La transverbération de Sainte Thérèse
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Cote :
OAP/18
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Dates :
[1660]
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Format :
Dimensions : 142x108 cm
Genre/Carac. phys. : huile sur toile
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Biographie ou historique du producteur :
Trois personnages apparaissent sur cette toile. De taille ample, ils occupent la grande majorité de la surface peinte. Il s'agit d'une femme, une religieuse, encadrée de deux anges. L'un d'eux, de son bras droit, semble s'apprêter à frapper la religieuse d'une flèche en pleine poitrine. La scène se déroule sur un arrière-plan vaporeux doré.
En habit de l'ordre du Carmel, cette religieuse est identifiée comme Sainte Thérèse d'Avila, qui vécut au XVI e siècle en Espagne. Connue pour son œuvre de réforme de l'ordre, amenant une plus grande austérité dans la pratique religieuse, elle est surtout célèbre pour ses écrits où elle décrit certaines de ses visions, et notamment une description très précise de transverbération.
«Je vis un ange proche de moi. [...] Je voyais dans ses mains une lame d'or, et au bout, il semblait y avoir une flamme. Il me semblait l'enfoncer plusieurs fois dans mon cœur et atteindre mes entrailles: lorsqu'il le retirait, il me semblait les emporter avec lui, et me laissait toute embrasée d'un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu'elle m'arrachait des soupirs, et la suavité que me donnait cette très grande douleur, était si excessive qu'on ne pouvait que désirer qu'elle se poursuive, et que l'âme ne se contente de moins que Dieu. [ ... ] C'est un échange d'amour si suave qui se passe entre l'âme et Dieu, que moi je supplie sa bonté de le révéler à ceux qui penseraient que je mens» (in Vie de Sainte Thérèse, chapitre XXIX).
Peintre baroque, l'artiste réalise ici une toile ancrée dans l'esthétique pédagogique de la Contre-Réforme: des figures amples, une évidence de lecture et une grande expressivité composent la scène. Là où certains choisirent de représenter une Thérèse lascive, en extase après le retrait du trait ardent (l'on pense évidemment au Bernin), l'artiste opte ici pour l'instant qui précède, où l'ange n'a pas encore frappé. Le temps est comme suspendu, et l'on est saisi par cet instant où la sainte se laisse emporter et s'ouvre à la force divine qui s'apprête à entrer en elle et à la transporter.
L'œuvre est ainsi une invitation à s'ouvrir, comme Thérèse, au mystère divin et se laisser emmener, porté par la foi en l'amour de Dieu.
Giacinto Brandi :
Peintre italien né en 1621 et mort en 1691. Cet artiste est actif en particulier à Rome et à Naples où il réside entre 1638 et 1647.
Pendant son séjour à Naples il participe au façonnement de la mouvance baroque napolitaine et lorsqu'il revient à Rome, il rapporte avec lui le dynamisme de la création à Naples. On retrouve nombre de ses fresques dans les églises romaines: la basilique Santi Ambrogio e Carlo, église San Silvestro, église Santa Maria di Trastevere. De même, nombreuses sont les toiles qui lui sont attribuées dans les collections publiques françaises (Nantes, Saint-Loup, Toulon, Avignon ... ).
Bien qu'aujourd'hui cet artiste ait été quelque peu oublié, il ne faut pas négliger son importance au XVII e siècle. Très proche des grands noms comme Lanfranco ou Gimignani, Giacinto Brandi fait partie des artistes que l'histoire a laissé de côté pour des questions de modes et de goûts, bien que leur corpus et leur approche stylistique ont durablement marqué leur temps.
Le foyer napolitain et son exportation à Rome :
Ce tableau se rapproche des créations du foyer napolitain. Naples est alors une des villes les plus riches et les plus peuplées d'Europe et de nombreux artistes internationaux s'y rendent pour assurer différentes commandes. L'art à Naples est inspiré par un mouvement religieux marqué par les expériences mystiques de la Réforme catholique (ce qui est le cas ici) en prônant un rapport direct et immédiat entre le fidèle et la divinité. Mais ces artistes se rapprochent de plus en plus du langage pictural baroque : monumental, mouvementé, la lumière est le pivot de la composition où l'on constate une approche dramatique.
L'attribution :
En suivant la méthodologie «morelliste» consistant à s'attacher à l'étude des mains, des oreilles et des pieds pour déceler la signature d'un artiste, il est possible d'attribuer avec certitude l'œuvre à Giacinto Brandi.
La comparaison du traitement des yeux et plus précisément du regard est concluante. Si l'on observe le saint Jérôme du musée des Beaux-Arts de Nantes ou le saint Sébastien du musée des Beaux-Arts de Troyes, tous deux attribués à Brandi, on note les mêmes yeux levés avec une prédominance de la sclère aux dépends de l'iris. De plus, le dessin des paupières et des sourcils est également similaire.
La confrontation de la figuration des mains est également probante. Sur le saint Jérôme et la Madeleine, tous deux issus de collections particulières, l'artiste dessine des mains dont le majeur et l'index sont anormalement écartés. Ce traitement est également visible sur la sainte Thérèse de Pantin.Il ne fait donc aucun doute que ce tableau puisse être attribué à Brandi ou du moins à son école. Étant donné qu'il n'est pas fait mention dans les archives d'une commande de copie au XIX e siècle, il ne paraît pas convaincant que cette toile puisse être une de ces fameuses reproductions d'œuvres religieuses du XIX e siècle pourtant très présentes à Pantin. L'oeuvre pourrait donc être soit un original soit une copie contemporaine de Brandi.
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Historique de la conservation :
Restauré en 1999.
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Modalités d'entrée :
Provient de l'église Saint-Germain. Retrouvé dans les ateliers municipaux en 1987.
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Autres données descriptives :
Mentionné dans l'inventaire de Louis Chaix de 1878 : situé dans le sanctuaire, auteur inconnu.
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Bibliographie :
1. Archives
Archives municipales:
Fiche d'inventaire
Photographie avant restauration
2. Ouvrages
Ouvrages généraux d'histoire de l'art:
BAUDOIN J., Grand livre des saints: iconographie et culte en occident, Ed. CREER, Nonette, 2006
MIGNOT C. (sous la direction de), Les temps modernes, Ed. Flammarion, coll. Histoire de l'art
PANOFSKY E., Essai d'iconologie: thèmes humanistes dans l'art de la Renaissance, Gallimard, Paris, 1967
Ouvrages sur Pantin:
BOURNON F., Pantin. Notice historique et renseignements administratifs, Montevrain, 1901
COLLECTIF, Le patrimoine des communes de la Seine-Saint-Denis, Flohic, Charenton-le-Pont, 1994.
DUMOLIN M., OUTARDEL G., Les eglises de France. Paris et la Seine, Paris, 1936.
Inventaire general des œuvres d'art decorant les edifices du departement de la Seine, dresse par le Service des Beaux-Arts., T. 1, arrondissement de Saint-Denis, Paris, Chaix, 1879.
Ouvrages sur l'artiste:
BENEZIT J. P., Dictionnaire des peintres et artistes, 5e édition, 2008
DUNN M., «Giacinto Brandi and Ludovico Gimignani: some new documents for their work in S. Silvestro in Capite», in Antologia di belle arti, 1991
PAMPALONE A., «Per Giacinto Brandi», in Bollettino d'Arte, LVIII, 1973
3. Documentation numérique
Base Joconde
Base RETIF