Figures locales

ANDRÉ BRETON (1896-1966)

Le chef de file du mouvement surréaliste, une enfance à Pantin

André Breton, né en 1896 en Normandie, a quatre ans lorsque ses parents s’installent à Pantin. Son père est comptable à la Cristallerie de Pantin, rue de Paris, puis à celle des Quatre-Chemins, l'usine Legras. Le jeune André entre alors à l'école maternelle Sainte-Élisabeth rue Thiers, puis fréquente de 1902 à 1907 l'école primaire Sadi Carnot. En 1914, après avoir publié ses premiers poèmes dans une revue littéraire, il noue des relations suivies avec Paul Valéry puis avec l’écrivain Jacques Vaché. Il décide alors d’arrêter ses études de médecine et de se consacrer à une carrière littéraire.

Influencé par Mallarmé, il fait paraître son premier recueil de poèmes en 1919 puis fonde la revue Littérature avec Soupault et Aragon. Ensemble, ils se livrent à des expériences (notamment sur le sommeil hypnotique, les jeux, les rêves éveillés…), qui aboutiront à la rédaction du Manifeste du surréalisme en 1924. Il continue d’écrire poèmes et romans (Nadja en 1924) tout en poursuivant son exploration du domaine de l’inconscient avec ses récits comme Les vases communicants ou encore l’Amour fou.

Chef de file du surréalisme, il se consacre à ce mouvement jusqu’à sa mort en 1966, notamment en travaillant avec Marcel Duchamp, et en dirigeant plusieurs revues.

 

 

HÉLÈNE BRION (1882-1962)

Née le 27 janvier 1882, Hélène Brion est une institutrice qui s'engage très tôt dans des organisations syndicales, socialistes et surtout féministes. En 1911, elle est nommée à Pantin à l’école maternelle de la rue Candale. Dévouée envers les personnes les plus touchées par la guerre, elle organise notamment les soupes populaires. Dès 1915, elle se prononce en faveur de la paix. Suspendue de son poste et arrêtée en 1917 pour ses prises de position, elle comparait un an après, du 25 au 31 mars 1918, devant le Conseil de Guerre où elle fait une déclaration remarquée, en mettant en avant ses idées féministes : « Je comparais ici comme inculpée de délit politique : or je suis dépouillée de tous droits politiques ». Condamnée à trois ans de prison avec sursis, elle est révoquée de l'enseignement. Elle s'engage alors dans des projets sociaux, comme l'université populaire de Pantin. Déléguée du comité pour l'adhésion à la IIIe internationale, elle effectue en 1920 un séjour à Moscou. Hélène Brion meurt en 1962 en laissant son Encyclopédie féministe inachevée, une œuvre ambitieuse où elle voulait regrouper des histoires de femmes qu'elle jugeait exemplaires.

 

 

MARIE-LOUISE CORNET (1905-1944)

Cette résistante pantinoise s’est activement engagée dans les Forces Françaises de l’Intérieur du département de la Seine.

Marie-Louise Eugénie Fillioux, née à Aubervilliers en 1905, est monitrice sténo-dactylo. À l’âge de 21 ans elle épouse Eugène Cornet, un instituteur pantinois. C’est avec lui qu’elle s’engage dans les forces françaises de l’intérieur (F.F.I.) en 1944, un réseau de résistants qui rayonnait notamment sur le Raincy, Gangny et Villemomble, et qui compte quelques 700 membres.

Au lendemain de la libération de Paris et de sa proche banlieue le 25 août 1944, Marie-Louise Cornet se dirige vers Oissery (Seine-et-Marne) avec le groupe «Dumont-Hidelvert » pour des opérations convergentes avec plusieurs sections du FFI. Allemands et résistants s’affrontent et Marie-Louise Cornet, avec deux autres infirmières, prête secours aux blessés des deux camps dans une râperie (atelier de râpage des betteraves pour la fabrication du sucre) d’Oissery-Forfry. Une importante formation nazie attaque la râperie et fait prisonnier le groupe de résistants sur place. Le commandant allemand décide de la brûler avec ses occupants à l’intérieur, dont Eugène Cornet. Marie Louise s’oppose avec courage et obstination aux nazis, mais elle est victime de l’incendie avec 25 autres prisonniers qui seront tous brûlé vifs.

