Patrimoine protégé

Deuxième ville du département à compter le plus de monuments protégés, Pantin peut en effet s’enorgueillir de six édifices classés ou inscrits au titre des Monuments Historiques et de sept édifices ou quartier labellisés "Patrimoine du XXe siècle".

Le label « Patrimoine du XXe siècle » a été lancé par le ministère de la Culture et de la communication en 1999 ; il a pour objet d'identifier et de signaler à l'attention du public, au moyen d'un logotype conçu à cet effet, les constructions et ensembles urbains protégés ou non au titre des Monuments Historiques ou des espaces protégés.

 

 

 

ÉGLISE SAINT-GERMAIN

Place de l’Église

 

En 1096 une Bulle d’Urbain II confirme les biens de Saint-Martin-des-Champs, dont l’église de Pentinum et ses dépendances. En 1659, François Levé, architecte du Roi, conclut dans un procès-verbal de visite que l’église est « vieille et caducte, et en très grand peril ». Il est décidé peu après de la démolir pour en édifier une nouvelle sur son emplacement. La première pierre de l'église actuelle est posée en 1664. Les travaux sont menés par Michel Villedo, l'un des plus grands entrepreneurs de son temps, maître général de maçonnerie des Bâtiments du Roi. Le marché de 1664 indique une construction à l’économie : tous les moellons et gravats de l’ancienne église sont remployés dans les murs de la nouvelle, les vieilles pierres retaillées. La couverture est en tuile grand moule et les gouttières en plomb. Le chœur est dallé de terre cuite et la nef de plâtre. L'église, en croix latine, est complétée de bas-côtés et de sacristies encadrant le chœur à chevet plat, qui confèrent à l'édifice une silhouette massée, rectangulaire, couverte d'une toiture unique à deux versants. En 1736, le clocher qui menace ruine est démoli et reconstruit par Joachim Beausire, maître maçon, en même temps que le porche. Au cours du XIXe siècle, un perron est aménagé, de nouvelles verrières installées, la couverture de tuile remplacée par de l'ardoise, les aménagements intérieurs refaits.

En 1951, le projet de rénovation urbaine de l'architecte Honegger prévoit la destruction de l'église et son remplacement par une nouvelle au fond de la place. Son classement au titre de Monument historique en 1978 la sauve de la démolition.

 

 

 

ANCIEN HÔTEL PARTICULIER, dit FOLIE DE LA SEIGNEURIE ou FOLIE DE ROMAINVILLE

57 rue Charles-Auray - impasse de Romainville

Fin du XVIIIe siècle-début du XIXe siècle

 

Construite vraisemblablement par l'architecte du grand prieuré de France et inspecteur des bâtiments Perrard de Montreuil, cette maison de campagne de style néo-classique est bâtie sur un plan en H symétrique autour d’un axe nord-sud. Elle est composée d’un corps de logis principal de trois niveaux, couvert d’un toit à croupes plat, et flanqué de deux ailes latérales plus basses à l’est et à l’ouest. Un vaste portail encadre la porte. Le fronton des ailes est orné d’un bas-relief. La construction est postérieure à l’année 1773, date de l’adjonction de nouvelles parcelles au sud du terrain et de la création d’un jardin anglais. Elle fut vraisemblablement transformée en immeuble à loyers à la fin du XIXe siècle. La ville de Pantin achète le domaine à la famille Collinot le 13 novembre 1986. Elle confie la gestion de la location des logements à la société d'économie mixte immobilière de Pantin (SEMIP) puis à l'OPHLM à partir de 1992. Le bâtiment est jugé en état de péril en 1994 et connaît plusieurs travaux de consolidation et d'urgence dans les années suivantes. Aujourd'hui, la Folie est intégrée dans le projet de base de détente de plein air de la corniche des Forts.

La façade et les toitures ont été inscrites au titre des Monuments Historiques le 21 décembre 1984.

 

 

 

PISCINE LECLERC

49 avenue du Général-Leclerc

1937 / Charles Auray, architecte et Jean Molinié, ingénieur

 

En 1935, à l'occasion du projet de construction de l'usine des eaux, le maire de Pantin décide d'édifier à proximité une piscine municipale. Construite par son fils, Charles Auray et l'ingénieur Molinié, l'édifice s'inscrit dans le répertoire stylistique des années trente avec ses lignes parallèles, sa composition géométrique et l'utilisation de la brique. Charles Auray, jeune architecte de 24 ans, élève de Jean Trouvelot et Georges-Henri Pingusson, qui signe là sa première œuvre, s'est inspiré de l'hôtel de ville d'Hilversum, une ambitieuse réalisation de l'architecte Willem Dudock en 1924 aux Pays-Bas.

