/medias/customer_2/OAP/OAP137_jpg_/0_0.jpg
Accéder au visualiseur des médias : 1 média

Dans la jungle Olmèque

  • Cote :

    OAP/137

  • Dates :

    1999

  • Format :

    Dimensions : 60x60 cm

    Genre/Carac. phys. : papier/javel

  • Biographie ou historique du producteur :

    Arnaud Bouchet

    1958, Toulouse (Haute-Garonne)

    Vit et travaille à Romainville (Seine-Saint-Denis)

    A occupé plusieurs ateliers à Pantin de 1988 à 2007

     

    Toulousain d'origine, titulaire d'un DNSEP de l'Ecole des Beaux-arts de Toulouse en 1986 et d'un DEA Esthétique et technologies de l'art obtenu en 1997 à l'université Paris VIII-Saint-Denis, Arnaud Bouchet enseigne en ateliers d'arts plastiques et intervient en milieu scolaire. Il expose depuis les années 80.

    Son travail se développe autant en peinture qu'en dessin et photographie (au sein du groupe GEANT de 1981 à 1986) mais aussi dans le domaine de la vidéo et de l'animation.

    En matière d'arts appliqués, il a pu signer des décors pour des bâtiments et au théâtre notamment pour « le labyrinthe » d'Armand Gatti en 1985 ainsi que des illustrations pour la presse.

    Présent lors de l'inauguration des ateliers de la rue Delizy en 1999, Arnaud Bouchet a vécu et travaillé à Pantin durant de nombreuses années et a participé aux Portes ouvertes des ateliers de Pantin.

     

    LA DEMARCHE

    Arnaud Bouchet est de ces artistes qui créent des œuvres tout en portant un regard sur le monde de l'art et le quotidien des artistes.

    D'une réflexion sur l'espace intime qu'est l'atelier « dernier refuge de la subjectivité et de l'individu », « lieu en perpétuelle évolution » -loin des normes imposées par les espaces marchands comme publics- à une réflexion sur la boite blanche désincarnée typique du musée du troisième millénaire : « Il serait tellement plus satisfaisant que la peinture soit réalisée spécifiquement pour un lieu, qu'elle retrouve un contact avec le cadre de vie, plutôt que d'être trimballée comme un bien mobilier(...) ». Il s'exprime aussi sur la position de l'artiste dans la société : « Le peintre crée son propre système de travail. C'est l'un des rares métiers où tu te fixes toi-même tes objectifs. Il faut trouver soi-même son mode opératoire, inventer sa manière de vivre, de faire, de se déplacer (...) ».*

    Loin de se cantonner à la peinture, Arnaud Bouchet pratique le dessin, le graphisme, l'animation et la vidéo, la peinture murale pour son attachement au bâti mais aussi la photographie en tant qu'art de la lumière.

     

    L'ensemble de sa démarche met en jeu le clair-obscur, soit le passage de l'invisible au visible, qui conditionne donc l'émergence d'une figure, au sens où l'entendait Rembrandt, peintre que Bouchet aime à citer. La peinture du maître hollandais est une peinture empâtée où la forme et l'informe sont liés, où il s'agit de s'attarder sur l'instant du surgissement de la forme au cœur de l'informe, sur ce moment d'équilibre du « devenir forme ». Etape partagée par toute création mais qui devient chez Bouchet le sujet même de la création.

    On pourrait citer pêle-mêle l'intérêt des impressionnistes pour la fugacité des apparences, le goût des artistes français des années 50 (Michaux, Dubuffet, Fautrier, Wols &) pour les traces, empreintes, taches... Dans tous les cas, l'acte premier de l'art commence toujours par un vide à remplir ou par une matière à modeler, un support à organiser, souvent d'après une dualité : informe et forme, figure et fond, centre et périphérie, intérieur et extérieur. Choisir, dans le cas d'Arnaud Bouchet, non pas la figure mais la potentialité de la figure, c'est à la fois proposer à celui qui regarde une perception déconditionnée, mais c'est aussi rappeler que l'art se tient, souvent, au plus près du chaos.

