abord sous forme de chemin puis de rue.
Origine de l'appellation
Une délibération du 29 novembre 1829 mentionne la voie sous deux noms employés indifféremment à l’époque : chemin du Cimetière et chemin des Pommiers. La deuxième appellation, qui a perduré, tire probablement son origine des vergers présents dans ce quartier de Pantin avant son industrialisation.
Bref historique
L’histoire de la rue des Pommiers est intimement liée à l’extraction du gypse pour la production de plâtre, attestée à Pantin depuis la seconde moitié du XVIe siècle et en forte expansion au début du XIXe siècle.
Pavé très tôt afin de faciliter la circulation des voitures à cheval, le chemin des Pommiers est rendu en partie impraticable par l’exploitation des carrières à partir des années 1820. Dès 1856 et pendant plusieurs années, l’exploitant Louis-André Faguet y extrait de la pierre à plâtre et doit procéder à la déviation du chemin via sa propriété.
En 1858, une réfection du pavage est votée par le conseil municipal en raison de son état déplorable : « la chaussée est détériorée à ce point qu’avant d’arriver au cimetière […] elle forme une cavité profonde dans laquelle les eaux pluviales séjournent et croupissent ; […] non seulement cette rue est devenue impraticable mais […] les exhalaisons qui s’échappent de l’accumulation de ces eaux répandent des odeurs nuisibles à la santé publique. »
Au cours des années 1880 et 1890, plusieurs propriétaires cèdent à la Ville des portions de leurs terrains afin de permettre l’élargissement de la rue en échange de sa mise en viabilité. Terrassement, remblaiement, établissement de trottoirs et de canalisations sont réalisés progressivement, d’abord le long du cimetière puis dans la portion comprise entre les rues Candale et Chevreul. En 1897, l’éclairage public arrive rue des Pommiers avec l’installation d’appareils d’éclairage à l’huile. La voie est alors très utilisée par les tombereaux qui circulent entre les carrières en cours de remblaiement et la décharge.
Fin XIXe, les membres du conseil municipal considèrent que la rue des Pommiers est une voie importante car « appelée à faciliter le développement d’un quartier naissant ».
En 1931, afin de contribuer à l’assainissement du quartier, un égout est construit rue des Pommiers pour évacuer les « eaux de toutes sortes et matières de vidange » du lotissement Les Parfumées établi en 1928 et des habitations à bon marché qui seront édifiées en 1932-1933.
Lieux et bâtiments remarquables
Le tissu urbain de la rue des Pommiers, très hétérogène, est constitué de parcelles occupées par de l’habitat collectif, de l’habitat individuel, des équipements collectifs publics ainsi que des entreprises et commerces spécialisés.
La rue se distingue tout d’abord par la présence du cimetière communal. Auparavant situé près de l’église, il est transféré sur un terrain à flanc de coteau. Ouvert en 1818, il s’avère rapidement trop petit face à l’augmentation de la population pantinoise, et connaît plusieurs extensions jusqu’à atteindre au milieu du XXe siècle sa taille actuelle.
En raison de la proximité immédiate des anciennes carrières dont l’exploitation a fragilisé les sols, des éboulements (1914, 1928, 1941, 1945 entre autres) causent la destruction de nombreuses sépultures et obligent la municipalité à procéder à des travaux de réfection fréquents et coûteux.
Composé de 14 travées et de 33 carrés de dimensions variables, il accueille 47 chapelles funéraires datant de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le cimetière comprend aussi un carré militaire, un monument aux morts de la Guerre de 1870 et un monument pacifiste en hommage aux Poilus décédés au cours de la première guerre mondiale. En 2012, la ville a également construit un monument des Morts pour la France, destiné à recueillir les restes des concessions non renouvelées des soldats tués au combat.
En face de l’équipement funéraire, la rue des Pommiers borde la partie sud du parc de la Seigneurie, aménagé dans les années 1930 par Florent Nanquette en parc des sports, et dénommé stade Charles-Auray depuis 1932. La partie méridionale de cet équipement est occupée par trois courts de tennis en terre battue, attestés sur un plan de 1936, un en béton poreux et d’un mur d’entraînement construit depuis 1966.
Par conventionnement, c’est la section tennis du Cercle municipal des sports, devenue Tennis club de Pantin en 2009, qui fait profiter ses adhérents de ces infrastructures municipales.
Pour favoriser la pratique du sport en hiver, deux courts de tennis ont été couverts par des structures gonflables en forme de bulles. Depuis 2019, une construction plus pérenne couvrant deux terrains de tennis a débuté.
En continuant, au numéro 6 de la rue, on découvre une maison de 1886 d’un étage plus comble avec lucarnes, à décoration moulurée. La présence de l’enseigne « Les Pommiers » y atteste l’existence d’un débit de vin. Ce dernier, ouvert en 1902, est fermé depuis plusieurs décennies.
Entre le 35 et le 45 de la rue, les emblématiques habitations à bon marché (HBM) sont l’œuvre de l’architecte Félix Dumail et appartiennent à une vaste cité-jardin. Impulsée par l’Office public d’habitat à bon marché de la Seine, elle est édifiée entre 1927 et 1952 et s’étend sur les communes du Pré-Saint-Gervais, de Pantin et des Lilas.
L’aménagement du terrain de la rue des Pommiers prend place dans la seconde phase des travaux qui débute en 1932. Optant pour la monumentalité, l’architecte implante 322 logements répartis en six ensembles de collectifs, disposés en T le long de la voie. L’usage de la brique, l’animation des façades avec des baies triangulaires ou des loggias, le choix du dénivelé pour les hauteurs des bâtiments et le soin apporté aux détails ornementaux confèrent une forte qualité architecturale à l’ensemble.
En face, au 42-44 de la rue, la résidence des Pommiers qui comprend deux immeubles de neuf étages est caractéristique de l’architecture des années 1970. Le rez-de-chaussée accueille la maison de quartier du Haut-Pantin depuis 1990.
Personnalité remarquable
Figure locale, Roger Bécanne arrive à Pantin à l’âge de quatre ans, en 1927. Deux années plus tard, ses parents font construire un pavillon au 46 rue de Candale-Prolongée, juste en face du cimetière communal.
Enfant chétif, son père lui conseille la pratique du sport ; il intègre donc dès 1934 l’Éducation physique et populaire de Pantin (EPP) puis adhère dès sa création en 1942 au Cercle municipal des sports (CMS). Tennisman passionné et sportif engagé, il entre à la section Tennis en 1949 et en devient dirigeant bénévole. Il est président du CMS de 1985 à 1995 puis président d'honneur.
Propriétaire d’une horlogerie-bijouterie à Pantin, vice-président du comité du jumelage et très impliqué dans l’association des Amis des arts, Roger Bécanne, figure marquante de la ville décède le 12 mai 2013, il est enterré dans le cimetière de la rue des Pommiers.