Inaugurée en 1937, la piscine prend place dans un vaste corps de bâtiment parallélépipédique. La disposition intérieure reprend l’organisation type des piscines de l’époque. Un ample bassin central de 33,30 par 12,50 mètres est entouré par des galeries en coursives, réparties sur deux niveaux et distribuant cabines individuelles, vestiaires, sanitaires, salles d’exercice physique. Ces distributions font office de balcons pour le public durant les compétitions. Le volume laissé libre au-dessus du bassin est mis en valeur par l’éclairage zénithal d’une grande verrière dans le toit terrasse. Les circulations ont largement conditionné la disposition intérieure, le circuit des personnes habillées et des personnes en maillot est clairement distinct, un jeu d’escaliers permet cette séparation. Un grand axe de composition longitudinal marque l’organisation de l’édifice et le découpe en deux parties symétriques. À ses extrémités, il est ponctué d’un côté par l’entrée principale dotée d’une loge vitrée semi-cylindrique, et de l’autre côté par le plongeoir qui se détache sur un mur courbe. À l’origine, ce dispositif donnait à l’ensemble une allure théâtrale qui mettait en scène les grandes rencontres sportives très populaires à l’époque. Un très grand soin a été apporté à la mise en œuvre de cet édifice, dont l’ossature est en béton armé, en particulier dans le second œuvre pour les matériaux de revêtement intérieur et les céramiques polychromes. Le bâtiment de la piscine répond en réalité à un programme plus complexe puisqu'il intègre une salle de culture physique et une salle de gymnastique avec douches et lavabos formant un étage supérieur supplémentaire, légèrement en retrait en façade et cachant la toiture.

Des travaux de réhabilitation du bassin et du bâtiment historique commenceront prochainement.

La piscine Leclerc est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 21 janvier 1997 et a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle".

 

 

 

USINE DES EAUX

49 avenue du Général-Leclerc

1936 / Charles Auray, architecte et Jean Molinié, ingénieur

 

La libération du site par le départ de Felix Potin donne à la Compagnie générale des eaux (CGE) l’opportunité d’ouvrir plusieurs forages profonds afin d'alimenter son réseau de distribution. Sur les 20000 m² disponibles, la CGE en acquiert 13 000 m² et la ville, 6 000 m². Piscine et usine des eaux forment ainsi un ensemble industriel et sportif, qui s’insère dans la politique hygiéniste, sociale et urbaine de la municipalité socialiste de Charles Auray entre les deux guerres.

L'eau provient de forages puisés dans des nappes souterraines du Sparnacien et de l'Albien et qui donnent une eau de très bonne qualité, car protégée des pollutions par la profondeur de l'aquifère. Une fois pompée, l'eau subit une oxygénation, puis une filtration sur sable et une chloration.

Située sur un terrain arboré de 12 000 m², l'usine des eaux comprend un atelier pour le pompage et un autre pour la filtration et la chloration. Le style très sobre de cette architecture en brique et béton, aux volumes d'une grande simplicité (seules les ouvertures, dont certaines sont traitées en bandeaux continus, animent les façades) et la qualité des matériaux confèrent un grand intérêt à l'ensemble.

Fermée en 2002, une réhabilitation architecturale par les ateliers Monique Labbé et une rénovation des installations permettent au SEDIF de réactiver l'usine en 2017.

Aujourd’hui cette usine fait partie, avec celles d’Aulnay-sous-Bois, d’Arvigny et de Neuilly-sur-Seine, du « dispositif d’ultime secours » et doit pouvoir fournir de l’eau de qualité à 4,4 millions d’habitants de la région.

Les façades, les toitures et le sol ont été inscrits au titre des Monuments Historiques le 21 janvier 1997. L'édifice a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle".

 

 

 

ÉCOLE DE PLEIN AIR

30 rue Méhul

1932-1933 / Florent Nanquette architecte

 

Au début du XXe siècle, de nouveaux types d’établissements scolaires sont préconisés pour faire face au développement croissant de la tuberculose. Dans ce contexte, la municipalité de Pantin ouvre dès le printemps 1923, une école de plein air sur le site du parc de la Seigneurie. Elle consiste en deux tentes Bessoneau et une baraque pour la cuisine. Cette école qui fonctionne de mai à octobre, reçoit 60 tout-petits choisis par les médecins inspecteurs parmi les enfants les plus chétifs des quatre écoles maternelles de la ville. L’effectif estival monte rapidement à 150 élèves. Elle est ainsi, bien avant le modèle de Suresnes, la première école de plein air de la Seine.

