Picasso (double tête), série « Le reste j'ai tout oublié, ou le paradoxe du repenti »
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Cote :
OAP/239
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Dates :
2012
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Format :
Dimensions : 70x50 cm
Genre/Carac. phys. : photographie numérique, tirage argentique
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Biographie ou historique du producteur :
"Ce travail consiste dans un premier temps à récupérer des gommes oubliées ou perdues dans la classe d'un collège en Seine-Saint-Denis où je suis enseignant d'arts plastiques depuis maintenant presque 6 ans. Puis, dans un second temps, de réaliser une série photographique en gros plan de ces gommes et de les développer soit en grand format (environ 1m80 de haut sur 1m de large (ma taille), et un peu plus que la moyenne du corps humain adulte) afin d'établir une confrontation physique entre le spectateur et les photographies. Soit grandeur nature (c'est à dire assez petites) afin de rendre une certaine intimité de l'objet. Où l'on doit s'approcher de très prés pour voir tous les petits détails!*
Il ne me parait pas possible d'envisager des formats intermédiaires.
Depuis longtemps déjà, je récupère toutes ces gommes oubliées ou perdues dans mon cours sans trop savoir quoi en faire, mais trouvant l'objet très beau et plein de poésie du quotidien.Il y a un an et demi environ, un élève s'est fait exclure de l'établissement suite à un trop grand nombre de sanctions cumulées en peu de temps (bagarres, racket, menaces d'intimidation sur plus petit que soi, insultes envers les enseignants). Cet élève, bien que fort intelligent, était complètement instable et dans la provocation constante suite à des problèmes familiaux. Cela empêchait le bon déroulement du cours, chose dont il se révéla totalement conscient par la suite.
Lors de son dernier cours d'arts plastiques (où il n'apportait jamais la moindre affaire), il effectua un tour de classe et demanda à chacun de ses camarades de bien vouloir lui prêter sa gomme. Il s'est donc retrouvé avec une assez grande quantité de gommes dans les mains et a tenu à la faire savoir en se mettant à crier: Regardez Monsieur, aujourd'hui j'ai toutes mes affaires!
Sans vouloir faire de la psychologie au rabais, il m'est apparu assez vite que ce geste ultime, en dehors d'être un défi ou une provocation de plus, était un peu comme un dernier message adressé moi et l'ensemble de la classe; une façon de nous dire: Ne m'oubliez pas! Ne m'effacez pas!
J'ai donc décidé depuis cet événement de tout faire pour réaliser un projet à partir de ces gommes oubliées ou perdues, afin de ne pas oublier à mon tour le geste de cet élève et toute la portée quasi-philosophique de son action. Il me parait encore plus révélateur de la volonté de ne pas oublier, tout en tournant la page, passer à autre chose (faire table rase comme l'on dit, et repartir).
C'est donc une démarche chargée d'ondes positives que je veux entamer ici, et qui ne demande qu' aller de l'avant. Je sais bien que la symbolique de l'effacement de la gomme pourrait l'emporter, mais je ne conçois pas ce projet ainsi. Ce serait plutôt la possibilité de renouvellement face à l'image d'un objet du quotidien, qui absorbe plus qu'il n'efface, et qui, plus il disparaît et s'use, plus il se charge à sa surface (et parfois dans ses profondeurs) de vécu, et dont même l'infime résidu (souvent les gommes sont taillées en petits morceaux afin d'en faire des projectiles lancés pendant les cours) restitue plus qu'il n'efface ce que l'on considère trop souvent et à tord comme des erreurs.
Ce projet serait la concrétisation de ce que je pourrais appeler le paradoxe du repenti, car, il ne s'agit plus ici d'observer le dessin et ses repentis, mais de prendre le problème à l'envers (chose dont je suis assez coutumier) et d'observer ce qui à l'origine tente de gommer ce non-observable: l'erreur, le raté, le mal fait, le repenti.
De plus, ce travail poursuit et s'intègre au reste de ma démarche, en ouvrant de nouvelles perspectives de visions sur les choses et sur les êtres. De nouveaux espaces dans lesquels le spectateur est invité à se rendre au plus vite, en dehors des musées et des institutions. Ailleurs, vers et dans une vraie vie, tout du moins une vie qui tente de rester le plus possible connectée avec la réalité.
J'intègre donc ici cette démarche à mon travail plastique; chose que je fais peu car je tiens à différencier mon travail d'enseignant de celui d'artiste. Mais comment faire ici autrement? Et même: Pourquoi faire autrement?" Lorentino* Réflexion d'un visiteur au Louvre devant La Dentellière de Vermeer.
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Modalités d'entrée :
Convention dans le cadre de l'exposition "Le reste j'ai tout oublié, ou, le paradoxe du repenti" du 10 au 28 mai 2012 au Pavillon. .
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Documents en relation :
OAP/237 et OAP/238