La petite maison éclairée
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Cote :
OAP/143
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Dates :
2000
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Format :
Dimensions : 32x26 cm
Genre/Carac. phys. : tirage photographique couleur
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Biographie ou historique du producteur :
LA BIO
Caroline Chik est une photographe française. En 2009 elle soutient une thèse en esthétique, sciences et technologies des arts avec une spécialité en arts plastiques et photographie. Elle est enseignante et auteure de créations photographiques artisanales et porte un particulière attention aux techniques photographiques anciennes et alternatives (gélatino-bromure d'argent, orotone, cyanotype&)
LA DÉMARCHE ET L'ŒUVRE
La nuit, en ville, le quotidien est toujours de quelque manière plus poignante, plus bouleversant. Lorsque l'éclat des néons et le halo orange des lampadaires remplacent la clarté de la lune et le scintillement des étoiles, le monde se transforme en un décor des plus étrange. La nuit n'est pas le négatif du jour ; les surfaces ne cessent pas d'être blanches pour devenir noires : en réalité, ce ne sont pas les mêmes images, disait avec justesse l'écrivain Paul Morand, dont le texte a accompagné la publication de Paris de nuit (1933), l'ouvrage de référence sur Brassaï.
La petite maison éclairée n'est pas sans rappeler certaines interprétations de la nuit urbaine que proposèrent les peintres dès la fin du xixe siècle comme La fée électricité de Raoul Dufy, ou encore Nuit étoilée sur le Rhône de Van Gogh. Comme ces toiles célèbres, l'œuvre de Caroline Chik montre comment la nuit favorise une libération de l'interprétation des couleurs. Dans l'obscurité, la perception s'altère, notamment celle des teintes. Van Gogh le notait déjà dans une lettre à sa sœur Wilhelmina : Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, colorée des violets, des bleus et des verts les plus intenses. Lorsque tu y feras attention tu verras que certaines étoiles sont citronnées, d'autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis. Et sans insister davantage il est évident que pour peindre un ciel étoilé il ne suffise point du tout de mettre des points blancs sur du noir bleu. Le constat est d'autant plus vrai en ville, où les enseignes lumineuses vivement colorées nimbent le paysage et le ciel de teintes improbables.
Le travail de Chik capture les effets de la lumière artificielle de la nuit à travers la couleur. Dans le coin inférieur gauche de l'image on distingue en ombre chinoise d'un noir d'encre la silhouette fantomatique d'un poteau électrique et la masse compacte d'un bâtiment. Sous l'effet du manque de luminosité et du déplacement de la photographe, le reste du paysage se perd en un mouvement flou. Le ciel nocturne s'irise en un dégradé de verts et de turquoise des plus artificiel, c'est presque la couleur d'un fond d'incrustation. Au centre de la photographie dansent les taches lumineuses jaunes et blanchâtres des phares de véhicules au loin et de l'éclairage public. Les traînées lumineuses flottent dans l'espace urbain comme si elles persistaient sur la rétine.
À rebours d'un rendu naturaliste, Chik met donc en avant les conséquences que peuvent avoir les choix optiques sur la réalisation de l'image. En choisissant une pause longue, elle transmue les lampadaires en feux d'artifices ou encore en sillages de missiles balistiques : la présence de lumière verte donne en effet l'idée que le cliché a été travaillé avec un procédé infra-rouge, lui conférant une allure qui s'apparente à une image nocturne de guerre. Cette nuit urbaine n'a plus rien de rassurant ; cette teinte verdâtre rend l'image quelque peu irréelle, suspecte, voire angoissante. Ce type de photographie infra-rouge a d'ordinaire pour vocation de rendre visible l'invisible. Mais le cliché manque son but : quelle angoisse alors face à cette photographie qui affiche son incapacité à saisir quoi que ce soit de ce qui est tapi dans l'ombre de la nuit, et nous laisse in fine face à des ténèbres insondables !
(source : À la nuit close, Marion Delage de Luget éditions pôle mémoire et patrimoine. À paraître)
POUR ALLER PLUS LOIN
Instagram : @carolinechik
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Modalités d'entrée :
Festival Photos et légendes en 2000.