 

 

RAYMONDE COUTHIER (1902-1989)

Présidente de l’Union des femmes françaises pantinoise et première femme à siéger au conseil municipal de Pantin

Née en 1902 à Pantin dans une famille de sept enfants, Raymonde François est la fille d’un allumettier et d’une femme au foyer. Ouvrière chez Bourjois, puis ouvrière d'État à la manufacture de fabrication d'allumettes, elle se marie en 1922 à Fernand Couthier, un militant communiste de Pantin.

Sous l’Occupation, les époux s’engagent dans des actions clandestines. Dès la libération de Pantin, fin août 1944, Raymonde Couthier est désignée membre du Comité local de Libération (CLL) aux côtés de son premier président, Charles Bertrand, représentant le mouvement Francs tireurs et partisans (FTP).

Lors des élections municipales d’avril 1945 où, pour la première fois, les femmes sont électrices et éligibles, Raymonde Couthier est élue sur la liste d’Union patriotique républicaine et antifasciste (UPRA), comme représentante de l’Union des femmes françaises (UFF). Elle obtient la fonction de Première maire adjointe de Paulin Cornet. Elle devient ainsi le premier militant communiste à accéder à ce seuil de responsabilité communale à Pantin, ainsi que l’une des rares femmes du département de la Seine à détenir cette délégation en 1945.

Raymonde Couthier est réélue conseillère municipale en octobre 1947 et pour la dernière fois en octobre 1949 lors d’élections partielles. Présidente de la section locale de l’UFF, elle milite pour les droits des femmes et se consacre à l’action municipale jusqu’en 1953.

Elle décède à Pantin en janvier 1989.

 

 

LUCIENNE GÉRAIN (1903-1971)

Première femme en France nommée au poste de secrétaire général d’une ville de près de 40 000 habitants, chevalier de la Légion d’honneur et officier des Palmes académiques

Née en 1903 à Pantin, Lucienne Gérain est la fille d'un scieur à la Mécanique et d'une employée de commerce. Le 26 décembre 1920, elle adresse une lettre de candidature au nouveau maire SFIO de Pantin, Charles Auray. Dès le lendemain, elle intègre les services municipaux au titre d’employée auxiliaire.

Ce recrutement rapide s'explique par la conjoncture des lendemains de la Grande Guerre, qui ont marqué un tournant dans l’histoire de l’activité professionnelle des femmes, avec l’arrivée des « dames sténodactylographes ». Conscientes de leur savoir-faire original convoité par les entreprises privées, ces pionnières gravissent peu à peu les échelons administratifs au sein des bureaux des mairies.

Titularisée au bout de trois ans, Lucienne Gérain est nommée commis titulaire en 1924 et accède six ans plus tard au poste convoité de chef du secrétariat. En juillet 1936, à 33 ans, elle atteint le sommet de la hiérarchie administrative en devenant secrétaire général, au grand désespoir de son concurrent, M. Bâlon, secrétaire général adjoint. Son traitement annuel fait alors un bond spectaculaire, passant de 6 730 F en 1921 (seules les femmes de service percevaient un salaire inférieur) à 42 000 F en 1936.

Son parcours révèle l'importance donnée à la méritocratie et à la formation professionnelle. En effet, issue de la première promotion de l'École des hautes études urbaines (rebaptisée École nationale d'administration municipale) fondée en 1922, elle obtient parallèlement sa capacité en droit.

Entre 1920 et 1966, durant 45 années de service, elle est le témoin privilégié d'alternances politiques. En août 1944, son attitude patriote est récompensée par la médaille commémorative de la Guerre 1939-1945.

