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La femme est incitée à rejoindre son époux en Allemagne. Le contrat est résilié en cas de libération de l'époux ou de grossesse de la femme. Peu d'affiches sollicitent directement les femmes pour le travail en Allemagne. La Révolution nationale leur a réservé une place de mère et de femme au foyer, peu compatible avec l'exil. Aussi, les affiches les engageant à partir en Allemagne sont le plus souvent issues des services allemands.

Ce photomontage est composé d'une photographie de Churchill, l'air sombre, surveillant les côtes du nord-ouest de la France où se tient dessinée une femme enceinte vêtue d'un long manteau élimé, tenant par la main son jeune enfant. Le réalisme de la photo a pour effet de personnaliser le responsable du blocus, Churchill, véritable oiseau de proie au contraire du dessin qui généralise la victime « la mère française ». L'ambiance hivernale accentue cette impression. En effet, en janvier 1941, l'hiver est particulièrement rigoureux et amplifie les conséquences de la pénurie.

Créée par Alain Saint-Ogan, auteur de bandes dessinées pour enfants, cette affiche est destinée à être placardée dans les écoles pour la Fête des mères. L'injonction du Maréchal encadrant son nom en rouge établit un lien paternel direct avec les enfants, la mère devenant le maillon intermédiaire. Les surprises offertes traduisent la distinction conservatrice des sexes : cadeaux intellectuels des garçons, notes, médailles, objet fabriqué lié au père prisonnier ; cadeaux sentimentaux et ménagers des filles, fleurs, dessins, vaisselle. La Francisque cerclée de la fameuse devise de Vichy inscrit la fête dans le projet de Révolution nationale. Les affiches prennent place dans une vaste opération lancée par le secrétaire d'État à l'Éducation nationale et à la jeunesse : envoi d'une circulaire adressée aux membres du corps enseignant (70 000 exemplaires) où il est demandé de suggérer aux enfants un geste personnel pour fêter leur mère ; tirage d'une brochure à 150 000 exemplaires.

Chaque année, Philippe Grach est chargé de réaliser une affiche sur laquelle la mère est célébrée dans son seul rôle maternel. Ici, une femme gaie porte en triomphe un bébé nu grassouillet et souriant. L'enfant est représenté comme l'Enfant Jésus, sauveur du monde. La couleur orange participe à cette glorification de la maternité. À cette affiche d'une mère radieuse et triomphante, répondront des affichettes de la Résistance où les mères françaises, sur le même dessin, réclameront du lait, du pain et la liberté pour cette journée des mères.

L'affiche fait la promotion des mesures en faveur de la famille mises en place par Pétain pour qui, dès la fin 1940, « le droit des familles l'emporte sur les droits de l'État et de l'individu ». Chaque mesure énoncée est illustrée par une vignette avec en bas les explications : réductions d'impôts, allocations familiales, abattements fiscaux, transmission du patrimoine... Ce principe simple et pédagogique fait partie d'une série d'affiches informatives qui s'adressent au jeune, au jeune paysan, au paysan père de famille...

Le premier message est extrait d'un discours de Pétain de l'automne 1940 qui utilise la métaphore du bâtiment pour asseoir la famille comme entité primaire de la patrie. Le second, de Jacques Chevalier, secrétaire d'État à la Famille et à la santé de février à août 1941, catholique conservateur, associe la mère au sacrifice. Apparaît aussi l'idée de transmission de valeurs fortes.

Le ministère du Ravitaillement, créé le 17 juillet 1940, annonce le 1er août un rationnement du pain, des pâtes alimentaires, du sucre, des produits laitiers, de l'huile et du savon. La délivrance des cartes d'alimentation commence le 23 septembre 1940. La population est divisée en catégories d'âges et d'activités, définies chacune par une lettre et une ration alimentaire correspondante. La ration officielle moyenne assure quotidiennement environ 1 200 calories. Elle constitue à Paris, en 1942 par référence à 1939, une diminution de la consommation de 87 % pour la viande et de 73 % pour les pommes de terre. Un intense « marché noir » compense les restrictions. La faim et la pénurie rendent ingénieux : on imagine des recettes de gâteaux sans sucre ni œufs, on fabrique des semelles en bois, des savonnettes avec des marrons d'Inde... Le topinambour et le rutabaga, rares légumes à ne pas subir les restrictions, deviennent les produits de remplacement de la pomme de terre, réquisitionnée par l'Allemagne. Les jardins ouvriers devenus jardins familiaux dépassent les trois millions en 1943 (contre un million en 1939). Le Secours national leur offre semences, outils, graines, plants…

Les besoins sont immenses. Pour soutenir l'action de proximité autant que pour la surveiller, le Secours national et l'Entraide d'hiver (sa structure parisienne) ouvrent des maisons ou des bureaux locaux. En 1943, le Secours national emploie plus de 1 000 personnes à son siège parisien et le nombre de bénévoles est de 42 962.

Le Maréchal Pétain en buste est sur fond bleu. Il porte, sur fond rouge, au niveau du cœur, une famille en désarroi, composée des trois générations. Les trois couleurs du drapeau sont présentes ; répondre à l'injonction du maréchal est un devoir patriotique. Les deux bandes noires qui barrent la photo du maréchal restent sans explication à ce jour.

Les appels à la générosité du Secours national débordent largement du cadre initial d'aide aux victimes civiles de la guerre et ont très rapidement pour objectif de permettre aux familles de survivre. Le produit des collectes, d'argent, de produits alimentaires, de vêtements, etc., organisées au cours des nombreuses campagnes est très important et représente près de 20 % du budget.

Cette affiche incite les Français au chômage ou considérant percevoir un trop bas salaire, à rejoindre l'Allemagne pour y exercer leur métier. Ils jouiront ainsi de nombreux avantages tels une meilleure paie, plus de liberté et de sécurité matérielle pour leur famille.

Pétain, en uniforme et portant le képi, est ici en gros plan ; son regard austère nous fixe. L'iconographie délivre un message clair : Pétain est le militaire exemplaire et victorieux de la Première Guerre. Il est le chef hors du commun qui protège les Français. La citation en légende de l'iconographie double et souligne le slogan. En bas, la signature manuscrite est celle de Pétain.