Les cimetières dans la ville
Si le rôle assigné aux cimetières a évolué avec le temps, son caractère singulier n'est pas nouveau. Il découle à l'origine de son statut, celui d'un espace sacré régi par l’Église et indépendant de la justice des hommes. C'est au XVIIIe siècle que s'opère un renversement qui annonce la naissance d'un espace laïc à part entière dans lequel les proximités indésirables sont progressivement interdites : celles du mort et du vif, du spirituel et du temporel dont les jeux et commerces étaient encore très divers. À partir du XIXe siècle, c'est autour du caractère public particulier du cimetière, de sa complexité domaniale que l'identité du lieu se transforme. Alors que les espaces d'inhumation sont soumis à des critères d'hygiène et à une organisation stricte qui participent à l'équipement rationnel du territoire et accélèrent la désacralisation du lieu. L'acte fondateur de cette transformation est le décret napoléonien du 23 prairial an XII (12 juin 1804). Il impose que les cimetières soient localisés en dehors de l'enceinte, sur des terrains facilitant la décomposition des corps sans risquer de contaminer leur environnement.
Pour suivre cette réforme, la commune de Pantin ferme le cimetière situé au nord de l'église Saint-Germain et ouvre en 1818, dans les confins de la commune, au nord de la butte de Romainville, un nouveau cimetière. L'accroissement rapide de population impose de nouvelles extensions, effectives dès 1859 et jusqu'au début du XXe siècle. La fragilité des sols environnant le nouveau cimetière entraîne des nombreuses contraintes : en 1825, le curé de Pantin menace de ne plus se rendre au cimetière tant que la voie d'accès reste détériorée. La commune devra alors mobiliser, entre 1828 et les années 2000, des moyens significatifs pour la réparation et l'entretien du lieu.
À Paris, de nouvelles aires d'inhumation doivent être trouvées en dehors de la ville. La création de cimetières parisiens extra-muros débute. Celui de Pantin-Bobigny, ouvert en 1886, est le plus grand. Il occupe un septième du territoire de Pantin et porte, avec les 75 hectares de l'emprise SNCF, à près de 150 hectares les superficies inconstructibles de la commune.
Les deux cimetières offrent une diversité architecturale et naturelle très importante. S'ils sont à priori considérés comme une emprise peu valorisante, le plan local d'urbanisme (PLU) de Pantin considère qu'ils composent, avec le canal de l'Ourcq, la voie ferrée, les anciennes routes de chasse, les lignes des forts et le parc des Courtillières « le grand paysage de Pantin ». Ces éléments de structure urbaine concourent à l'identité sociale et visuelle de la ville et sont identifiés comme des éléments à potentiel patrimonial.