Quartier Mairie-Ourcq. Début avenue Jean-Lolive / Fin quai de l’Aisne
Création
La rue de la Solidarité « nouvellement ouverte » est classée au nombre des voies communales par délibération du 8 juin 1888, à la demande des propriétaires des terrains représentés par messieurs Royant et Courtois, architectes.
Origine de l’appellation
Dénommée rue de la Solidarité à sa création, la voie est rebaptisée rue Étienne-Marcel par délibération du 21 novembre 1888. Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris au XIVe siècle, a mené un mouvement réformateur cherchant à instaurer une monarchie contrôlée. Délégué du tiers état, son rôle a été crucial au cours des états généraux de 1355-1357 tenus pendant la guerre de Cent Ans. Il meurt assassiné par les bourgeois parisiens, qui considèrent qu’il est allé trop loin dans son opposition au pouvoir royal.
Bref historique
Après la tentative de sécession du quartier des Quatre-Chemins en 1872-1873, décision est prise de construire un nouvel hôtel de ville entre l’ancien bourg et le nouveau quartier séparatiste. Ce déplacement modifie le centre de gravité de la ville et impulse le développement, fin XIXe, du secteur compris entre la nouvelle mairie et le quartier de l’Église.
Les années 1880-1890 voient la mise en viabilité et l’ouverture progressive de nouvelles voies dans le quartier du « Centre », à commencer par la rue Étienne-Marcel. Leur tracé complète le maillage orthogonal et permet de desservir de grands terrains propices à l’implantation d’industries.
En 1892-1893, des portions de canalisations d’égout sont construites aux deux extrémités de la rue Étienne-Marcel, co-financées par les propriétaires riverains, mais elles ne suffisent pas à assainir la voie. En 1894, le conseil municipal précise que cette rue est « une voie très fréquentée et dont la viabilité laisse beaucoup à désirer. La chaussée a été faite en macadam sur un sol glaiseux, de telle sorte qu’en hiver elle est presque impraticable à cause de la boue et en été, elle est insupportable en raison de la poussière ». Les conseillers votent son pavage ainsi que le prolongement de 150 mètres de l’égout, permettant ainsi le raccordement des tronçons existants. Fin 1918, un nouvel égout est projeté pour la portion entre la rue Victor-Hugo et le canal, la canalisation étant « devenue insuffisante par suite de l’établissement d’industries et se trouv[ant] de ce fait très fréquemment engorgée ». Albert Poulet, industriel installé au 57 de la rue, offre l’année suivante de contribuer aux frais de construction de cet équipement.
Lieux et bâtiments remarquables
Les dossiers de commodo et incommodo, enquêtes administratives préalables à l’implantation ou la modification d’une installation « classée », c’est-à-dire susceptible de nuire à l’environnement, montrent la forte implantation d’activités industrielles dans la rue Étienne-Marcel, au moins jusqu’aux années 1970.
Au numéro 8 de la rue, le petit atelier familial de verrerie de Léon Grébil est installé jusqu’au milieu des années 1960. Spécialisé dans la taille traditionnelle sur verre et cristaux, son activité s’orientera progressivement vers la miroiterie d’art.
Au 16 ter, dans un bâtiment en rez-de-chaussée aujourd’hui détruit, le Pantinois André Chardonnet achète après la seconde guerre mondiale un garage. C’est là qu’il fixera le siège social de Chardonnet SA, un des deux plus grands importateurs privés de voitures étrangères en France. L’entreprise, qui compera plus de 700 concessionnaires et agents au milieu des années 1980, déménage en 1970 pour Bobigny.
Sur un terrain de forme triangulaire compris entre le numéro 57 de la rue Étienne-Marcel (numéro ayant disparu), la rue Victor-Hugo et le canal de l'Ourcq, les ingénieurs Hartmann et Poulet exploitent dès 1912 un atelier de chaudronnerie de fer et de cuivre. L’entreprise se spécialise dans la production d’emballages pour gaz comprimés, liquéfiés et dissous. Pendant la Grande Guerre, la société fabrique des torpilles aériennes et du matériel pour les poudreries. Rachetée en 1934 par monsieur Mylles, d'origine australienne, l’entreprise rebaptisée Poulet SA se spécialise dans le sur-mesure, notamment pour le secteur militaire, et produit des bouteilles, sphères et tanks de gaz comprimés, mais aussi des fours, des fers à repasser et des chauffe-plats. En 1929, soixante-dix personnes y travaillent mais peu à peu l'effectif baisse, les machines remplaçant le travail de l'homme. L’entreprise ne compte plus qu'une vingtaine d'employés dans les années 1980 et ferme en 1994. Les ateliers sont démolis en 1999.
Caractérisé par ses nombreuses industries, le quartier a toujours eu également une vocation résidentielle. En témoignent les immeubles bourgeois construits sur le modèle hausmannien : au 26, un édifice en pierre de taille de 1900 dessiné par l’architecte Deligny ; au numéro 31, un grand immeuble de 1895 de l’architecte Lefrançois. D’autres bâtiments adoptent les proportions hausmanniennes mais sont édifiés en brique, comme l’immeuble d’angle du 33, des architectes Just et Denis, datant de 1906. Signalons aussi au 18-22 un bel alignement de trois immeubles en brique enduite, ou encore, au numéro 37 (cf. photo à gauche), un édifice en brique polychrome de 1906. Des immeubles de rapport plus modestes, enfin, hébergent les ouvriers des entreprises voisines.
Entre le 27 et le 29 de la rue, s’ouvre depuis 2007 un jardin public de 3 500 m² traversant l’îlot jusqu’à la rue Hoche. Le square Montgolfier (cf. photo à droite), dessiné par l’agence Pena & Pena, est constitué de trois espaces – de jeux, d’eau et de lecture – reliés par une passerelle surplombant un vallon arboré.
Personnalité remarquable
André Breton (1896-1966), poète et écrivain, chef de file du mouvement surréaliste, est âgé de quatre ans lorsque ses parents s’installent à Pantin. Il vit notamment aux numéros 26 puis 33 de la rue Étienne-Marcel. Une salle située au 25 rue du Pré-Saint-Gervais porte son nom.