Pantin, le 22 avril 2020
Veit Stratmann entre dans les collections municipales en 2007 suite à son exposition au Pavillon de Pantin. Si lors de cette installation la Ville a acquis trois dessins préparatoires, les acquisitions de 2019 (Piazza della resistenza - Pistoia 1/2) sont des impressions issues de photographies prises en Italie dans les jardins de la Piazza della Resistenza de Pistoia. La variété des techniques utilisées par l’artiste met en valeur son profond attachement à la création en lien avec son environnement.
Rencontre avec un artiste toujours en recherche.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
Pour commencer par une phrase classique : j'ai toujours peint. Ensuite j’ai eu un choc. Un enseignant a montré, lors d'un cours d'histoire de l'art au lycée, le portrait des peintres de Die Brücke réalisé par Ernst Ludwig Kirchner et je me suis dit « si on a le droit de faire ça, moi aussi, je veux le faire ». Comme ma mère et mon père adoptif n'ont aucunement tenté d'influencer mes choix de vie, j'ai simplement fait « ça », sans évidemment imaginer les risques que cela pouvait créer et la ténacité que cela impliquerait. Ce qui était étonnant, c'était que dans la famille de mon père biologique - que j'ai rencontré pour la première fois à l'âge de 42 ans -, beaucoup de personnes tournaient autour de l'art - des décorateurs, des marchands d'art, des restaurateurs - mais personne n'a osé vraiment y aller. Du coup j'ai trouvé ma décision inscrite dans une histoire dont je n’étais absolument pas conscient, mais qui me sert encore aujourd'hui parfois comme excuse.
Concernant ma formation, j'ai fait des études à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (aujourd'hui intégrée dans la Haute école des arts du Rhin) et à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf. J'ai également fait des études de politique, histoire et histoire de l'art à Fribourg-en-Brisgau. J'ai aussi participé à la première séance de l'Institut des hautes études en arts plastiques*, qui visait à la préfiguration de ce qu'allaient devenir par la suite les structures post-diplôme dans le champ des arts plastiques.
Parlez-nous de votre formation et de votre pratique artistique. Quels sont vos sujets de prédilection, les médiums, supports et techniques que vous utilisez. Pourquoi ?
Je ne me pose pas la question du médium, du support ni d'une technique. Par contre, ma pratique artistique est certainement issue de la pensée sculpturale, de l’installation. Depuis un certain temps elle est basée sur des questions qui, bien qu’en mutation permanente, reviennent à chaque mise en œuvre. Ces questions dépassent le statut de simple moyen de production ou de structuration. Elles constituent la condition de base qui permet à mon action artistique d’exister.
La première de ces questions est simplement de comprendre si un geste plastique peut être basé sur la notion du choix, de la décision, de la posture de ceux qui le rencontrent. Le choix peut-il être un matériau plastique ? Et si on admet que le choix constitue l’unité originelle de l’action politique, de la citoyenneté, la rencontre d’un dispositif plastique peut-elle générer une oscillation permanente entre un geste politique et un geste plastique ?
Ce choix et l’infime rupture dans le temps qu’elle implique peuvent-ils devenir un matériau plastique ? Cette infime rupture peut-elle créer une pause ou construire un « trou » dans le sens ? Un geste plastique peut-il défaire la cohérence d'un lieu, détacher un espace de son statut ? Peut-il transformer ce même lieu dans une zone d’instabilité statutaire, d’un flottement permanent ? Et ce flottement peut-il se propager sur ceux qui viennent le voir ?
Depuis quelques années, à ces questionnements s’est ajouté un deuxième champ de problématiques qui porte notamment sur la possible tension entre des gestes plastiques : ils peuvent êtres justes pour l'artiste que je suis et en même temps éthiquement indéfendables pour moi en tant que citoyen. Cette tension peut-elle être productrice ? Si elle peut être placée au cœur d’un geste plastique, comment peut-elle faire forme afin d’être montrée ?
Aussi, je revendique le rôle d’artiste comme celui d’un individu qui assume son rôle et ne parle qu’en son nom et est actif comme tel dans la société. Je considère qu’un individu qui s’assume dans ces conditions, et dont l’activité n’est rien d’autre qu’une permanente ouverture du débat, endosse forcément une posture politique : son action en témoigne donc forcément.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
En ce moment je travaille sur un projet d'installation pour un jardin en Italie. Sinon je tente simplement de maintenir une discipline de production et de réflexion.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et/ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
Quand je vais au musée, c'est pour découvrir ou revoir des choses que je ne peux que voir à des endroits spécifiques ou dans des collections spécifiques. Par exemple, quand je suis aux États-Unis j'adore regarder la peinture américaine du XIXe et du début du XXe siècle qu'on ne voit jamais en Europe. C'est l'art d'un escapologiste en train de se défaire de ses liens.
Les artistes qui me trottent dans la tête en permanence sont Caspar David Friedrich, Edward Hopper, Maria Nordman et Michael Asher. Chez ce dernier, c'est l'hyper efficacité de ses œuvres et surtout ce geste magistral d'effacement du temps et de son histoire qui me touche. Je pense notamment à son vidage de la Galerie Toselli à Milan de tout ce qu'elle contenait, abattant les cloisons et sablant les murs.
Chez Maria Nordman, j’aime la radicalité face à la durée d'existence d'une œuvre, sa capacité de tourner chacun de ses gestes en un trou dans le temps.
Je retrouve cette notion de trou dans le temps (qui est fondamentale pour tout ce que je fais et que je vis physiquement en ce moment de confinement) chez Edward Hopper. J’aime la qualité visqueuse que le temps prend dans ses tableaux ou simplement le fait que le contenu de ses peintures est refroidi à 0° Kelvin**, c'est-à-dire la température de l'absence de tout mouvement moléculaire et donc de l'impossibilité de mesurer le temps.
L’œuvre de Friedrich me passionne pour son invitation à trouver un regard juste sur une construction picturale qui rend ce regard même impossible. Il joue avec la différence entre le tableau et l'image que le spectateur s'en fait en le regardant. C'est comme s’il enfermait le spectateur dans une bulle avec le tableau et que celle-ci était détachée du monde.
Quel est votre lien avec Pantin ?
J'ai un espace de travail à Pantin depuis 1996, d'abord rue Délizy, ensuite sur le site de l'ancienne gare de marchandise. J'ai également exposé au Pavillon en 2007. Pantin devient de plus en plus la ville de mes amis.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
Je me sens particulièrement bien à deux endroits à Pantin. L'un est le quai du canal juste après le pont du périphérique en venant de la Villette à vélo. L'autre est le pont au-dessus des lignes de chemin de fer. J'aime ces deux lieux pour des raisons similaires. En passant sous le pont du périphérique l'espace se détend, il devient plein de possibles. Il n'est plus figé, encroûté.
