Piazza della Resistenza
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Cote :
OAP/329
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Dates :
2018
- Format : Jet d'encre, 1/100 60 x 40 cm
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Biographie ou historique du producteur :
LA BIO
Veit Stratmann est un artiste allemand né en 1960 à Bochum (ancienne République fédérale d'Allemagne). Il fait des études à l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (aujourd'hui intégrée dans la Haute école des arts du Rhin) et à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf. Il étudie également les sciences politiques, l'histoire et l'histoire de l'art à Fribourg-en-Brisgau.
Il développe une œuvre plastique singulière dont le parti pris est celui d'une intervention sur le lieu plutôt qu'une production d'un objet d'art au sens traditionnel du terme. Son atelier est à Pantin à la Sernam.
LA DÉMARCHE ET L'ŒUVRE
« En résidence à Pistoia, en Toscane, Veit Stratmann découvre un jardin public possédant deux noms antinomiques. Le premier, Piazza delle armi Place des armes date de l'époque fasciste, et perdure encore aujourd'hui chez certains habitants alors que le lieu a été officiellement rebaptisé Piazza della resistanza Place de la résistance au sortir de la guerre.
La dénomination n'est pas la seule trace de la seconde guerre mondiale dans ce parc. Partiellement détruit durant le conflit, le lieu fut réaménagé après-guerre par la municipalité qui y réinstallât les bancs disparus pour lui redonner sa fonction de jardin d'agrément. Faute de moyens, la mairie fit réaliser des bancs à partir de gravats récupérés dans la ville suite aux dommages de la guerre. Ces sièges trapus à l'assise sommaire proviennent donc des débris de bâtiments détruits pendant les combats, ré-assemblés à grand renfort de béton.
Drôle de lieu de détente où l'ombre de la guerre plane inexorablement. Intéressé par cette ambiguïté entre l'histoire du parc et sa destination, Stratmann dressa l'inventaire photographique de la soixantaine de bancs qui s'y trouvaient. C'est de cette collection que proviennent ces deux vues, présentées en diptyque afin de générer un lien de causalité entre la forme du premier banc, d'aplomb, et celle dégradée du second.
Veit Stratmann ne parle pas l'italien, et dit ne pas avoir tenté de déchiffrer le texte inscrit sur ce banc lors de la prise de vue. Seule l'importait la présence d'une inscription gravée, pas son contenu. Il avait été frappé par l'analogie entre ce texte et une épitaphe. D'abord parce qu'il s'agit d'une entaille, réalisée en creux dans l'assise. Aussi parce que la disposition de ce texte et son orientation dans la largeur sur cette imposante dalle de la taille d'un corps la fait ressembler à une stèle funéraire. La seconde image insiste sur ce parallèle, le bloc au sol évoquant une pierre tombale. Et le contenu du message, actant la fin d'une liaison, ajoute encore à cette évocation en procurant au banc une dimension de mémorial.
Pour Veit Stratmann, ces bancs évoquant des gisants convoquent deux temporalités opposées : s'y assoit-on brièvement quelques minutes pour souffler, discuter& ou bien s'y repose-t-on pour l'éternité ? Ce sont deux images hantées par les fantômes du fascisme, de la guerre et par celui de cet amour perdu. Elles disent le temps qui passe et les inévitables douleurs et pertes qu'il entraîne : on a beau recoller les morceaux, rien ne peut faire disparaître les fissures des mosaïques de gravats. Ces fragments irrémédiablement inconciliables sont un support des plus signifiant pour ce graffiti mélancolique consignant une rupture.
(source : En amour, Marion Delage de Luget éditions pôle Mémoire et patrimoine)
LA TECHNIQUE
« Je ne me pose pas la question du médium, du support ni d'une technique. Par contre, ma pratique artistique est certainement issue de la pensée sculpturale, de l'installation ».
(source : interview réalisée par le pôle mémoire et patrimoine le 22 avril 2020)
POUR ALLER PLUS LOIN
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Modalités d'entrée :
Achat à l'artiste en 2019.