Tout se passe bien à l'école ; j'aime enseigner et les instituteurs sont très attentionnés envers moi. J'apprécie particulièrement Hélène Brion, qui m'a proposé cet emploi. Cette femme est admirable ! Moi qui rêve de quitter la France et qui ne l'ai jamais fait, je lui envie ses voyages. À vingt-deux ans elle a passé une année en Allemagne, grâce à une bourse d'études du conseil municipal de Paris, ce qui lui a permis d'obtenir le certificat d'études en langue allemande de la Société pour la propagande des langues vivantes en France. Trois ans plus tard, en novembre 1907, grâce à sa connaissance de l'allemand, elle obtient un contrat pour une traduction et suit sa commanditaire jusqu'à Saint-Pétersbourg. Elle y séjourne jusqu'au mois d'avril de l'année suivante pour étudier le fonctionnement des écoles de la ville suite à une recommandation de l'ambassade de France. Enfin, des collègues m'ont confié qu'elle s'est également rendue en Angleterre, pour manifester avec les suffragettes pour le droit de vote des femmes1. Quelle audace et quelle énergie !
1 André Caroff, Hélène Brion, l'insoumise.