Pantin, le 14 avril 2020
Jean-Baptiste Lenglet entre dans les collections municipales en 2018, lorsqu'il offre à la ville la sérigraphie History of Trance 5. Entre 2018 et 2019, il travaille – à la demande du pôle Mémoire et patrimoine – autour d’une commande d’œuvre d’art. Celle-ci, le FMAC-P Virtuel, est un musée virtuel qui dévoile, pour la première fois, l’entièreté du Fonds municipal d’art contemporain de Pantin (FMAC-P) au grand public. Ce fonds d’art, jusqu’à présent uniquement visible dans les structures de la ville, est montré dans un écrin particulier : une architecture imaginaire virtuelle créée par l’artiste grâce à une application de jeux vidéo et à découvrir via un casque VR (réalité virtuelle). Parallèlement à cette commande, Jean-Baptiste Lenglet collabore avec le pôle Mémoire et patrimoine et les maisons de quartier au projet « Moi, commissaire d’expo », qui vise à partager l’expérience du FMAC-P Virtuel et à accompagner un groupe d’habitants dans la découverte du métier de commissaire d’exposition. Ce travail aboutit à une exposition créée par les participants, visible lors des Journées Européennes du Patrimoine 2019.
Rencontre avec un artiste touche-à-tout.
Pourquoi êtes-vous artiste ? Qu’est ce qui vous a conduit vers l’art et le métier d’artiste ?
J’ai un lien familial avec l’art : mon grand-père et ma mère étaient peintres et professeurs d’arts plastiques. Il y a de ça, mais aussi dans une certaine mesure tout le monde est artiste et la différence réside dans l’investissement. Certaines personnes s’investissent plus que d’autres et en font leur métier. Moi je suis devenu vraiment artiste quand je suis entré au Beaux-Arts de Paris. La légitimité d’être artiste je l’ai eue avec l’école. Après le bac j’ai fait une classe prépa, puis je me suis réorienté vers le cinéma et de là je suis passé aux Beaux-Arts. L'entrée aux Beaux-Arts a suscité un déclic, j’ai eu la sensation de me trouver et j’ai décidé d’être artiste.
Mais artiste est un mot valise et aujourd’hui la question est plutôt qu’est-ce qu’être artiste ? Cela veut tout autant dire faire de la peinture que de travailler sur des projets dématérialisés. Il s’agit d’investir la créativité et, surtout, réinventer le fait même d’être artiste.
Parlez-nous de votre pratique artistique.
Au départ je viens de l’art vidéo. De fil en aiguille je me suis tourné vers des expositions virtuelles (comme pour le FMAC-P Virtuel). Je travaille avec le médium du jeu vidéo, réinvesti de manière artistique en faisant des œuvres en réalité virtuelle.
Je continue de peindre. Je suis un artiste touche-à-tout, je fais de la musique et du son également, pour les bandes son de mes vidéos, mais pas uniquement. J’essaie de développer cela et, par moments, je réalise des pièces plus spécifiquement sonores.
Le choix du médium que j’utilise est fonction d’un projet ou d’une exposition : par exemple le projet du FMAC-P Virtuel m’a permis d’explorer plus concrètement le domaine de l’architecture. Ce qui est difficile, lorsque l’on a des pratiques diverses, est de ne pas s’éparpiller et d’arriver à développer chacune d’elles. Par exemple on ne s’improvise pas peintre, il faut de la technique, de l’assiduité et de l’envie. Ma pratique artistique est donc liée à des projets, qui l’appellent, mais aussi - bien sûr - à des désirs de faire.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je vais bientôt faire une exposition de peinture et de vidéo à la Galerie Édouard Escougnou, à Paris, d’ailleurs avec un artiste récemment installé à Pantin, Baptiste Caccia. Elle a été reportée à cause du confinement et verra le jour en juin ou en septembre. Son titre est « Eau-cactus ».
Je continue également mon travail sur le projet Virtual Dream Center*, qui prend une résonance toute particulière en cette période de confinement.
Enfin avec l’artiste Jessica Boubetra [dont deux œuvres sont aussi présentes dans les collections de la ville de Pantin, ndlr], nous sommes en train de créer un atelier de céramique. Il s’agira du premier lieu destiné à l’impression 3D en céramique à Paris, où des professionnels (architectes, designers…) pourront produire et imprimer des objets en céramique.
*Projet de centre d’art virtuel qui accueille des expositions exclusivement virtuelles spécialement conçues par des artistes de différents horizons via un moteur de jeu vidéo.
Avez-vous des artistes favoris ou qui sont sources d’inspiration pour vous ?
Dans les musées j’adore m’attarder devant les peintures, j’adore la peinture ! Récemment j’ai admiré les toiles de Fernand Léger et de Picasso lors de l’exposition Charlotte Perriand, à la Fondation Louis Vuitton.
Quel est votre lieu préféré de Pantin ?
J’ai habité trois ans à Pantin, avenue du Général-Leclerc, vers le cimetière. Il s’agit d’un lieu étrange, sur la nationale, et ce côté no man’s land m’a beaucoup plu. Je suis très content d’avoir habité cet endroit excentré. J’étais aux marges de Pantin et je voyais assez peu de personnes finalement de ce côté de la ville. J’allais courir le long du canal, qui est très beau aussi.
Ce que j’ai aimé de mon quartier c’était la poésie qui s’en dégageait, l’aspect presque désaffecté. Et aussi le cimetière ; c’était très beau à cette période, au printemps. Ce que j’appréciais c’était la jonction de plusieurs banlieues, avec Bobigny et Aubervilliers… Ce qui m’a plu pendant ma période pantinoise c’est plus la périphérie de Pantin que le centre.
Votre astuce pour cette quarantaine ?
Faire du yoga ! Cela permet au dos et à la tête de se maintenir en équilibre.
Pour aller plus loin :