Sur le pont, par dessus les rails, s'ouvre un espace plein de promesses non tenues.
Qu’est-ce qui vous fait du bien pendant le confinement ?
Je ne sais pas si cela me fait du bien, mais je vis cette quarantaine en observateur. Elle m'apprend énormément sur des problématiques qui occupent constamment mon travail. Je me questionne notamment sur le geste artistique : peut-il défaire la cohérence d’un lieu sans toucher à son entièreté physique - comme si, dans une molécule, on coupait les liens des atomes sans que ceux-ci quittent leur lieu assigné ? Un geste d'artiste peut-il infiltrer un système donné comme un virus et détruire sa cohésion ?
* L'Institut des hautes études en arts plastiques (IHEAP) est une école d'arts créée en 1988 par la Ville de Paris qui confia à Pontus Hulten la mission d’étudier un projet d’école destinée à de jeunes artistes, en référence au Bauhaus et au Black Mountain College et comme alternative à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. L’institut ferme en 1995.
** Zéro absolu. En physique quantique, la matière au zéro absolu se trouve dans son état fondamental, point d'énergie interne minimale.
Pour aller plus loin :
http://www.galeriechezvalentin.com/fr/artistes/veit-stratmann/
Situation
Quartier des Courtillières. Début avenue de la Division-Leclerc / Fin rue Averroès
Création
L’avenue est créée lors de l’édification du quartier des Courtillières dans les années 1950, sur le tracé du chemin des Courtillières dont l’existence est attestée depuis le début du XIXe siècle.
L’avenue des Courtillières, du nom d’un petit insecte de jardin ravageur, a été renommée avenue Aimé-Césaire le 23 mai 2017. Hommage est ainsi rendu au célèbre écrivain et homme politique français, anticolonialiste résolu, fondateur du mouvement littéraire de la négritude.
Bref historique
Les fouilles archéologiques sur le site de la Vache-à-l’aise ont montré qu’au IVe siècle avant notre ère, des Gaulois vivaient dans le secteur des Courtillières. Cette implantation n’a toutefois pas perduré dans cette zone champêtre traversée par le ru de Montfort.
Entre le milieu du XIXe siècle et les années 1930, alors qu’il est majoritairement constitué de terres agricoles, le quartier change de visage avec la construction du fort d’Aubervilliers, l’ouverture du cimetière parisien puis l’implantation de l’imprimerie de l’hebdomadaire L’Illustration.
Après le second conflit mondial, la France est confrontée à une grave crise du logement du fait des destructions et de la vétusté du parc immobilier. Durant l’hiver glacial de 1954, de nombreux sans-abris meurent. L’abbé Pierre lance un appel à la générosité et aux hébergements. En réponse, la construction d’une cité d’urgence de 150 logements est actée. Le choix du terrain permet la découverte, sur l'ancienne zone de servitude militaire du fort d'Aubervilliers, d’une réserve foncière importante.
Un projet d’envergure est alors confié à l’architecte Émile Aillaud : dessiner un nouveau quartier. Il conçoit pour la future SEMIDEP (société d’économie mixte du conseil général de la Seine) et l’office HLM de Pantin une « cité-parc » de 2 033 logements. Traversé par l’avenue des Courtillières, le Serpentin, immeuble sinueux de plus d’un kilomètre de long, entoure un vaste parc paysager de 4 hectares. Visibles en partie depuis la même avenue, neuf tours en tripode et deux bâtiments bas sont également construits. Les sites des Fonds d’Eaubonne et du Pont-de-Pierre, plus éloignés de l’avenue des Courtillières, seront érigés jusqu’en 1966.
Les premiers habitants, en majorité des jeunes ménages actifs quittant pour la plupart leurs logements insalubres de Paris ou de Pantin, s’installent dès 1958 dans des logements qui incarnent confort et modernité. La cité des Courtillières, surnommée « Manhattan à Pantin » par Le Figaro, accueille aussi d’autres banlieusards, des provinciaux, des populations immigrées provenant principalement d’Espagne et d’Afrique du Nord, ainsi que des rapatriés d’Algérie et de Tunisie.
Jouissant d’une bonne réputation, apprécié pour ses commerces, ses équipements publics et l’aménagement de ses espaces, le quartier demeure néanmoins mal desservi par les transports en commun. La gestion de la cité, complexe en raison de la multiplicité des acteurs, devient conflictuelle quand s’y imbriquent des considérations politiques nationales, régionales et locales, sur fond de rapports complexes entre Paris et la banlieue rouge. Les résidents les plus aisés partent, accédant à la propriété dans des quartiers pavillonnaires. La hausse du chômage, renforcée localement par la désindustrialisation, entraîne une paupérisation des habitants. Malgré l’arrivée du métro en 1979 et des programmes d’isolation thermique des tours, l’entretien du bâti du Serpentin par la SEMIDEP est délaissé et l’image du quartier se dégrade.
Au début des années 2000, après la cession par la SEMIDEP de ses logements à l’OPHLM de Pantin, d’importants travaux de requalification sont lancés.
L’agence AUC est nommée architecte-urbaniste en chef du projet de requalification du quartier et de l’ensemble des espaces publics, hors parc. L’agence RVA, elle, est chargée de la réhabilitation et de la résidentialisation du Serpentin, dont deux segments sont démolis. Le parc est réaménagé par le paysagiste Vincent Pruvost, tandis que la restauration de la façade, aujourd’hui constituée d’une mosaïque de 32 millions de carreaux d’émaux de verre, est imaginée par le graphiste Pierre Di Sciullo. L’ensemble a reçu le label Patrimoine du XXe siècle en 2008, dix ans avant l’achèvement des travaux.
Lieux et bâtiments remarquables
Porte d’entrée du quartier des Courtillières, la maison de quartier occupe la parcelle trapézoïdale à l’angle de l’avenue Aimé-Césaire et de la rue de la Division-Leclerc. En 1982, dans un contexte de dégradation du cadre de vie, la municipalité cherchant des solutions pour retisser le lien social et renforcer la proximité des habitants avec les services municipaux, ouvre une maison de quartier aux Courtillières. Un nouvel édifice, conçu par l’architecte Suzel Brout, est bâti en 1998, à la fois représentant de l’institution communale et équipement de proximité dévolu aux activités socio-culturelles. Bâtiment « carrefour », l’édifice de plus de 2000 m², accueille une mairie annexe et centre social, une bibliothèque, une halte-jeux, une antenne jeunesse, une salle de restauration, un café sans alcool ainsi que des espaces dédiés aux associations et aux activités polyvalentes.