Elle décède en 1971 à Villepinte.

 

 

MARIE-MADELEINE GUIMARD (1743-1816)

Née en 1743 à Paris, Marie-Madeleine Guimard commence sa carrière de danseuse en 1758 à la Comédie Française qui possède alors un corps de ballet.

Son ascension sociale date de son admission en 1761 à l'Opéra, Académie royale de musique. Intelligente, danseuse expressive, délicate et harmonieuse, elle vit grâce à la générosité de ses célèbres admirateurs qui furent parmi les plus riches et les plus influents de l'époque. Deux enfants naissent de deux liaisons différentes. Admise à danser pour le roi, il lui verse une pension de 1 500 livres. Malgré l'importance de ses rentes, elle ne quitte jamais l'Opéra.

Passionnée de musique, La Guimard possède un hôtel particulier à Pantin, village renommé pour la qualité de l’air et ses bois. La maison aux somptueuses décorations se trouve rue de Montreuil (aujourd’hui Charles-Auray, à la place de l’école Langevin). À cette époque, on va à Pantin comme on va à Versailles, applaudir les spectacles programmés dans le théâtre, « d’une extrême petitesse », que La Guimard fait construire dans sa maison. Les travaux de construction et de décoration du théâtre sont assurés par Charles de Rohan, prince de Soubise, richissime amant de La Guimard qui lui permet d’organiser des spectacles « où le tout-Paris aristocratique du temps, y compris les princes du sang, brigue l’honneur d’être admis ». Edmond de Goncourt, qui écrit une biographie de la danseuse en 1893, raconte qu’à plusieurs reprises l’on craint l’interdiction par les autorités des représentations de plus en plus licencieuses.

 

 

GABRIELLE JOSSERAND (1900-1942)

Gabrielle L'hotellier, née à Paris en 1900, est pantinoise comme ses parents, quand elle épouse le 11 février 1922 Georges Josserand, surveillant d'octroi. Dans les années trente, elle est employée à l'usine d'enveloppes et d'encres Gaut-Blancan. Suite à une lettre de dénonciation, Georges est suspecté d'activité communiste et arrêté le 24 septembre 1942. Son épouse et lui sont internés au camp de Pithiviers.

Gabrielle est ensuite transférée au camp d'internement de la Lande des Monts en Indre-et-Loire, réservé depuis le 2 octobre 1942 aux femmes, en grande majorité "politiques" : communistes, femmes de militants ou résistantes. En effet, en septembre, le camp a été vidé de ses derniers occupants juifs, déportés vers les camps d'extermination.

Très rapidement, face aux effroyables conditions de détention et de ravitaillement, les femmes s'organisent solidairement dans leurs revendications. Le décès de Gabrielle le 15 novembre 1942 est rapporté dans le témoignage d'une de ses compagnes : " Vous constatez l'amélioration notable de notre régime depuis une semaine. Elle s'explique par différentes causes : [...] nos manifestations massives et malheureusement la mort d'une de nos compagnes, Gabrielle Josserand, dimanche". Les traces ténues de l'histoire de Gabrielle sont retrouvées, comme souvent pour les femmes, par la biographie du mari, élu conseiller municipal communiste de 1945 à 1953. On peut penser que c'est pour lui qu'une rue a été attribuée à Gabrielle sans qu'on en trouve trace dans les délibérations.

 

 

JULIEN MAMET (1877-1932)

Un as de l'aviation à Pantin

Julien Mamet naît à Bourges le 24 décembre 1877. Sa formation et son expérience dans la mécanique lui permettent d'être embauché en 1903 chez Louis Blériot et de mettre au point le Blériot XI qui traverse la Manche en juillet 1909. Il participe alors en tant que pilote, à des meetings dans toute l'Europe où il emporte de nombreux prix et records. Le 13 novembre 1909, il épouse Pauline Blanckaert dont il a deux filles et s'établit rue Charles-Nodier à Pantin.

