Forme de résonance
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Cote :
OAP/265
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Dates :
2017
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Format :
Dimensions : 100 x 100 x 15 cm
Genre/Carac. phys. : sculpture en métal peint
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Biographie ou historique du producteur :
Présentation de la démarche de l'artiste
« De prime abord, les œuvres de Jessica Boubetra posent la question de leur origine. De quel sol ces tomettes ont-elles été prélevées ? D'où vient ce motif semblable à un toit en tôle ? En même temps, dans un seul mouvement parallèle et contraire, leur matérialité, leur agencement spatial, leur consistance visuelle opacifient toute hypothèse génétique, faisant de l'origine une trace effacée, voire une question résiduelle.
Ainsi, dans la recherche de Jessica Boubetra, l'architecture est avant tout un protocole préliminaire, et la ville, une matière plastique et conceptuelle à cerner avec les outils propres à la photographie et à la sculpture. À la fois archives de possibilités constructives et catalogue de structures organisationnelles, la ville et l'architecture sont dès lors les lignes d'horizon qui dessinent l'espace de la réflexion et de la pratique de l'artiste : limites virtuelles d'un terrain d'investigation réel d'où extraire des motifs, des schémas, des structures, des textures, des matériaux en forme qui sont autant de modules disponibles pour de futurs assemblages. Lexique, grammaire, syntaxe : la combinatoire récursive de formes et structures modulaires qui traverse la pratique de Jessica Boubetra renvoie à une métaphore langagière et sémiotique, au point où le langage de l'architecture se déconstruit et détisse ses automatismes rhétoriques allitérations, métaphores, métonymies en se mettant au service d'un autre système d'organisation spatiale, visuelle et plastique.
La question du standard et du système de normes qui l'institue et le garantit ne pourra dès lors qu'être cruciale pour ces sculptures construites le long du seuil de basculement entre industrie et artisanat, multiple normalisé et œuvre unique. Comme ce toit de tôle inspiré d'une architecture cambodgienne instable qui, tiré en bronze, devient une sculpture oscillant entre motif abstrait et archéologie industrielle. Ou ce châssis de fenêtre marbré qui se feint un objet trouvé Quelque part dans le bâtiment et qui fait de la fonction d'usage l'un des paramètres d'un jeu de formes, de patterns, de poids et de matériaux dont l'assemblage est à la fois le principe de développement interne et la clé de voûte structurelle. »
Viviana Birolli, 2015
Présentation de l'œuvre
" La sculpture Forme de résonance a été réalisée durant une résidence aux Ateliers d'Artistes Icade, à Aubervilliers. Elle a été exposée pour la première fois dans le cadre du salon Jeune Création, en juillet 2017, dans la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin.
La sculpture est constituée de deux éléments en métal colorés, assemblés par des écrous. Ces deux formes ont été découpées dans des plaques d'acier, selon un procédé industriel, puis pliées par l'artiste. Leur finition est également industrielle, puisqu'elles ont bénéficié d'un revêtement époxy.
L'œuvre est une sculpture murale. C'est une sculpture, car elle a un volume, une épaisseur dans l'espace. Mais on pourrait également la considérer comme une peinture. Sa picturalité abstraite renvoie au travail récent d'un peintre comme Imi Knoebel, ou plus historiquement, aux papiers découpés d'Henri Matisse. Toutefois Forme de résonance se range davantage dans le champ de la sculpture, de par son mode de réalisation, qui engage des questions différentes que celles posées par la peinture.
La question fondamentale est celle de l'avènement de la forme sculpturale : comment créer/faire émerger une sculpture ? L'artiste y répond en acte, dans une succession de choix. Jessica Boubetra a décidé de travailler avec des techniques industrielles et non artisanales, ce qui supprime, ou décale, l'intervention de la main. Le dessin reste fait à la main, mais par le biais d'un logiciel d'architecture. La découpe des formes en revanche, c'est-à-dire l'exécution du dessin, est réalisée par des machines. Idem, la peinture est appliquée de manière parfaitement uniforme grâce à un procédé de pulvérisation. Néanmoins l'intervention « tactile » de l'artiste reste présente, à d'autres endroits, car Jessica Boubetra a elle-même appris à manipuler les différentes machines. Le sculpteur ici ne travaille pas avec des outils traditionnels, mais avec un parc de machines industrielles.
Ce mode opératoire amène à son tour une série de questions, qui cernent peut-être les enjeux de l'œuvre. En voici quelques-unes : le fait qu'une jeune artiste utilise des machines industrielles reflète-t-il une évolution dans notre société ? Cette interrogation rejoint d'ailleurs la problématique des Fab Labs, qui ont émergé en France au milieu des années 2010, et qui ont permis à l'artiste de réaliser cette sculpture. Y a-t-il un lien entre ce travail de facture industrielle et l'architecture (dans la thématique et/ou dans le processus d'élaboration) ? En quoi cette sculpture diffère d'un élément urbain, tel qu'on pourrait le rencontrer dans la ville ? Peut-on retrouver la notion de dessin, et sa fragilité, avec cette œuvre d'une solidité industrielle ? Qu'apporte son volume, par rapport à une image plane ?
Laissons les questions en suspens, dans le cadre de cette notice de présentation : ce n'est pas l'endroit pour arrêter les interprétations de Forme de résonance , mais au contraire, de les favoriser en contextualisant les intentions de l'artiste."
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Modalités d'entrée :
Achat lors de la résidence aux Ateliers d'artistes Icade à Aubervilliers.