L’édifice apparaît comme un ensemble compact mais subdivisé en deux parties reliées par un hall central assurant la distribution sur les trois niveaux du bâtiment. En revisitant le vocabulaire de l'architecture moderne (toit-terrasse, façade non porteuse, plan ouvert, fenêtres horizontales), Suzel Brout confère à cette maison de quartier un caractère classique intemporel dans un environnement hétéroclite marqué par des architectures diverses.
Située au cœur du parc paysager, enveloppée par le Serpentin, la crèche est particulièrement remarquable. Pensée en même temps que le grand ensemble des Courtillières par l’architecte Émile Aillaud, elle est inaugurée en octobre 1961.
En forme de fer à cheval, le bâtiment de plain-pied est organisé autour d’un patio et peut se décomposer en six corps, associés à différentes fonctions et de formes architecturales différentes. À son origine, il abritait une crèche, une garderie, un centre de PMI (protection maternelle et infantile) et des services communs telles les cuisine, biberonnerie, buanderie et chaufferie.
Le monde organique et le milieu naturel sont au cœur du projet architectural d’Émile Aillaud. D’une géométrie curviligne, avec ses courbes et ses contre-courbes, le bâtiment n’est doté d’aucun angle droit. La série de coques rappelle les vagues ondoyantes, qui, associées aux façades transparentes, créent l’illusion d’une volumétrie sans rupture avec l’extérieur. En outre, les détails, décors et vitraux du plasticien Fabio Rieti, gendre de l’architecte, évoquent l’univers marin.
Troisième équipement public de l’avenue, le centre de santé Maurice-Ténine – du nom du docteur Maurice Ténine, élu communiste à Antony, résistant et fusillé en 1941 – s’inscrit dans le renouvellement urbain du quartier des Courtillières. Initialement situé rue Édouard-Renard, en rez-de-chaussée du bâtiment surnommé le « Gouffre », le CMS Ténine est intégré en 2008 dans un nouveau bâtiment au 7 de l’avenue, au cœur de la nouvelle centralité des Courtillières.
Conçu par les architectes Hamonic et Masson, le bâtiment est mixte, associant le centre de santé, le centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) et 36 logements sociaux.
Il est scindé en trois parties. Le socle, réservé au programme médical, est largement ouvert par des grandes façades vitrées, exprimant les idées d’accueil et de proximité propres aux équipements publics. Les deux blocs de logements sont identifiés par leurs balcons en tôle métallique perforée, saillants sur la façade est, côté avenue, comme en représentation, et accueillant chacun un bac pour recevoir un arbuste, filants et protégés par des vues sur l’autre face. Le choix de la polychromie - marron des bardages, vert des salles d’attente et lasure violette des rampes de parkings - et le détournement de produits du catalogue des industriels entendent briser les codes architecturaux traditionnels tout en faisant du bâtiment un ensemble « rationnel, fonctionnel, non ostentatoire ».
Dernière opération de la requalification du quartier, la parcelle face au CMS accueillera l’équipement culturel Nelson-Mandela (bibliothèque, ludothèque, salle de diffusion, théâtre de verdure) imaginé par le cabinet Jean-Pierre Lott, faisant de cet espace la plaque de centralité des Courtillières.
Quartier du Petit-Pantin. Début rue Courtois / Fin rue Boieldieu
Création
Ouverte en 1861 par la Société immobilière de Pantin présidée par M. Moissonnier, elle est classée dans la voirie communale par délibération du conseil municipal du 19 décembre 1888.
Origine de l'appellation
La rue prend le nom de Jacquart dès sa création. Cette dénomination, qui sera approuvée par le maire de Pantin par arrêté du 21 novembre 1861, fait probablement référence au propriétaire du terrain sur lequel a été percée la rue.
Bref historique
Le quartier du Petit-Pantin, proche du village historique constitué autour de l’église, s’urbanise dans la seconde moitié du XIXe siècle sur des terrains occupés jusque-là par des carrières et plâtrières. Cette urbanisation découle notamment de l’implantation de la tannerie Courtois, vers 1855, sur une propriété derrière l’église qui deviendra, en 1877, le siège de la manufacture des tabacs de Pantin.
En 1861, un premier lotissement est créé à l’est de la rue Courtois par la Société immobilière de Pantin. Sept rues, outre la rue Jacquart, sont tracées : les rues Benjamin-Delessert, Béranger, Boieldieu, du Commerce (devenue rue du Docteur-Pellat), François-Arago, Palestro, Parmentier et Saint-Louis. Ce maillage de voies orthogonales constitue le quartier de l’Avenir.
Les îlots sont lotis et construits au cours des années 1870-1880, de façon assez éparse. Le pavage des rues sera réalisé au début des années 1890, tandis que le raccordement à l’égout n’interviendra que dans les années 1910.
La rue Jacquart est caractéristique de l’urbanisation de faubourg qui s’étend de la fin du XIXe aux années 1930. Les maisons de faubourg simples en profondeur avec toit en appentis et maisons d’angle à un étage côtoient des maisons pittoresques aux décors soignés, adossées parfois à des immeubles de rapport. Moins visibles, les ateliers et usines de taille moyenne, parfois situés en fond de parcelle, étaient fréquents ; aujourd’hui ils ont disparus ou ont été transformés en lofts.
Lieux et bâtiments remarquables
Aux numéros 5 et 7 se trouve l’une des constructions les plus emblématiques de la rue Jacquart. En 1905, l’architecte pantinois Alexandre Ract y dessine un ensemble immeuble et pavillon de pierre meulière, dont la décoration de brique et de frises en céramiques émaillées aux motifs floraux est inspirée de l'Art nouveau. Cette réalisation, caractéristique d’un phénomène de rentabilisation de parcelle, témoigne que la créativité n'est pas forcément absente des constructions de rapport. Un rajout imperceptible d’un autre architecte a réuni en 1925 le pavillon et l'immeuble. Entre 1910 et 1920, opère à cette adresse l’éditeur de cartes postales illustrées Charles Gaston Francq.
Autre exemple de réalisation de l’architecte Alexandre Ract, l’immeuble de brique à l’angle du 20 rue Jacquart et du 33 rue Benjamin-Delessert a été construit en 1903.
Plus typique des immeubles de rapport construits dans le prolongement du bourg, le numéro 17 de la rue Jacquart a été édifié en 1890 par les architectes Petitpas et Guignanbert. Cet immeuble de rapport à deux étages et combles à lucarnes possède une façade enduite de plâtre et est doté d’une porte charretière. La cour pavée de l’immeuble communique avec une ancienne écurie située au 24 de la rue Benjamin-Delessert, aujourd’hui transformée en garage automobile.
La rue Jacquart offre de nombreux exemples de l’activité artisanale et industrielle de Pantin de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle.
