Glasstype n° 17
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Cote :
OAP/131
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Dates :
1999
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Format :
Dimensions : 82x80 cm
Genre/Carac. phys. : tirage photographique couleur, contrecollé sur aluminium, numéro 2/5
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Biographie ou historique du producteur :
Corinne Mercadier
1955, Boulogne-Billancourt
Vit à Paris.
En 1999, elle expose la série des Glasstypes au Pavillon des arts de Pantin
En 2005, elle participe au Festival Photos et Légendes de Pantin
Née en 1955, Corinne Mercadier est agrégée d'arts plastiques et licenciée en histoire de l'art de l'Université de Provence.
Photographe, elle est représentée en France et en Belgique par la Galerie Les filles du calvaire et à New York par Alan Klotz Gallery. Dans ce cadre elle participe à différentes foiresdont Paris-Photo, l'Arco, la Fiac, Art Brussels, Aipad Miami.
Lauréate du prix Altadis pour l'art contemporain en 2001, une monographie lui est consacrée quelques années plus tard, en 2007, aux éditions Filigranes, et retrace sa démarche artistique sur les 15 dernières années.
Figure essentielle de la photographie française contemporaine, elle participe en 2008 aux Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles invitée par le commissaire de la manifestation Christian Lacroix.
Elle est également l'auteur de plusieurs scénographies pour le chorégraphe Daniel Larrieu.
Voir les séries photographiques sur:
http://www.corinnemercadier.com/
LA DEMARCHE
Corinne Mercadier travaille essentiellement par séries photographiques, et faire cheminer son regard de l'une à l'autre est nécessaire à la compréhension d'une démarche artistique qui commence sa mise en images au début des années 1990.
Les séries de Corinne Mercadier partagent cette fascination pour la lumière: comment l'objet se photographie «à l'intérieur de sa propre lumière» afin de rendre les choses les plus ordinaires, étranges, intemporelles, surnaturelles ... ?
Dans ses premiers travaux, Corinne Mercadier reproduisait des détails de cartes postales de fresques de Giotto sur des plaques de verre. Ces plaques étaient ensuite installées dans une sorte de théâtre miniature, et photographiées. Cette citation de peinture avait pour objet l'analyse de la lumière et, sous son effet, la transfiguration des touches de peinture en personnages et objets.
De la même façon, ce procédé mettait en évidence les opérations de construction d'un espace dans le tableau avec l'introduction de la perspective linéaire chargé d'initier la profondeur et donc de disposer objets et personnages dans l'espace, d'établir les relations entre eux par un vide «agissant».
Le vide comme la lumière est, avec l'air, une matière invisible pour elle-même, rendue sensible uniquement par les objets qu'elle anime. Dans un texte sur Corinne Mercadier, Jean-Baptiste Para cite à ce sujet Anaximandre: « les choses naissent de l'indéterminé»*. C'est précisément l'enjeu des images de Mercadier: l'indétermination des sources de visibilité, et finalement, moins les objets qu'elles donnent à voir que la façon dont elles les rendent visibles.
L'ŒUVRE
Le Glasstype n°17 appartient à une série de 13 polaroids S70 agrandis, d'un format de 80x82 cm -soit presque carré-, série qui s'étend de 1997 à 1999.
Le choix du polaroid est fondamental. Cet appareil photo grand public ne nécessite pas de connaissances particulières et l'agrandissement du tirage même renforce ses caractéristiques : perte de définition, distorsion des objets, grain important, couleurs reconnaissables ... ces caractéristiques vues d'ordinaire comme des défauts fondent l'esthétique des Glasstypes.
L'acte photographique de Corinne Mercadier commence par la peinture d'un objet sur une plaque de verre, isolée dans un environnement sombre. L'association peinture/photographie nous renvoie aux sources de l'histoire de la photographie, se rapprochant des photogrammes de Man Ray par exemple et des expériences photographiques surréalistes et constructivistes.
D'autre part, les objets peints sont, comme l'écrit l'artiste, des «objets incertains, leur usage, leur histoire, leur échelle échappent. Le corps est le principal repère : ils s'apparentent au vêtement, à l'abri, à l'objet quotidien, et le corps rayonne en son absence-même». Evoquée par cet effet d'éblouissement si particulier au cœur de l'image, l'absence est aussi «racontée» par cette couleur bleu violacé dont Jean Arrouye dit qu'elle est la «couleur du rêve et du regret confondus». L'artiste rajoute plus loin: «La disparition et la perte tiennent une grande place dans cette série comme toujours dans mes images».
Ces commentaires, issues du Dreaming Journal, accompagne ce travail.** Ce livre d'artiste met en parallèle photographies et textes et montre la double expression de Corinne Mercadier entre images et écriture. Et pour que la triade soit complète, rappelons qu'elle commence sa carrière d'artiste par la pratique du dessin, un travail de fusain sur toile, avant de devenir photographe.
La série qui suivra immédiatement celle des Glasstypes appelée Une fois et pas plus reverra une évocation d'objets autour de l'idée d'enveloppe (maison ou corps), mais en mouvement cette fois-ci, objets volants pas forcément identifiés, et fabriqués de la main de l'artiste en trois dimensions.
* Jean-Baptiste Para, Vues de l'insaisissable, à l'occasion de l'exposition Portraits du temps, Espace 1789, Saint-Ouen, 2000. Anaximandre est un philosophe de l'Antiquité Grecque
** Dreaming Journal, 1999, éditions Filigranes.
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Modalités d'entrée :
Achat galerie Les Filles du Calvaire en 1999.