Le verre

CRISTALLERIE DE PANTIN (Stumpf, Touvier, Viollet et Cie)

Fondée en février 1847, la Cristallerie de Pantin est la première verrerie installée dans la ville, au 84 rue de Paris (actuelle avenue Jean-Lolive). En 1862, l'usine s'est considérablement développée : elle emploie environ 400 personnes et devient la 5e cristallerie de France. Ses produits sont reconnus pour leur qualité lors de l'exposition industrielle de 1878. Le caractère artistique de sa production est accentué à l'arrivée vers 1907 de Camille Tutré de Varreux, nouveau directeur artistique, qui signera « de Vez ». Il introduit la belle collection des « Paysages de verre » caractérisés par une variété de motifs et une netteté du dessin qui les rapprochent de la peinture. Après la guerre, l'entreprise décline et elle est mise en vente en novembre 1931. Achetée par la société Paris-Pantin pour son terrain, l'usine est remplacée par le groupe scolaire Joliot-Curie et le gymnase Maurice-Baquet.

 

 

 

 

 

 

VERRERIE ET CRISTALLERIE DES QUATRE-CHEMINS (Vidié puis Legras)

En 1867, l'industriel parisien Jacques-Jules Vidié transfère sa verrerie de La Villette à Pantin, au 48 de la route de Flandre. La Verrerie et cristallerie des Quatre-Chemins, de plus petite taille que la Cristallerie de Pantin, emploie entre 100 et 200 personnes avec une production moins diversifiée : elle s'oriente vers la fabrication d'articles ordinaires (verres pour limonadiers et laitiers, pichets, vide-poches, services à liqueur). Après la mort de Charles Vidié en 1897, elle est reprise par une famille de verriers, les Legras, qui dirigent depuis 1864 les verreries de Saint-Denis. La production devient alors plus sophistiquée avec des inscriptions gravées, de la verrerie décorée en verre de couleur. Après la guerre, elle se centre sur le style Art déco gravé à l'acide. Vers 1925, l'usine est cédée au parfumeur François Coty, probablement pour y fabriquer ses flacons ; elle ferme au début des années trente.

 

 

 

 

UNE TRADITION PANTINOISE D'ATELIERS VERRIERS

Outre les grandes cristalleries, Pantin accueille sur plus d'un siècle de nombreux autres établissements verriers. Excepté Sommier aîné qui emploie une soixantaine d'ouvriers pendant les années 1880, il s'agit majoritairement de petites entreprises familiales avec souvent moins d'une quinzaine de salariés. Elles forment progressivement un micro « bassin d'emploi » d'ouvriers qualifiés : souffleurs, tailleurs, graveurs, décorateurs, ce qui favorise le maintien local de ce type d'industrie. Ces établissements verriers pantinois se tournent vers plusieurs marchés : Paris bien sûr, la province, mais aussi Pantin où sont implantées très tôt distilleries, parfumeries, chocolateries, confiseries, etc. Certains ateliers familiaux subsistent jusqu'au milieu des années soixante, tel celui de Grebil rue Étienne-Marcel.

 

 

 

LES OUVRIERS DU VERRE

L'essor de l'industrie verrière à Pantin attire les ouvriers des régions traditionnellement productrices de verre. La présence de verriers de l'Est par exemple, marque l'identité du quartier des Quatre-Chemins, souvent appelé « Petite Prusse ».

Cette industrie mobilise un éventail assez large de métiers en fonction de l'activité et du type de produit fabriqué : verre ordinaire, décoratif, cristal. Forts de leur savoir-faire dû à un long apprentissage, les ouvriers verriers et tailleurs sur cristaux forment un milieu très organisé et solidaire, et ils obligent souvent les patrons à composer avec eux.

À Pantin, ils sont – avec les allumettiers – les travailleurs les plus combatifs à la fin du XIXe siècle. Après la guerre, les mouvements se raréfient : la grève la plus notoire est celle menée à la verrerie des Quatre-Chemins en octobre 1929 pour protester contre la brimade d'un ouvrier par le patron, le parfumeur Coty. Cette lutte bénéficie d'un soutien local : des secours alimentaires sont offerts à chacun des grévistes par la municipalité de Pantin et un concert et un bal de solidarité sont organisés à la salle de conférences (actuelle salle Jacques-Brel).

 

 

 

 

En savoir plus :

Vidéo : Des bracelets en verre pour nos gauloises. Archéologie, expérimentation, fabrication