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Le message sur cette photographie est double. Au-delà de la victoire sur la misère, les bombardements anglais sont dénoncés et le V des doigts de l'enfant symbolise aussi une bataille de signe. Dès janvier 1941, à la radio de la BBC le symbole du V devient signe de lutte contre l'occupant en référence à la première lettre du mot Victoire. Ce signe est repris à travers l'Europe occupée et devient un signe anti-nazi. Les Allemands lancent une campagne de propagande réutilisant le symbole, autour du mot allemand Viktoria, afin de contrer le « V » des alliés, sans y réussir.

Le Secours national, en plus des subventions données aux œuvres privées, conduit lui-même quantité d'actions comme les vestiaires, constitués à partir de collectes de vieux vêtements dans les ouvroirs, ou les repas distribués dans ses cuisines d'entraide (470 millions de rations du 1er janvier 1941 jusqu'à la Libération).

L'inspiration de ce document vient directement des bureaux de Joseph Goebbels à Berlin. Un officier anglais ricane au-dessus d'un paysage de ruines où errent un soldat français blessé et une femme en pleurs avec un bébé et une petite fille. L'Anglais y est présenté comme un monstre triomphant, avide des larmes et du sang français.

Entre capitalisme et communisme, la Charte du travail du 4 octobre 1941 ouvre la voie du socialisme vichyste. Le régime a pour objectif de faire disparaître la lutte des classes dans la société française en imposant le principe de la corporation à toutes les branches d'activités et en favorisant l'entente entre les salariés et les patrons. La lutte des classes n'étant plus de mise, la grève tout comme le lock-out sont interdits et les syndicats dissouts. L'État autoritaire combat un libéralisme excessif et fixe les prix et les salaires. Dans les faits, la pénurie et la hausse des prix favorisent l'hostilité des ouvriers et compromettent le succès de cette réforme. La campagne qui lance la Charte est affichée dans les deux zones du 5 au 20 avril 1942.

Cette affiche a été imprimée peu après le 8 juin 1941, date de l'entrée des forces alliées en Syrie. Churchill est caricaturé en pieuvre enserrant l'Europe, l'Afrique et le Proche-Orient. Les tentacules sont coupées et sanguinolentes à l'emplacement des défaites anglaises en Afrique (Syrie, Dakar, Somalie, Lybie...) et en Europe (Norvège, Allemagne...). La pieuvre est un des animaux favoris des graphistes politiques, déjà utilisé au siècle précédent. Ce mollusque se prête, par sa forme, ses tentacules, à incarner le pouvoir ou l'agresseur.

En relayant le message du Maréchal, cet appel à la solidarité est dans le même temps une propagande insidieuse en sa faveur. Jusqu'à la Libération, pas une affiche, pas un film, pas un reportage radio consacré à l'action sur le Secours national ne sera réalisé et diffusé sans qu'y soit associée l'image de Pétain.

Caricature de Churchill souriant et fumant un cigare au-dessus d'un champ de bataille et d'un cimetière militaire. Numériquement, le thème anti-anglo-saxon dans la propagande 1940-1944 est de très loin le premier et ce, tous supports confondus.

Le 24 octobre 1940, Philippe Pétain rencontre Hitler dans la gare de Montoire-sur-le-Loir. Une poignée de main très médiatisée célèbre officiellement la « collaboration » entre la France vaincue et l'Allemagne triomphante. Quelques jours plus tard, comme à son habitude, le Maréchal s'en explique à la radio.

Le texte de l'affiche est un extrait du message du Maréchal Pétain aux ouvriers, techniciens, patrons français déclamé à Saint-Étienne le 1er mars 1941. Ce discours, qui récuse la lutte des classes et encourage la défense du bien commun et la création de comités sociaux, est couronné par la Francisque au cœur de l'hexagone.