Journée froide et sèche
Alors que je sortais de chez Dapoigny rue de Paris où Papa m'avait envoyée pour son tabac, j'ai assisté à une amusante scène de rue qui aurait pu d'ailleurs être dramatique.
J'ai croisé monsieur Quéhan traînant une voiture à bras chargée de sacs de coke. Après l'avoir salué tandis que je scrutais la vitrine de Doresse, pour apercevoir malgré le manque d'éclairage une adorable petite montre de femme dans la vitrine, j'ai entendu du bruit et un cri. Je me suis retournée et j'ai vu la voiture à bras complètement retournée. Monsieur Quéhan était suspendu par les bretelles, ses pieds ne touchant pas terre ! Il m'a été très difficile de garder un semblant de sérieux. Un homme à côté de moi avait tout vu. Anatole Quehan tenait sa droite quand sa voiture fut accrochée par une automobile qui roulait dans le même sens que lui. Elle était conduite par un militaire qui ne s'est pas arrêté. La nuit tombait et les lanternes de l'automobile n'étaient pas encore allumées. Le conducteur ne s'est peut-être aperçu de rien. Je me suis hâtée de rentrer à la maison pour conter toute l'histoire à Camille dans ma lettre commencée ce matin.