À Pau, il installe l'école d'aviation Blériot où il obtient le brevet de pilote n° 18, le 6 janvier 1910. Il enchaîne rapidement les exploits et enthousiasme les foules ; premiers vols en avion à moteur en Espagne et au Portugal, records du monde de vitesse dont un avec deux passagers au meeting de Reims, prix dans la Baie de la Seine et en Angleterre. Metteur au point chez Esnault-Pelterie, il imagine le manche à balai appelé la cloche. Mobilisé en août 1914, Mamet est chargé du choix des emplacements des écoles d'aviation. Après la guerre, il ouvre un bar à Paris « le looping », mais surtout il continue d'inventer et de déposer des brevets dont celui du cric en losange pour les voitures.

Décédé le 1er avril 1932, il est inhumé au cimetière communal de Pantin.

 

 

ÉTIENNE-NICOLAS MÉHUL (1763-1817)

Un compositeur de musique, horticulteur à Pantin

Né en 1763 dans les Ardennes, Étienne-Nicolas Méhul prend des leçons de musique dès son plus jeune âge. Il étudie à Paris auprès de musiciens réputés et publie ses premiers recueils de sonates. En 1790, il crée son premier opéra-comique, Euphrosine ou Le tyran corrigé, qui connaît un grand succès. D'emblée il est placé, selon Arnault, « entre le Molière et le Corneille de la musique, entre Gluck et Grétry ». Il consolide sa réputation avec des œuvres comme Stratonice ou bien Mélidore et Phrosine. Aussitôt suivi par Chérubini, Lesueur et Berton, il apparaît comme le chef de file de la nouvelle génération de compositeurs d'ouvrages lyriques.

Pendant la Révolution, il compose de nombreux chants, le plus célèbre étant le Chant du départ (1794) sur un poème de Chénier, perçu comme une seconde Marseillaise. Sa gloire est telle qu'il est choisi en 1795 pour être l'un des cinq inspecteurs du Conservatoire national de musique nouvellement créé. En 1804, il est le premier musicien à recevoir la Légion d’honneur.

Après un mariage désastreux et la désaffection du public pour ses opéras, Méhul se retire en 1810 à Pantin, dans une propriété partant de la place de l'église et s'allongeant à l'ouest jusqu'à un sentier qui deviendra la rue Jules-Auffret. C’est dans cette maison de campagne qu’il peut désormais se reposer car il est tuberculeux. Il se consacre à sa passion : la culture des fleurs car toutes l'intéressent même si Méhul est surtout « fou tulipier ». Il décède le 18 octobre 1817.

 

 

FRANÇOISE DE MAILLY, VICOMTESSE DE POLIGNAC (1695-1767)

Une grande dame à Pantin

Françoise de Mailly naît le 22 novembre 1695. Elle est la fille du comte de Mailly-Rubempré, maître de camp des armées du Roi et d'Anne-Marie-Françoise de Saint-Hermine dame d'atours de la duchesse de Bourgogne. Le 9 juillet 1709, son mariage avec le vicomte de Polignac suscite la curiosité. Il doit être célébré à Versailles en présence du roi Louis XIV et la différence d'âge de plus de 35 ans, étonne. La mariée ne vit pas avec son mari mais à Versailles avec sa mère. Malgré la surveillance sévère de Madame de Maintenon, elle mène joyeuse vie en compagnie des dames de l'entourage de la dauphine, ce qui lui vaut son exil dans les terres de son mari au début de 1715. Lorsqu'elle revient, le roi est mort depuis septembre et le duc d'Orléans assure la régence. Sa conduite alimente alors la chronique galante. Ce qui la distingue des autres libertines est l'absence de considération de classe sociale dans le choix de ses amants. En raison de son inconduite, sa famille la fait enfermer en 1732. Quelque peu assagie, elle se préoccupe de l'avenir de ses fils et se retire à Pantin, où elle acquiert en 1739 une propriété avec une grande maison derrière l'église.

 

 

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