La plus typique est la parfumerie Salomon située au numéro 8. C’est en 1924 que la société Salomon, implantée à Pantin dès le début du XXe siècle, fait construire de nouveaux bâtiments dans la rue. À cette époque, Pantin compte cinq parfumeries et fabriques de savons de toilette. L’établissement comporte un atelier, bâtiment de bois et brique construit sur deux niveaux et traversant la parcelle en profondeur, complété par un pavillon de gardien à l’entrée et au centre et par un édifice d’administration ou de logement du patron. L’entrée monumentale, construite dans le style de l’architecture des manufactures, a disparu. En 1974, l’entreprise a cessé ses activités sur ce site reconverti en lofts et appartements.
La parcelle du 22-26 rue Jacquart a quant à elle accueilli à partir de 1879 la fabrique de caoutchouc Casassa et Culaz devenue Manufacture générale de caoutchouc F. Casassa Fils et Cie. Au début de la première guerre mondiale, 80 ouvriers environ y travaillaient. En 1937, c’est le fabricant de chaussures André qui s’y installe. L’usine est détruite à partir de 2007 et des logements sociaux y sont construits.
Le 30 rue Jacquart est également représentatif de ces petites industries très bien insérées dans le tissu résidentiel, notamment par un alignement sur rue dissimulant la halle de fabrication. Ici, ce sont les établissements Kretzschman qui s’installent dès 1925 dans une halle métallique hourdie de briques, couverte d’un toit à deux pans et éclairée par des lanterneaux vitrés. Voué d’abord à la fabrication de charpentes métalliques, le site se consacre à partir de 1953 à la fabrication et l’entreposage de manomètres.
Personnalité remarquable
Au numéro 25 de la rue Jacquart était situé l’atelier de l’artiste pantinois Adelson Ducobu. Né en 1887 en Belgique, ce graveur sur verre s’installe à Pantin et travaille à la cristallerie Stumpf, Touvier, Viollet et Cie (anciennement cristallerie Monot) située rue de Paris, l’actuelle avenue Jean-Lolive. Il ouvre par la suite ses propres ateliers de gravure sur verre et sur cuivre rue Jacquart. Très investi dans la ville, notamment auprès de la conférence de Saint-Vincent-de-Paul qui portait secours aux plus démunis, il décède en 1960.
Situation
Quartier des Quatre-Chemins. Début rue Magenta / Fin avenue Édouard-Vaillant
Création
Créée comme voie privée au début des années 1860, sur des terres de l’ancienne ferme du Rouvray, par le groupe d'investisseurs parisiens Leroy frères et Forest. Elle est classée voie communale par délibération du conseil municipal du 28 novembre 1873.
Origine de l'appellation
La rue prend le nom du maréchal César Berthier (1765-1819), officier de Napoléon Ier. Elle est en effet ouverte sous le règne de Napoléon III, où les allusions aux victoires (Magenta, Solférino) et aux hommes (Davoust) des Premier et Second Empires sont très fréquentes pour nommer les lieux.
Le quartier des Quatre-Chemins connaît au XIXe siècle une urbanisation rapide du fait de la proximité de Paris (annexion des fortifications en 1860) et de l'industrialisation : il faut de la place pour les usines et les logements des ouvriers. Dans ce contexte, les spéculateurs Louis-Pierre et Charles Leroy et Eugène Forest achètent des terrains, alors encore agricoles, et tracent plusieurs rues rapidement bordées par des immeubles de rapport aux logement exigus mais bon marché.
En novembre 1873, les promoteurs cèdent à la commune plusieurs rues à l'ouest de la route d'Aubervilliers (actuelle avenue Édouard-Vaillant), entre la rue Sainte-Marguerite, la rue Solférino (actuelle rue Pasteur) et la rue Blanche (actuelle rue du Chemin-de-Fer). La rue Berthier fait partie de ce lot. Ils promettent, à cette occasion, une aide financière pour des aménagements (installation de l'éclairage au gaz et de bouches d’égout, réparation du pavage) qui, manifestement, faisaient jusque-là défaut. Les égouts ne seront cependant pas installés avant 1891.
La rue Berthier, à l'origine, n'allait pas au-delà de l'actuelle rue Henri-Martin (rue Neuve-Berthier jusqu’en 2019). Elle sera par deux fois prolongée. D’abord en 1876, date à laquelle la municipalité achète un terrain pour la conduire jusqu'à l'avenue Édouard-Vaillant, puis en 1896 quand elle est agrandie en direction de Paris. Cette portion sera par la suite annexée au 19e arrondissement de Paris sous le nom de rue Forceval.
Lieux et bâtiments remarquables
La rue Berthier était, depuis 1865, dominée par les cheminées de la savonnerie Rémy installée au n°10. Son développement lui permettra d'absorber les n°12 à 18 de la même rue. L'entreprise disparaît en 1968 et ses bâtiments sont démolis en 1995 pour, notamment, faire place à un programme de logements sociaux et à la bibliothèque Jules-Verne.
En 1892, un fourneau économique municipal est établi au n°7. L’hiver, les plus démunis viennent y acheter, pour quelques sous, du bouillon, de la viande et des légumes.
Quant au centre municipal d'hygiène sociale, il est construit en 1930 au n°25 sur une parcelle traversante débouchant rue Sainte-Marguerite. Il offre des consultations prénatales et pour les nourrissons, une « goutte de lait » fonctionnant avec l’Assistance publique, une crèche, un service de rayons ultra-violets et deux dispensaires. Il témoigne, par son architecture, du goût Art Déco de l'époque et des préoccupations sociales de la municipalité du maire Charles Auray. Aujourd’hui, la crèche ne fonctionne plus mais le nom de "Goutte de lait" inscrit sur le fronton désigne le bâtiment.
Pantin, le 16 avril 2020
Florence Levillain entre dans les collections municipales en 2019 avec l’achat d’une œuvre issue de l’exposition conjointe « Bains Publics » avec Laurent Kruszyk qui s'est tenue en 2017 aux Sheds de Pantin, dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris. Son goût prononcé pour la mise en scène et le travail avec la lumière sont bien visibles dans cette série qui saisit la variété et la complexité des être humains dans un contexte aussi particulier et intime que les bains publics.
Rencontre avec une artisane de la photographie.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est-ce qui vous a conduite vers l’art et le métier d’artiste ?
Je vais être très cash : je n’ai jamais fait ce métier pour être artiste. Dans ma tête je suis artisan. Je me suis formée à la chambre de commerce et d’industrie et j’ai commencé mon métier en alternance. L’époque rendait cela possible : il y a trente ans la photographie était un artisanat et un savoir-faire. J’ai appris l’éclairage et le travail en studio en photographiant des objets. Évidemment mon but était d’avoir un métier et une compétence, mais aussi de dire des choses.
J’ai commencé avec un job en alternance dans un studio de pub où je faisais des catalogues : je photographiais des chaises, des habits, des frigos et des produits alimentaires. Cela m’a énormément appris, notamment toute la technique d’éclairage. Au bout de deux ans d’apprentissage, je suis devenue indépendante afin de parcourir le monde et me concentrer sur des sujets journalistiques. La photo était devenue un outil pour devenir journaliste.