     

    LES ŒUVRES

    Les trois œuvres qui appartiennent au fonds municipal d'art de la ville de Pantin sont indépendantes l'une de l'autre tout en appartenant à une série qui procède d'un même mode opératoire, proche de la lixiviation -technique utilisée en restauration de tableaux.

    Sans aucun ajout de peinture, il s'agit de faire passer lentement un liquide, ici du chlore, à travers un solide, un papier d'un vert très sombre. Chaque pièce est unique parfois traitée sur les 2 faces.

    Le procédé évoque la technique photographique mettant en jeu le phénomène de « révélation » de l'image tout en jouant avec la gravure lorsqu'il s'agit de lessiver ensuite à grande eau afin que le chlore mesure sa « morsure » du papier («On pourrait parler de proto-gravures »)**.

    La forme qui en résulte équivalente à une « tache » et qui occupe une grande partie de la surface du papier n'est sans doute pas l'objectif premier d'Arnaud Bouchet. C'est plutôt le cheminement vers cette forme qui l'intéresse puis, les multiples manières de la « lire » selon ce qu'elle permet : circulation hasardeuse du regard, brouillage de la distinction entre forme et fond mais aussi centre et périphérie, absence de symétrie, l'informel en vient à récuser les principes classiques d'ordre et de construction.

    Le rapport abstraction/figuration y est posé à partir de l'inscription de ces trois œuvres dans la longue histoire de la « tache » dans l'histoire de l'art. Rarement considérée par les artistes comme un accident malheureux, elle fut au contraire prisée par Léonard de Vinci qui revendiquera son intérêt pour les écailles et les taches des murs ou par Alexander Cozens, d'origine russe qui écrira « L'art de la tache » en 1785, une méthode d'élaboration des figures à partir de ce procédé.

    Dans ces trois travaux d'Arnaud Bouchet, l'indéterminé, l'aléatoire, le hasard -valeurs artistiques essentielles depuis les artistes modernes du début du XXème siècle- caractérise une manière de faire qui ne permet ni retour en arrière -mais plutôt un rapport particulier à l'instant- ni à-priori sur la forme qui va être obtenue -au profit des effets aléatoires de la matière. Cela inclut une grande liberté pour celui qui regarde, assumée encore par le choix des titres : Dans la jungle olmèque, Caverne de l'ours et Highway 61 qui évoquent plus qu'ils ne désignent.

     

    * DEMINGO André, « Arnaud Bouchet », in Canal

    ** BOUCHET, Arnaud. Morsures à l'eau de javel, 1999-2000

  • Modalités d'entrée :

    Achat en atelier en 1999.

  • Autres données descriptives :

    Voir aussi les « Morsures à l'eau de javel » OAP 138 et 139.

  • Documents en relation :

    OAP/138 et OAP/139

  • Bibliographie :

    HANSI, Didier. « Arnaud Bouchet Proto-Peintures », in Artension, n° 28, mars-avril 2006

    DEMINGO, André. « Arnaud Bouchet », in Canal

    BOUCHET, Arnaud. Morsures à l'eau de javel, 1999-2000

    « Arnaud Bouchet, variations autour d'un voile », in Toulouse actualités, n°08, 24 février 1991

    MONTELLIER, Claudie. « Antonin Artaud », in LIGEIA Dossiers sur l'art, n°3-4, octobre 1988-mars 1989

    LISTA Giovanni. « Arnaud Bouchet ou la peinture et la peur », in LIGEIA Dossiers sur l'art, n°2, juillet-septembre 1988

    SOUCHAUD, Pierre. « Incertaine mélancolie », in Art Présent 300 artiste vivant et travaillant en France. CD-ROM, JFJ Production, 1996

    Entretien téléphonique de Delphine Maurant avec Arnaud Bouchet, octobre 2008

     

  • Mots-clés