En 1930, la municipalité lance un vaste projet d’aménagement des 7 hectares du parc de la Seigneurie comprenant logements HBM, équipements (parc des sports) et substitution de l'école saisonnière par une école maternelle de plein air permanente de 8 classes. Symbole de l'école idéale, elle doit véhiculer des valeurs modernistes et hygiénistes et mettre en œuvre une pédagogie de l'éveil. Conçue par l’architecte municipal Florent Nanquette, le projet prend la forme d’un E ouvert sur le sud pour bénéficier d’un ensoleillement maximum. La cour est ainsi protégée des vents et offre un espace de jeux idéal pour les enfants. Dans la disposition intérieure, la barre verticale du E comprend les classes, tandis que les barres horizontales contiennent respectivement le réfectoire et la cuisine, la salle d’exercice et de jeux, le dortoir et les douches. Chaque salle est conçue pour être de plain-pied sur le jardin et ouvre à l’extérieur par une grande paroi vitrée pouvant s’éclipser en sous-sol durant la belle saison. Le système de ventilation intérieure est particulièrement étudié pour éviter toute stagnation. Dans ce projet, le maître d’œuvre a cherché une combinaison des avantages du progrès et des formes traditionnelles réinterprétées au travers de la mode régionaliste. La monumentalité des éléments architecturaux répond à la volonté de marquer l’importance de tels équipements dans le tissu urbain.

Le groupe scolaire – comprenant les sols du jardin – est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 18 novembre 1997. Il a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle".

 

 

 

RÉSIDENCE VICTOR-HUGO

avenue Jean-Lolive - rue Victor-Hugo

1955-1957 / Fernand Pouillon et Roland Dubrulle, architectes

 

Sur une partie des terrains de l'ancienne distillerie Delizy, achetés en 1955, Pouillon met en œuvre un programme de 282 logements en copropriété. Il crée pour cela le Comptoir National du Logement.

Les barres de quatre étages sont implantées autour d'un mail planté créé entre l'avenue Jean-Lolive et la rue Victor-Hugo. La liaison avec celle-ci est assurée par un portique piéton passant sous un des immeubles. Des tours de neuf étages encadrent cette composition. Les bâtiments sont construits en béton armé avec des parements en pierre calcaire de Fontvieille sciée industriellement. La trame régulière des façades est soulignée par l'emploi de plaques de marbre rose formant des pilastres dans les trumeaux. Destinés à de petits accédants à la propriété, les appartements sont de taille modeste : 49 m² pour les deux pièces et 72 m² pour les cinq pièces. Cet ensemble est l'une des premières réalisations de Pouillon en région parisienne, avant des opérations plus vastes au même vocabulaire classique, comme celle de Boulogne-Billancourt.

L'ensemble a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle" le 16 décembre 2008.

 

 

 

GRAND ENSEMBLE DES COURTILLIÈRES

boulevard de la Libération ; avenue de la Division-Leclerc ; avenue des Courtillières

1956-1966 / Émile Aillaud architecte

 

Sur l'ancienne zone de servitude militaire du fort d'Aubervilliers, Aillaud construit à la demande de la SEMIDEP et de l'OPHLM de Pantin la cité des Courtillières, qui totalise 1 233 logements. Une longue (1,5 km) barre sinueuse – le Serpentin – de cinq étages avec caves au rez-de-chaussée entoure le site, tout en laissant un vaste espace vert arboré en son centre. À l'ouest et à l'est, sont érigés deux quartiers composés de tours en tripode de treize étages et de barres à redents de quatre étages. Si les tripodes associent murs de refends porteurs et des panneaux de façades préfabriqués, le Serpentin et les barres sont en béton armé avec un remplissage en parpaings. Les stationnements sont rejetés en périphérie, tandis qu'une crèche est installée au centre. Une attention particulière est accordée aux couleurs. Alors que les architectes modernistes ont plus ou moins adopté les couleurs primaires, Aillaud opte pour le rose et le bleu ciel. Ainsi, les tours sont revêtues de grès cérame bleu, blanc et ocre, l’immeuble sinueux est bleu ciel à l’extérieur et rose à l’intérieur du parc. Cette alternance est reprise place du marché. Une des écoles est jaune vif, l’autre verte. Cette polychromie est conçue par Fabio Rieti. Aillaud réaffirme ici avec force sa singularité vis-à-vis de la rigueur fonctionnaliste qui domine déjà dans la production des grands ensembles d’habitations. Des équipements ont été ajoutés peu à peu au quartier.

D'importants travaux de rénovation sont menés depuis 2007, dont la remarquable pixellisation de la façade de 2 ha du Serpentin, par le graphiste Pierre di Sciullo.

L'ensemble a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle" le 16 décembre 2008.