Petit à petit, dans ma pratique, s’est dessinée une écriture qui portait beaucoup sur le quotidien des gens. Je partais trois mois à l’étranger (Canada, Ukraine, Turquie, Chine…) pour réaliser des sujets que je vendais ensuite à la presse. Ils étaient tournés vers notre société : la fabrication du parfum en Turquie, celle de la soie ou du vin en Chine, la vie des femmes, etc.
En parallèle de ces voyages, quand je revenais en France, je vivais de commandes. C’est à ce moment que j’ai décidé de développer un travail personnel qui s’appelle Planète Mars au bout de votre rue. À la fin des années 90, j’ai décidé d’appliquer la même démarche – le reportage – en France, à cet univers autour de nous qu’on croit connaître et qu’on ne connaît pas bien en réalité. J’ai commencé une série sur des femmes à Rungis : j’ai suivi une bouchère, une fleuriste, une fromagère, une maraîchère. En 1999 j’ai gagné le prix Kodak avec ce sujet. À partir de ce moment s’est dessinée une nouvelle écriture, toujours assez journalistique, mais avec un regard engagé sur notre quotidien.
Dans mon travail en général j’ai toujours veillé à ne pas privilégier un style, mais à adapter les techniques en fonction du sujet : j’ai par exemple utilisé un Polaroid pour un travail sur les objets trouvés, du traitement croisé pour la série à Rungis. J’ai cherché à chaque fois un dispositif qui s’adapte au mieux à ce que j’ai envie de raconter.
Lorsque j’ai décidé de me concentrer sur la France, j’ai mis de côté le journalisme et les voyages lointains : notre pays était un voyage en lui-même. J’ai continué à répondre à des commandes en tant qu’artisan pour mon travail alimentaire, tout en gardant mon travail personnel dans lequel j’ai toujours fait en sorte de ne dépendre d’aucun client. Certains appellent cela un travail artistique, moi j’appelle ça un travail d’auteur parce que j’y suis indépendante. J’ai toujours laissé le soin au public de décider si j’étais une artiste ou pas. Dans le projet Planète Mars au bout de votre rue j’ai essayé d’être curieuse, de me faire plaisir, d’être contente de moi. Il s’agit de choses totalement personnelles qui prennent des formes multiples et qui représentent ma bulle intime.
Parlez-nous de votre formation et pratique artistique
Grâce à ma formation j’ai toujours été très attentive à l’éclairage, qui représente pour moi le côté artisanal du métier.
En trente ans de carrière, la profession de photographe a subi des métamorphoses énormes avec l’apparition du numérique et l’arrivée sur le marché d’un ensemble de professionnels qui ont eu accès à la photo avec plus de facilités techniques.
De mon côté j’ai réalisé des photos à la chambre pour les catalogues, en diapo, du 4x5, tout éclairé en studio. C’est techniquement inabordable pour tout un chacun. Avec l’avènement du numérique, on est venu me chercher (notamment le milieu publicitaire) pour un savoir-faire que beaucoup n’avaient pas et que j'utilise très volontiers quand cela est nécessaire.
Parallèlement, je fais des recherches avec le téléphone portable. Elles sont venues d'un exercice que j'ai donné à mes élèves [cf. infra] : prendre une photo de son univers tous les jours avec le portable pour stimuler leur curiosité et observer qu'autour de soi il y a forcément quelque chose d'intéressant quels que soient l'heure, le moment... Évidemment les circonstances actuelles nous poussent à chercher encore plus, la difficulté stimule la recherche. Dans le cadre du confinement, je conçois deux séries : un reportage pour l’agence* sur ma famille où je me mets en scène (je n’ai personne d’autre sous la main!) et une série quotidienne en soutien à mes élèves, sur mon Velux® qui fait 1m² : tous les jours, depuis le début de l’isolement, je le photographie avec mon téléphone portable et le poste sur Instagram.
Concernant ma pratique au sens large, je travaille peu sur le paysage et quand je le fais c’est toujours en relation à l’homme, à la trace qu’il laisse dans l’environnement. Je suis perdue si je n’ai pas la taille humaine, je ne sais pas composer la nature seule. Ça évoluera peut-être, mais pour l’instant j’ai besoin d’une échelle. C’est pour cela que je me concentre plus sur les portraits.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
J’essaie de garder trois casquettes dans mon métier.
Tout d’abord, la commande photographique, où je travaille aussi bien un portait d’un PDG qu’un reportage sur l’association du coin. Au bout de trente ans de métier mon regard est de plus en plus recherché. Juste avant le confinement, j’allais réaliser un projet très intéressant pour une association qui pratique la réinsertion professionnelle et qui m’a demandé 30 portraits pour ses 30 ans. Cela devait faire l’objet d’une publication à la rentrée, mais pour l’instant le projet est suspendu.
Ensuite, mon travail personnel Planète Mars au bout de votre rue, que je poursuis depuis un an autour des expressions françaises que j’illustre au pied de la lettre. J’ai fait pour l’instant deux séries sur le sujet qui s’articulent en duo et que je réalise sur un système lenticulaire qui bouge. L’une d’elles sera exposée à l’automne à Foto Fever - photography art fair (15-20 novembre, Carrousel du Louvre). Ces séries sont réalisées en studio, avec une mise en scène très épurée et ludique. Le projet Planète Mars au bout de votre rue inclut aussi la série sur les bains douches exposée en 2017 lors du Mois de la Photo à Pantin ; il y a des univers inconnus au pied de nos immeubles. Il s’agit d’un projet qui recueille des travaux de différents styles : du très social au studio… l’important est que ce que je fais me fasse plaisir.
Enfin, j’enseigne à l’école des Gobelins aux designers graphiques à qui il est donné une base photographique concernant la lumière, la composition, etc.
Quels sont les artistes que vous aimez aller voir au musée et / ou sources d’inspiration dans votre travail ? Pourquoi ?
D'un point de vue militantisme, Jane Evelyne Atwood m’a vraiment portée lorsque j’étais jeune.
Concernant la vie quotidienne, j’ai été beaucoup influencée par l’humanisme de Willy Ronis et de Robert Doisneau… Richard Avedon, quant à lui, a marqué mon travail de portraitiste.
En dehors de la photographie, j’apprécie le travail de Joana Vasconcelos, plasticienne portugaise qui a été la première femme à investir le château de Versailles.
En outre, je suis de plus en plus ce qui se fait sur les réseaux sociaux : ce monde engagé est novateur. Je trouve cela foisonnant et je m’y intéresse de près. Cela représente une richesse incroyable. Mes filles me montrent beaucoup de choses, ce qui m’aide à vivre avec mon temps.
