Quartier du Petit-Pantin. Début rue Courtois / Fin rue Boieldieu
Création
Ouverte en 1861 par la Société immobilière de Pantin présidée par M. Moissonnier, elle est classée dans la voirie communale par délibération du conseil municipal du 19 décembre 1888.
Origine de l'appellation
La rue prend le nom de Jacquart dès sa création. Cette dénomination, qui sera approuvée par le maire de Pantin par arrêté du 21 novembre 1861, fait probablement référence au propriétaire du terrain sur lequel a été percée la rue.
Bref historique
Le quartier du Petit-Pantin, proche du village historique constitué autour de l’église, s’urbanise dans la seconde moitié du XIXe siècle sur des terrains occupés jusque-là par des carrières et plâtrières. Cette urbanisation découle notamment de l’implantation de la tannerie Courtois, vers 1855, sur une propriété derrière l’église qui deviendra, en 1877, le siège de la manufacture des tabacs de Pantin.
En 1861, un premier lotissement est créé à l’est de la rue Courtois par la Société immobilière de Pantin. Sept rues, outre la rue Jacquart, sont tracées : les rues Benjamin-Delessert, Béranger, Boieldieu, du Commerce (devenue rue du Docteur-Pellat), François-Arago, Palestro, Parmentier et Saint-Louis. Ce maillage de voies orthogonales constitue le quartier de l’Avenir.
Les îlots sont lotis et construits au cours des années 1870-1880, de façon assez éparse. Le pavage des rues sera réalisé au début des années 1890, tandis que le raccordement à l’égout n’interviendra que dans les années 1910.
La rue Jacquart est caractéristique de l’urbanisation de faubourg qui s’étend de la fin du XIXe aux années 1930. Les maisons de faubourg simples en profondeur avec toit en appentis et maisons d’angle à un étage côtoient des maisons pittoresques aux décors soignés, adossées parfois à des immeubles de rapport. Moins visibles, les ateliers et usines de taille moyenne, parfois situés en fond de parcelle, étaient fréquents ; aujourd’hui ils ont disparus ou ont été transformés en lofts.
Lieux et bâtiments remarquables
Aux numéros 5 et 7 se trouve l’une des constructions les plus emblématiques de la rue Jacquart. En 1905, l’architecte pantinois Alexandre Ract y dessine un ensemble immeuble et pavillon de pierre meulière, dont la décoration de brique et de frises en céramiques émaillées aux motifs floraux est inspirée de l'Art nouveau. Cette réalisation, caractéristique d’un phénomène de rentabilisation de parcelle, témoigne que la créativité n'est pas forcément absente des constructions de rapport. Un rajout imperceptible d’un autre architecte a réuni en 1925 le pavillon et l'immeuble. Entre 1910 et 1920, opère à cette adresse l’éditeur de cartes postales illustrées Charles Gaston Francq.
Autre exemple de réalisation de l’architecte Alexandre Ract, l’immeuble de brique à l’angle du 20 rue Jacquart et du 33 rue Benjamin-Delessert a été construit en 1903.
Plus typique des immeubles de rapport construits dans le prolongement du bourg, le numéro 17 de la rue Jacquart a été édifié en 1890 par les architectes Petitpas et Guignanbert. Cet immeuble de rapport à deux étages et combles à lucarnes possède une façade enduite de plâtre et est doté d’une porte charretière. La cour pavée de l’immeuble communique avec une ancienne écurie située au 24 de la rue Benjamin-Delessert, aujourd’hui transformée en garage automobile.
La rue Jacquart offre de nombreux exemples de l’activité artisanale et industrielle de Pantin de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle.
La plus typique est la parfumerie Salomon située au numéro 8. C’est en 1924 que la société Salomon, implantée à Pantin dès le début du XXe siècle, fait construire de nouveaux bâtiments dans la rue. À cette époque, Pantin compte cinq parfumeries et fabriques de savons de toilette. L’établissement comporte un atelier, bâtiment de bois et brique construit sur deux niveaux et traversant la parcelle en profondeur, complété par un pavillon de gardien à l’entrée et au centre et par un édifice d’administration ou de logement du patron. L’entrée monumentale, construite dans le style de l’architecture des manufactures, a disparu. En 1974, l’entreprise a cessé ses activités sur ce site reconverti en lofts et appartements.
La parcelle du 22-26 rue Jacquart a quant à elle accueilli à partir de 1879 la fabrique de caoutchouc Casassa et Culaz devenue Manufacture générale de caoutchouc F. Casassa Fils et Cie. Au début de la première guerre mondiale, 80 ouvriers environ y travaillaient. En 1937, c’est le fabricant de chaussures André qui s’y installe. L’usine est détruite à partir de 2007 et des logements sociaux y sont construits.
Le 30 rue Jacquart est également représentatif de ces petites industries très bien insérées dans le tissu résidentiel, notamment par un alignement sur rue dissimulant la halle de fabrication. Ici, ce sont les établissements Kretzschman qui s’installent dès 1925 dans une halle métallique hourdie de briques, couverte d’un toit à deux pans et éclairée par des lanterneaux vitrés. Voué d’abord à la fabrication de charpentes métalliques, le site se consacre à partir de 1953 à la fabrication et l’entreposage de manomètres.
Personnalité remarquable
Au numéro 25 de la rue Jacquart était situé l’atelier de l’artiste pantinois Adelson Ducobu. Né en 1887 en Belgique, ce graveur sur verre s’installe à Pantin et travaille à la cristallerie Stumpf, Touvier, Viollet et Cie (anciennement cristallerie Monot) située rue de Paris, l’actuelle avenue Jean-Lolive. Il ouvre par la suite ses propres ateliers de gravure sur verre et sur cuivre rue Jacquart. Très investi dans la ville, notamment auprès de la conférence de Saint-Vincent-de-Paul qui portait secours aux plus démunis, il décède en 1960.