 

 

 

QUARTIER DE L'ÉGLISE

Quartier de l'église

1950 et 1978 / Denis Honegger architecte

 

En 1951, une importante opération de rénovation urbaine est lancée à Pantin et débute par la destruction partielle du quartier insalubre de l'église. Amputé de tout son volet équipements, le projet se cantonne au logement et sur les 2 000 prévus, seuls 795 logements HLM seront construits.

Honegger érige des barres en peigne de quatre à neuf étages avec des espaces verts en leur centre. À celles-là s'ajoute une tour de quatorze étages à l'angle des rues Méhul et Candale. Sur l'avenue Jean-Lolive, les immeubles sont reliés par un bâtiment d'un étage et accueillent des commerces en rez-de-chaussée, dont une station-service et une bouche de métro. Les édifices sont construits en béton armé avec une structure poteaux/poutres visible en façade. Les élévations sont constituées de panneaux préfabriqués en béton et gravillons qui dessinent des travées régulières de 3,24 m, à la manière des immeubles du Havre d'Auguste Perret, dont Honegger a été l'élève. Les travées contenant les circulations verticales sont soulignées par des claustras de béton placés entre les poteaux de la structure. Plusieurs autres immeubles sont construits par Honegger, avenue Anatole-France, rue Courtois, rue Rouget-de-Lisle, rue Charles-Auray et autour de la place du marché. Ces derniers achèvent l'opération de rénovation.

Le quartier a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle" le 16 décembre 2008.

 

 

 

SYNAGOGUE dit CENTRE COMMUNAUTAIRE OHEL-YOUSSEF

8 rue Gambetta

1999 / Christine et Dominique Carril architectes

 

Construite à l'initiative de la communauté juive séfarade de Pantin, la synagogue est pensée comme un assemblage de volumes géométriques simples. En béton blanc, laissé brut ou revêtu de pierre de Calvi, elle est couverte d'une toiture parabolique convexe, également en béton, conçue avec l'ingénieur Marc Mimram. Implanté à l'origine en retrait d'un jardin, l'ensemble, comprenant le lieu de culte, des salles de classe, une bibliothèque, une salle de conférence et s'articule autour d'une cour intérieure. La salle de prière carrée est éclairée par un bandeau vitré à la jonction des murs et de la toiture, ainsi que par des larges baies dans le mur contenant l'armoire sainte à l'est. Cette salle peut être agrandie sur un côté grâce à des cloisons amovibles. Au sous-sol sont installés des bains rituels disposant d'une entrée indépendante.

L'édifice a reçu le label "Patrimoine du XXe siècle" le 24 novembre 2011.

 

 

 

 

HÔTEL DE VILLE

45 avenue du Général-Leclerc

1884-1886 / Gustave Raulin, puis Léon Guélorget architectes

 

L'hôtel de ville de Pantin incarne tant par son implantation que par son architecture, une importante période de mutation des systèmes de représentation du pouvoir municipal durant la IIIe République. Le choix du site, à mi-distance du centre ancien et du quartier des Quatre-Chemins, entre le canal et les récentes voies ferrées, répond aux réclamations des habitants des Quatre-Chemins, qui déplorent leur enclavement et leur éloignement des équipements publics. S'appuyant sur la culture classique encore en vigueur dans les dernières décennies du XIXe siècle, l'architecte a conçu l'hôtel de ville à la manière d'un petit palais néo-renaissance. Composé de manière symétrique, le bâtiment est doté d'un corps central flanqué de deux pavillons latéraux situés en avant-corps, d’un toit en ardoise à longs pans brisés. À l’intérieur on accède à un vaste hall qui accueille le public et le distribue vers les bureaux et services de l’administration. On y lit le triomphe des matériaux, des techniques et productions industrielles, accompagnant le renouveau des arts décoratifs, célébrant le succès de la civilisation industrielle du XIXe siècle : tapis de grès cérame et mosaïque, candélabre et grilles en fonte, tandis que la poutraison métallique apparente est portée par de lourds piliers et colonnes de marbre. Ce hall d'entrée est doté d'un escalier central qui se retourne en deux volées latérales pour accéder aux salles du premier étage. Reprenant la hiérarchie spatiale de l'hôtel particulier, il conduit à l'étage « noble » de la mairie qui comprend le cabinet du maire et des adjoints, la salle de mariage autrefois la salle du conseil municipal, et la salle des fêtes. Les décors révèlent des scènes pantinoises dans lesquelles s'inscrivent des symboles républicains et d'autres allégories. Depuis l'achèvement de « la nouvelle mairie » en 1994, l'édifice n'assure plus aujourd'hui qu'une fonction représentative et protocolaire.

L'hôtel de ville est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis le 31 mai 2017.