La musique me passionne également. J’ai grandi en faisant beaucoup de musique, jusqu’à l’âge adulte. J’ai moins le temps d’en faire aujourd’hui, mais j’ai joué pendant très longtemps du violoncelle. Cela me manque énormément. Cependant, je n’ai pas encore travaillé autour de la musique dans mes photographies. Il y a une certaine aura autour de ça et j’ai un peu peur de m’y attaquer, je ne sais pas encore par quel biais le prendre. Cela me travaille, un jour j’y viendrai mais ce n’est pas encore le moment.
Quel est votre lien avec Pantin ?
Mon lien avec la Seine-Saint-Denis est très fort depuis le début de ma carrière. J’ai beaucoup travaillé avec la ville de Saint-Denis, Plaine Commune, pour le ministère de la Ville par le biais de commandes. J’ai fait des reportages sur le terrain et c’est donc un territoire que je connais très bien et que j’ai toujours aimé pour sa diversité, son énergie et ses aspects aussi riches que compliqués.
J’ai été ravie que le Mois de la Photo soit devenu le Mois de la Photo du Grand Paris, en 2017, on pouvait enfin sortir du parisianisme et de ce périmètre qui nous enfermait. Aller en banlieue me plaît beaucoup, j’ai besoin de ça.
Lorsqu’on m’a proposé d’exposer ma série Bains publics pour cet événement, j’ai adoré que ce soit en banlieue. Le partenariat avec Pantin a été formidable pour moi, même si je connaissais moins cette ville que d’autres du département.
Je voulais réaliser le projet autour des bains publics depuis un moment dans le cadre de Planète Mars au bout de votre rue. En vue des élections présidentielles, le festival Images Singulières proposait une bourse photographique pour les artistes qui avaient un travail au long cours sur la précarité en France. Je trouvais que les bains douches correspondaient exactement à cette thématique. En effet, lors des prises de vue je n’ai pas bougé et pourtant j’y ai croisé la France entière, cela concentrait toutes les populations : les vieux, les immigrés, les travailleurs, les non travailleurs, les femmes, les gens de passage, les touristes… tout le monde était là. C’est ainsi que j’ai obtenu la bourse et reçu la proposition d’exposer ce travail dans le cadre du Mois de la Photo, en partenariat avec la Région Île-de-France et la ville de Pantin. L’exposition a eu lieu dans les Sheds à Pantin, avant leur réhabilitation.
La création de cette exposition a été un moment fort pour tous ceux qui ont participé à son organisation : j’ai beaucoup porté ce projet, la ville a apprécié l’exposition et l’engagement au sein du Mois de la Photo ; il y a eu un catalogue édité par la Région, beaucoup de visites. Ça a été un moment très fort de partage et de travail d’équipe et chacun y a mis énormément d’énergie et de moyens pour aboutir à une exposition de qualité.
Cela a été la première fois que je travaillais à Pantin. La deuxième aurait dû être en avril, pour le projet Moi, photographe, qui est repoussé à l’année prochaine. Je réaliserai des ateliers autour de la photo d’objet et de paysage avec les habitants du quartier des Quatre-Chemins.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
J’adorais le lieu où j’ai exposé, les Sheds. Il s’agit d’ateliers d’une ancienne usine de Cartier-Bresson, le père du photographe, qui produisait du fil de coton. Le clin d’œil était incroyable, le lieu magnifique, les tags à l’extérieur splendides, tout comme l’aspect brut et usine désaffectée. J’aime beaucoup aussi toute la balade le long du canal.
Qu’est ce qui vous fait du bien pendant cette quarantaine ? Une astuce…
Profiter. De chaque instant, de ma famille, de ce qu’on mange, de ce qu’on voit, d’un rayon de lumière, des petits instants. Mis à part ça, à la maison on essaie de bien cuisiner lors de moments de partage, de faire du sport ensemble, j’ai mes photos à faire et pour mes mises en scène je déménage mon appartement deux fois par jour : j’apprécie à chaque moment d’avoir une famille aussi compréhensive. C’est un joyeux bazar enfermé. Et tous ces petits instants font que je vais bien.
Je pense que la même situation sans ma famille et la photo serait différente.
* Florence Levillain est représentée par l’agence photographique Signatures – Maison de photographes.
Pour aller plus loin :
https://www.instagram.com/florence.levillain/?hl=fr
https://www.florence-levillain.com/
https://www.signatures-photographies.com/photographe/florence-levillain
Pantin, le 14 avril 2020
Jean-Baptiste Lenglet entre dans les collections municipales en 2018, lorsqu'il offre à la ville la sérigraphie History of Trance 5. Entre 2018 et 2019, il travaille – à la demande du pôle Mémoire et patrimoine – autour d’une commande d’œuvre d’art. Celle-ci, le FMAC-P Virtuel, est un musée virtuel qui dévoile, pour la première fois, l’entièreté du Fonds municipal d’art contemporain de Pantin (FMAC-P) au grand public. Ce fonds d’art, jusqu’à présent uniquement visible dans les structures de la ville, est montré dans un écrin particulier : une architecture imaginaire virtuelle créée par l’artiste grâce à une application de jeux vidéo et à découvrir via un casque VR (réalité virtuelle). Parallèlement à cette commande, Jean-Baptiste Lenglet collabore avec le pôle Mémoire et patrimoine et les maisons de quartier au projet « Moi, commissaire d’expo », qui vise à partager l’expérience du FMAC-P Virtuel et à accompagner un groupe d’habitants dans la découverte du métier de commissaire d’exposition. Ce travail aboutit à une exposition créée par les participants, visible lors des Journées Européennes du Patrimoine 2019.
Rencontre avec un artiste touche-à-tout.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
J’ai un lien familial avec l’art : mon grand-père et ma mère étaient peintres et professeurs d’arts plastiques. Il y a de ça, mais aussi dans une certaine mesure tout le monde est artiste et la différence réside dans l’investissement. Certaines personnes s’investissent plus que d’autres et en font leur métier. Moi je suis devenu vraiment artiste quand je suis entré au Beaux-Arts de Paris. La légitimité d’être artiste je l’ai eue avec l’école. Après le bac j’ai fait une classe prépa, puis je me suis réorienté vers le cinéma et de là je suis passé aux Beaux-Arts. L'entrée aux Beaux-Arts a suscité un déclic, j’ai eu la sensation de me trouver et j’ai décidé d’être artiste.
Mais artiste est un mot valise et aujourd’hui la question est plutôt qu’est-ce qu’être artiste ? Cela veut tout autant dire faire de la peinture que de travailler sur des projets dématérialisés. Il s’agit d’investir la créativité et, surtout, réinventer le fait même d’être artiste.
Parlez-nous de votre pratique artistique.
