Situation
Quartier du Haut-Pantin. Début rue Charles-Auray / Fin au Pré-Saint-Gervais
Création
Cette voie tracée à la limite de la Seigneurie, l’ancien domaine des seigneurs laïcs de Pantin, existe au moins depuis la fin du XVIIIe siècle, d’abord sous forme de chemin puis de rue.
Origine de l'appellation
Une délibération du 29 novembre 1829 mentionne la voie sous deux noms employés indifféremment à l’époque : chemin du Cimetière et chemin des Pommiers. La deuxième appellation, qui a perduré, tire probablement son origine des vergers présents dans ce quartier de Pantin avant son industrialisation.
Bref historique
L’histoire de la rue des Pommiers est intimement liée à l’extraction du gypse pour la production de plâtre, attestée à Pantin depuis la seconde moitié du XVIe siècle et en forte expansion au début du XIXe siècle.
Pavé très tôt afin de faciliter la circulation des voitures à cheval, le chemin des Pommiers est rendu en partie impraticable par l’exploitation des carrières à partir des années 1820. Dès 1856 et pendant plusieurs années, l’exploitant Louis-André Faguet y extrait de la pierre à plâtre et doit procéder à la déviation du chemin via sa propriété.
En 1858, une réfection du pavage est votée par le conseil municipal en raison de son état déplorable : « la chaussée est détériorée à ce point qu’avant d’arriver au cimetière […] elle forme une cavité profonde dans laquelle les eaux pluviales séjournent et croupissent ; […] non seulement cette rue est devenue impraticable mais […] les exhalaisons qui s’échappent de l’accumulation de ces eaux répandent des odeurs nuisibles à la santé publique. »
Au cours des années 1880 et 1890, plusieurs propriétaires cèdent à la Ville des portions de leurs terrains afin de permettre l’élargissement de la rue en échange de sa mise en viabilité. Terrassement, remblaiement, établissement de trottoirs et de canalisations sont réalisés progressivement, d’abord le long du cimetière puis dans la portion comprise entre les rues Candale et Chevreul. En 1897, l’éclairage public arrive rue des Pommiers avec l’installation d’appareils d’éclairage à l’huile. La voie est alors très utilisée par les tombereaux qui circulent entre les carrières en cours de remblaiement et la décharge.
Fin XIXe, les membres du conseil municipal considèrent que la rue des Pommiers est une voie importante car « appelée à faciliter le développement d’un quartier naissant ».
En 1931, afin de contribuer à l’assainissement du quartier, un égout est construit rue des Pommiers pour évacuer les « eaux de toutes sortes et matières de vidange » du lotissement Les Parfumées établi en 1928 et des habitations à bon marché qui seront édifiées en 1932-1933.
Lieux et bâtiments remarquables
Le tissu urbain de la rue des Pommiers, très hétérogène, est constitué de parcelles occupées par de l’habitat collectif, de l’habitat individuel, des équipements collectifs publics ainsi que des entreprises et commerces spécialisés.
La rue se distingue tout d’abord par la présence du cimetière communal. Auparavant situé près de l’église, il est transféré sur un terrain à flanc de coteau. Ouvert en 1818, il s’avère rapidement trop petit face à l’augmentation de la population pantinoise, et connaît plusieurs extensions jusqu’à atteindre au milieu du XXe siècle sa taille actuelle.
En raison de la proximité immédiate des anciennes carrières dont l’exploitation a fragilisé les sols, des éboulements (1914, 1928, 1941, 1945 entre autres) causent la destruction de nombreuses sépultures et obligent la municipalité à procéder à des travaux de réfection fréquents et coûteux.
Composé de 14 travées et de 33 carrés de dimensions variables, il accueille 47 chapelles funéraires datant de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le cimetière comprend aussi un carré militaire, un monument aux morts de la Guerre de 1870 et un monument pacifiste en hommage aux Poilus décédés au cours de la première guerre mondiale. En 2012, la ville a également construit un monument des Morts pour la France, destiné à recueillir les restes des concessions non renouvelées des soldats tués au combat.
En face de l’équipement funéraire, la rue des Pommiers borde la partie sud du parc de la Seigneurie, aménagé dans les années 1930 par Florent Nanquette en parc des sports, et dénommé stade Charles-Auray depuis 1932. La partie méridionale de cet équipement est occupée par trois courts de tennis en terre battue, attestés sur un plan de 1936, un en béton poreux et d’un mur d’entraînement construit depuis 1966.
Par conventionnement, c’est la section tennis du Cercle municipal des sports, devenue Tennis club de Pantin en 2009, qui fait profiter ses adhérents de ces infrastructures municipales.
Pour favoriser la pratique du sport en hiver, deux courts de tennis ont été couverts par des structures gonflables en forme de bulles. Depuis 2019, une construction plus pérenne couvrant deux terrains de tennis a débuté.
En continuant, au numéro 6 de la rue, on découvre une maison de 1886 d’un étage plus comble avec lucarnes, à décoration moulurée. La présence de l’enseigne « Les Pommiers » y atteste l’existence d’un débit de vin. Ce dernier, ouvert en 1902, est fermé depuis plusieurs décennies.
Entre le 35 et le 45 de la rue, les emblématiques habitations à bon marché (HBM) sont l’œuvre de l’architecte Félix Dumail et appartiennent à une vaste cité-jardin. Impulsée par l’Office public d’habitat à bon marché de la Seine, elle est édifiée entre 1927 et 1952 et s’étend sur les communes du Pré-Saint-Gervais, de Pantin et des Lilas.
L’aménagement du terrain de la rue des Pommiers prend place dans la seconde phase des travaux qui débute en 1932. Optant pour la monumentalité, l’architecte implante 322 logements répartis en six ensembles de collectifs, disposés en T le long de la voie. L’usage de la brique, l’animation des façades avec des baies triangulaires ou des loggias, le choix du dénivelé pour les hauteurs des bâtiments et le soin apporté aux détails ornementaux confèrent une forte qualité architecturale à l’ensemble.
En face, au 42-44 de la rue, la résidence des Pommiers qui comprend deux immeubles de neuf étages est caractéristique de l’architecture des années 1970. Le rez-de-chaussée accueille la maison de quartier du Haut-Pantin depuis 1990.
Personnalité remarquable
Figure locale, Roger Bécanne arrive à Pantin à l’âge de quatre ans, en 1927. Deux années plus tard, ses parents font construire un pavillon au 46 rue de Candale-Prolongée, juste en face du cimetière communal.
Enfant chétif, son père lui conseille la pratique du sport ; il intègre donc dès 1934 l’Éducation physique et populaire de Pantin (EPP) puis adhère dès sa création en 1942 au Cercle municipal des sports (CMS). Tennisman passionné et sportif engagé, il entre à la section Tennis en 1949 et en devient dirigeant bénévole. Il est président du CMS de 1985 à 1995 puis président d'honneur.
Propriétaire d’une horlogerie-bijouterie à Pantin, vice-président du comité du jumelage et très impliqué dans l’association des Amis des arts, Roger Bécanne, figure marquante de la ville décède le 12 mai 2013, il est enterré dans le cimetière de la rue des Pommiers.