Carcasse#4
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Cote :
OAP/252
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Dates :
2015
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Format :
Dimensions : 42 cm x 60 cm
Genre/Carac. phys. : crayon, papier, pastel à l'huile et fil à coudre sur papier de soie
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Biographie ou historique du producteur :
LA BIO
Delphine Pouillé est une artiste plasticienne née à Clermont-Ferrand en 1979. Elle vit et travaille à Paris. Elle est diplomée de l'ESSAB (école européenne supérieure d'art de Bretagne) et de l'université Paris 1 - la Sorbonne Panthéon.
LA DÉMARCHE ET L'ŒUVRE
Artiste pluridisciplinaire, Delphine Pouillé travaille le dessin et la sculpture comme des pans de la même réflexion, celle autour du corps.
Selon elle, ses projets sont aboutis uniquement si le projet de départ ne correspond pas à l'objet final. Malgré le paradoxe que cela peut représenter, Pouillé est artiste pour déceler l'incongruité de l'idée initiale et laisser le projet dévier vers sa forme réelle et aboutie, indécelable au départ.
Ses œuvres sont légères et épurées. Le métal se croise avec le tissu, la machine coud et l'aiguille peaufine. Les pièces créées sont ainsi fragiles, mais cela est partie intégrante du processus pour l'artiste qui a cédé aux aléas des déplacements en réparant ses œuvres. Il s'agit de laisser visible ce qui n'est plus, le rattrapage. Delphine Pouillé est quasi chirurgicale dans ses gestes et sur les matières qu'elle utilise, telle une infirmière au front. Elle est en paix avec la modification donc, puisque la déchirure fait partie de l'incongruité.
Et c'est justement de réparation et de guerre que parle Carcasse#4, œuvre sur deux dimensions.
« Mon travail s'articule autour du dessin et de la sculpture, la pratique du dessin étant centrale dans mon travail de sculpture : elle se développe de manière parallèle et autonome, et elle en est aussi la base dans le sens où mes sculptures sont de grands dessins gonflés de mousse expansive.
Les sculptures comportent également une dimension graphique à travers les lignes de couture de leurs moules textiles, les excroissances en mousse, ou encore une certaine platitude des volumes.
Le corps est l'objet de mes recherches, à travers ses transformations et ses mutations, qui se traduisent dans mes dessins par des gestes et opérations quasi chirurgicales, des découpes, sutures, rapiéçages, greffes d'éléments recyclés, frottements au coton-tige, réparations au scotch ou au pastel blanc, venant recouvrir les accidents de tracés, comme mes pansements de mousse expansive réparent et remodèlent mes sculptures.
La série de dessins Carcasses ainsi qu'une partie des Growing Memorials datant de 2015 ont été réalisés parallèlement à mes recherches sculpturales autour des procédés de réparation des visages des Gueules cassées soldats défigurés durant la première guerre mondiale , notamment les greffes, qui correspondent aux premières opérations de chirurgie esthétique.
Entre abstraction et figuration, Carcasse #4 suggère un corps ou un mécanisme dont la partie supérieure est reliée à la partie inférieure par deux morceaux de papier brun troués de manière régulière. Cette ligne structure ce corps abstrait et elliptique, à la manière d'une colonne vertébrale. Elle est maintenue à l'aide de fils de couture noirs qui percent la feuille de papier. Cette mobilité confère une fragilité à l'ossature.
Le dessin se compose d'éléments collés provenant d'autres dessins, prolongés par des tracés au crayon.
Une découpe au sein même de la forme dans sa partie inférieure créé un espace, un vide entre le dessin et le fond de l'encadrement qui procure une dimension sculpturale au dessin. »
« Le corps et le vivant sont au cœur du travail de Delphine Pouillé où les pratiques du dessin et de la sculpture sont étroitement mêlées.
Carcasse #4, partie de la série du même nom, décline une variation du motif longiligne qui rappelle une colonne vertébrale. En haut les clavicules-cintre, en bas en entonnoir-sacrum. Il s'agit ici de dessin et collage. Pour composer l'œuvre l'artiste découpe différents éléments hétéroclites issus, entre autres, de ses dessins plus anciens. Elle recycle les formes et les matières et cela prend tout son sens lorsque on sait qu'elle a été profondément marquée par les images de reconstruction des gueules cassées de la première guerre mondiale (documentant les interventions réalisées sur les visages des poilus à partir de greffes provenant d'autres parties de leur propre corps). L'artiste réunit les fragments, elle les colle et les assemble en un tout, revenant dessus avec un pastel blanc qu'elle utilise comme un pansement.
Ce travail recherche des alternatives à la bonne forme et propose de faire un ensemble à partir de choses hétérogènes greffées les unes aux autres. Son essence est ainsi de chercher une forme libérée de tout devoir être, anatomique et artistique ».
(sources : texte écrit par l'artiste ; Anatomie d'une collection, Marion Delage de Luget éditions pôle Mémoire et patrimoine)
POUR ALLER PLUS LOIN
Instagram : @delphine_pouille
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Modalités d'entrée :
Achat à l'artiste dans son atelier de la Sernam à Pantin, en 2016.
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Documents en relation :
De la même artiste : OAP/253