Au départ je viens de l’art vidéo. De fil en aiguille je me suis tourné vers des expositions virtuelles (comme pour le FMAC-P Virtuel). Je travaille avec le médium du jeu vidéo, réinvesti de manière artistique en faisant des œuvres en réalité virtuelle.
Je continue de peindre. Je suis un artiste touche-à-tout, je fais de la musique et du son également, pour les bandes son de mes vidéos, mais pas uniquement. J’essaie de développer cela et, par moments, je réalise des pièces plus spécifiquement sonores.
Le choix du médium que j’utilise est fonction d’un projet ou d’une exposition : par exemple le projet du FMAC-P Virtuel m’a permis d’explorer plus concrètement le domaine de l’architecture. Ce qui est difficile, lorsque l’on a des pratiques diverses, est de ne pas s’éparpiller et d’arriver à développer chacune d’elles. Par exemple on ne s’improvise pas peintre, il faut de la technique, de l’assiduité et de l’envie. Ma pratique artistique est donc liée à des projets, qui l’appellent, mais aussi - bien sûr - à des désirs de faire.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je vais bientôt faire une exposition de peinture et de vidéo à la Galerie Édouard Escougnou, à Paris, d’ailleurs avec un artiste récemment installé à Pantin, Baptiste Caccia. Elle a été reportée à cause du confinement et verra le jour en juin ou en septembre. Son titre est « Eau-cactus ».
Je continue également mon travail sur le projet Virtual Dream Center*, qui prend une résonance toute particulière en cette période de confinement.
Enfin avec l’artiste Jessica Boubetra [dont deux œuvres sont aussi présentes dans les collections de la ville de Pantin, ndlr], nous sommes en train de créer un atelier de céramique. Il s’agira du premier lieu destiné à l’impression 3D en céramique à Paris, où des professionnels (architectes, designers…) pourront produire et imprimer des objets en céramique.
*Projet de centre d’art virtuel qui accueille des expositions exclusivement virtuelles spécialement conçues par des artistes de différents horizons via un moteur de jeu vidéo.
Avez-vous des artistes favoris ou qui sont sources d’inspiration pour vous ?
Dans les musées j’adore m’attarder devant les peintures, j’adore la peinture ! Récemment j’ai admiré les toiles de Fernand Léger et de Picasso lors de l’exposition Charlotte Perriand, à la Fondation Louis Vuitton.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
J’ai habité trois ans à Pantin, avenue du Général-Leclerc, vers le cimetière. Il s’agit d’un lieu étrange, sur la nationale, et ce côté no man’s land m’a beaucoup plu. Je suis très content d’avoir habité cet endroit excentré. J’étais aux marges de Pantin et je voyais assez peu de personnes finalement de ce côté de la ville. J’allais courir le long du canal, qui est très beau aussi.
Ce que j’ai aimé de mon quartier c’était la poésie qui s’en dégageait, l’aspect presque désaffecté. Et aussi le cimetière ; c’était très beau à cette période, au printemps. Ce que j’appréciais c’était la jonction de plusieurs banlieues, avec Bobigny et Aubervilliers… Ce qui m’a plu pendant ma période pantinoise c’est plus la périphérie de Pantin que le centre.
Votre astuce pour cette quarantaine ?
Faire du yoga ! Cela permet au dos et à la tête de se maintenir en équilibre.
Pour aller plus loin :
Pantin, refuge de déserteurs et d'activistes anti-guerre du Vietnam en 1969
Découvrez Pantin à votre rythme.
Téléchargez le circuit-découverte consacré au canal de l'Ourcq, imprimez et... en route !
Activités du Comité de défense des intérêts généraux de Pantin Centre (168Z)
Les archives municipales ont reçu en don un cahier manuscrit témoignant des activités du Comité de défense des intérêts généraux de Pantin Centre entre sa création en 1938 et 1939.
Le Comité de défense des intérêts généraux de Pantin Centre est une association loi 1901 d'habitants du quartier de la place de l'Église. Créé afin de faire valoir les intérêts des habitants de Pantin Centre auprès de la municipalité, notamment en matière d'urbanisme et de défense des petits commerçants, ce comité est également très actif dans l'organisation de fêtes de quartier et de manifestations sportives.
En 1938, six comités étaient en activité à Pantin. Outre celui de Pantin Centre, les quartiers du Petit-Pantin (les Limites et l'Avenir), des Quatre-Chemins, du Centre Mairie, du Haut-Pantin et de la porte de Pantin disposaient d'une association similaire. Un comité était en formation pour les Champs-Élysées.
Tenu par le secrétaire de l'association, M. Poirier, le cahier contient les comptes rendus des réunions et assemblées générales du comité, qui permettent de retracer ses activités, ainsi qu'une liste de ses membres.
Ce document a été donné aux archives de Pantin par Pascale Étiennette, conservateur du patrimoine responsable des Archives de la préfecture de police de Paris, le 18 décembre 2015. Le cahier avait été retrouvé dans un appartement qu'elle a acquis à Pantin, et dont la précédente propriétaire était une descendante de M. Poirier.
Si vous aussi vous êtes en possession d'archives éclairant l'histoire de Pantin et que vous souhaitez leur offrir de meilleures conditions de conservation, de valorisation et de communication au public, n'hésitez pas à nous contacter.
Moule en bois d'un moteur de compresseur d'air (57Z)
La société Monin est créée à Saint-Denis vers 1900. En 1955, elle s'installe à Pantin, au 42 rue Diderot. Devenue Spiros Demag l'entreprise est spécialisée dans la fabrication de compresseurs, engins de chantier, matériels ferroviaires et génie des armes. Le groupe Spiros Demag France est racheté en 1973 par la holding allemand Mannesman. Il existait des succursales à Rouen, Lille, des usines à Francfort, Schopfheim, Simmern en Allemagne et en France à Châlons-sur-Marne. Seule une partie des locaux est conservée par la société, l'autre est rachetée par un investisseur privé. Datant de 1934, les bâtiments d'un seul niveau et couverts d'une toiture en sheds sont rénovés puis divisés en petites surfaces à louer. L'entreprise quitte Pantin pour l’Essonne en juin 1994.
Le pôle Mémoire et patrimoine collecte alors les archives industrielles abandonnées dans les locaux laissés vacants. Bien que très partiel, le fonds est intéressant. On trouve essentiellement des documents administratifs de la société, plusieurs moules de fonderie ainsi qu’un ensemble iconographique composé de plaques de verre, de diapositives et de tirages papier. Les archives plus récentes ont été emmenées par l'entreprise lors de son déménagement.
Le pôle Mémoire et patrimoine édite quatre collections de brochures : "Un lieu, un architecte", "Parcours d'architecture", "Conférences du mercredi" et "Face aux oeuvres".
Des fumées noires aux vapeurs blanches, l'histoire de la Grande blanchisserie de Pantin